Les meilleures assurances sur la tenue effective du scrutin de dimanche prochain proviennent désormais de la Commission électorale nationale autonome (Cena) dont le secrétaire, chargé de la Communication et des Ressources humaines, Pascal Gandaho parle rassure ici sur le niveau très avancé des préparatifs et la qualité des mesures envisagées contre les tentatives de fraude. Lire l’interview qu’il nous a accordée hier jeudi dans son bureau à Cotonou.
Pascal Gandaho : Les élections auront effectivement lieu dimanche prochain. Nous continuons de dérouler notre feuille de route. Dans la journée du mercredi, nous avions procédé à la formation des formateurs ; c’est-à-dire ceux qui sont chargés de former les agents des bureaux de vote. Aujourd’hui, ces formateurs nationaux vont se déployer dans tout le Bénin. Ils iront dans chaque commune et demain ils rencontreront les agents de bureau de vote qui ont été désignés sur la base des propositions des candidats. Nous continuons à rassembler également le matériel lourd et sensible qui sera déployé dans les bureaux de vote pour le scrutin du 20 avril. Aussi nous faisons de la communication pour que le scrutin soit pacifique et pour que la campagne qui va bientôt s’achever continue d’être aussi pacifique que possible. Et, nous donnons les arguments aux observateurs qui vont avec leur regard nous aider à juger et faire juger la crédibilité du scrutin. Voilà ce que nous faisons actuellement. Cela signifie que nous sommes pratiquement dans la dernière ligne droite.
Quelle est la situation actuelle de l’encre indélébile et des listes électorales sur lesquels les représentants d’une liste de candidature avaient demandé une expertise extérieure à la Cena?
Disons d’abord que nous sommes preneur de tout ce que les forces politiques peuvent solliciter pour accroître la transparence du scrutin. Notre pari à la Cena 2008 est de bannir tout ce qui entacherait l’irrégularité de ces élections. Nous misons beaucoup plus sur les garanties supplémentaires de transparence. Nous aussi, nous demandons aux différents partis de jouer leur partition. J’insiste là-dessus parce qu’à la Cena, il n’y a pas de candidat. La loi ne l’autorise d’ailleurs pas. Les candidats sont dans les partis politiques. Et s’il y a faute, s’il y a tricherie, on peut se demander les bénéficiaires. Mais à vrai dire, cela ne peut que profiter aux candidats et aux partis politiques. La loi leur donne la responsabilité, la capacité de lutter contre la fraude et de se surveiller mutuellement. La loi leur fait prescription d’éduquer leurs militants. Donc, c’est ensemble que nous devons rechercher les voies de la transparence, de la lutte contre la fraude et la tricherie. Cela étant, en ce qui concerne l’encre indélébile, il faut souligner qu’avec le ministère chargé des finances, il a été convenu que cet encre soit commandé par l’intermédiaire du Consulat de l’Inde au Bénin. C’est ce qui a été fait et l’encre est déjà livré. Je pense que s’il y a des procédures pour s’assurer de son caractère indélébile, ces procédures seront mises en œuvre. C’est une encre qui n’a pas été commandée par nos soins, ni fourni par des béninois. C’est le Consulat de l’Inde au Bénin qui a été choisi en plein accord avec le gouvernement pour servir d’intermédiaire à son acquisition. En ce qui concerne les listes électorales, elles ont été affichées dans les bureaux de vote conformément à la loi et il devrait y avoir une procédure d’apurement telle que fixée par la loi. Cette procédure autorise quiconque à faire des réclamations en inscription ou en radiation dans un délai donné. Je ne sais pas exactement comment cela a pu se réaliser. S’il y a eu des réclamations, cela devrait être en direction de la Cour suprême. Et, si la procédure
prospérait, le nombre d’inscrits qui est de 3.968.447 électeurs pourrait changer. La Cena n’a aucun intérêt à ne pas promouvoir la transparence et elle est déterminée à empêcher tout ce qui serait contraire à la transparence. Nous tendons également la main à tous les partenaires, aux observateurs, aux partis politiques, à la presse et à tous les citoyens pour qu’ils nous aident à lutter contre l’opacité lors du scrutin.
La Cena dispose t-elle aujourd’hui de moyens financiers suffisants pour faire face aux exigences du scrutin ?
Bien sûr parce que nous avançons et nous disons que le scrutin aura lieu le 20 avril. Nous ne pourrons pas l’affirmer si nous n’avons pas les moyens adéquats. Mais il faut être clair. Quand vous avez une mission de trois mois, vous devez espérer disposer du maximum de ressources. Mais le gouvernement qui a, à charge la gestion de la richesse nationale peut entrer en discussion avec vous. Et ces discussions peuvent prendre des allures dramatiques à certains moments. Mais tout le monde a intérêt aujourd’hui à ce que le scrutin se tienne. Chaque jour, nous discutons avec le gouvernement sur des aspects qui ne figurent pas nécessairement dans le budget tel qu’il a été adopté, et nous trouvons des solutions. S’il y a des difficultés particulières en cours de chemin, nous aviserons.
Quel est le mécanisme prévu pour le transport des matériels électoraux sensibles ?
Le transport du matériel se fera par l’armée pour rester dans la logique de ce qui a été fait l’année dernière. La Cena 2008 s’est défendu de se battre sur les acquis. Donc, le problème du transport du matériel est résolu. Il se trouve que l’armée en général dépose le matériel à des endroits donnés et que le redéploiement vers les arrondissements et vers les bureaux de vote pose problème. Le gouvernement a décidé d’aider à résoudre ce problème en apportant les moyens en carburant aux démembrements de la Cena sur le terrain.
Comment se fera de manière pratique le vote de dimanche prochain puisqu’il s’agit de deux élections couplées ?
On va élire les conseillers des communes et ceux des villages ou des quartiers de ville. Nous allons faire deux élections à la fois. Il s’agit donc de deux élections distinctes et l’électeur devra les faire de manière distincte. L’électeur va d’abord choisir son conseiller de commune, choisi le bulletin et le mettre dans l’urne prévue à cet effet. Et il revient choisir à la table le bulletin des conseillers de village ou de quartier de ville, opère son choix dans l’isoloir et dépose son bulletin dans l’urne spécifique ; ceci pour faciliter le dépouillement.
Au bout de quel délai, la Cena proclamera t-elle les premières grandes tendances et les résultats du scrutin ?
C’est des élections locales. La loi a prévu des dispositions pour permettre aux candidats de faire eux même leur décompte. L’article 101 de la loi 2007-25 a prescrit une feuille de relevé des résultats pour chaque représentant de candidat dans les bureaux de vote. Cette feuille sera authentifiée et portera la signature du président du bureau de vote, d’un accesseur puis le cachet de la Cena et où vont être consignés tous les résultats. La collecte de ces feuilles permettra de disposer des résultats sur le territoire national. Maintenant en ce qui concerne la Cena, nous allons donner les résultats dans les meilleurs délais. Les coordonnateurs rentreront en début de semaine prochaine avec les données nécessaires.
Combien de bureaux de vote avez-vous prévus pour le scrutin ?
L’année dernière, on avait quinze mille trois cent huit (15.308) bureaux de vote pour environ 3.800.000 électeurs. Pour ces élections, nous avions eu 3.968.447 inscrits. Nous ne serons donc pas très loin du chiffre de l’année écoulée. Ces chiffres seront disponibles en fin de soirée car nous travaillons en ce moment d’arrache pied pour cela.
Votre mot de fin
Les élections ne sont pas la guerre. Faisons-en des moments de fête et des moments privilégiés pour le citoyen de s’informer et de choisir ses représentants afin que le meilleur gagne dans l’intérêt de tous. Si nous faisons comme cela, notre pays en sortira grandi.
Interview réalisée par Le Meilleur et La Nouvelle Tribune