Reine Oussou, candidate dans le 7e arrondissement

« Notre inscription sur la liste Prd vient de quatre paramètres»
Candidate sur la liste Prd(Parti du renouveau démocratique) dans le 7e arrondissement de Cotonou, l’écrivain Reine Oussou, se révèle l’une de ces femmes battantes et intellectuelles  qui acceptent de s’engager dans la politique. On le sait, la vie politique dans toute société,  n’a pas bonne presse car on la dit tremplin de toutes les malversations et prostitutions, et la définit : «  l’art d’obtenir de l’argent des riches et des suffrages des pauvres sous prétexte de les protéger les uns les autres. ».

Reine Oussou, pense et justifie que tous les semeurs politiques n’ont pas ‘’les mains sales’’ et qu’il est bien possible de la cultiver comme science de justice, mieux, du bien-être de la multitude. Couturière styliste-modeliste, photojournaliste, décoratrice-restauratrice et professeur certifié de Lettres Modernes françaises, la dramaturge lauréate du Prix du Président Reine Oussou, passe à l’arène politique par son adhésion à la liste Prd et précise à nos lecteurs sa vision de la gouvernance, de l’éducation et de la culture pour le développement de la nation.

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Réalisée par Alain C. Assogba

 La Nouvelle Tribune : Madame Reine Oussou, vous avez reçu le 27 décembre 2007 des mains du Président Boni Yayi Le Prix du Président pour votre œuvre Ah ! Jerôme la Racine! Qu’est-ce qui vous a amenée à vous inscrire sur la liste d’opposition Prd aux élections municipales 2008?

Madame Reine Oussou : Je voudrais d’abord vous témoigner de ma reconnaissance pour m’avoir accordé cet espace de votre journal. L’analyse de votre approche renvoie le naïf  lecteur à une question d’ingratitude. Non ! Ce n’est nullement le cas !l’on ne doit confondre le mérite intellectuel avec la politique politicienne. En effet, nous avons reçu Le Prix du Président pour la qualité de notre pièce de théâtre et non parce que le Président avait une vision de nous coopter dans l’un des mouvements de la mouvance. En cela, le jury aurait donné, au terme de sa délibération, le nom d’un membre affiché de l’opposition que le président lui remettrait le Prix sans rancœur car il connaît la valeur de la culture et il prône l’excellence. Il n’accepterait donc pour rien au monde que l’on attribue ce Prix plutôt à une œuvre médiocre à cause des dissensions politiques ; en tout cas, nous en sommes convaincue!
           Notre inscription sur la liste Prd vient de quatre paramètres :
•    Nous sommes native de Porto-Novo plus précisément du Palais royal de Gbècon où il y a le trône de notre ancêtre Toffa
•    Nous avons été encouragée par le Président Adrien Houngbédji quand nous avons eu en 2005, le Prix du Concours Lu Pour Vous
•    Nous avons été et sommes toujours sidérée par la prudence, la logique, la sincérité, la sérénité, la maîtrise et l’intégrité de ce grand homme politique mal compris des Béninois à cause de l’idéal qu’il recherche.
•    Nous ne doutons  pas d’un fait : qu’on le veuille ou non, chacun choisit sa  part de politique : soit on y adhère et on s’en préoccupe sincèrement, soit on se réfugie derrière le manteau apolitique et la politique vous fait sans détour.  Nous avons choisi de défendre des idéaux au lieu de laisser la politique politicienne les fendre ! 
          En tout cas, l’intellectuel devrait pouvoir se mettre aussi au service de sa nation par le biais de la politique. Un de nos adages stipule que « On en connaît véritablement la longueur de la grenouille qu’après sa mort et qu’il faut s’approcher de la poule pour se rendre compte qu’elle a aussi des oreilles ! ». Ce n’est donc point un crime, que les uns et les autres se rassurent, l’engagement politique et objectif d’un écrivain. Qui peut bien être Bakayoko dans cette œuvre Les bouts de bois de Dieu si ce n’est Ousmane Sembène lui-même ? D’ailleurs ce discours à la page 270 du roman le prouve :
            « Sommes-nous oui ou non responsable de ce que nous avons entrepris ? Nous avons pu commettre des erreurs et sans doute en ferons-nous encore, mais, est-ce une raison… Résumons-nous. Nous sommes sur la voie et devant nous, nous croyons voir un obstacle qui nous fait peur. Allons-nous arrêter et dire aux voyageurs : ‘’Je ne peux plus avancer, j’ai peur de quelque chose là-bas ? ‘’ Non, nous avons la responsabilité du convoi, nous devons foncer…Voilà ce que j’avais à dire et je l’ai dit en français pour qu’il comprenne bien que je pense que nous aurions dû parler en oulofou qui est notre langue. »
               Cette détermination, on l’a observée chez Senghor, qui, étant homme de Lettres et écrivain, a brigué des fauteuils jusqu’aux présidentielles ! Nous devons nous départir de ces préjugés selon lesquels le vrai écrivain est apolitique. Il faut pour écrire, avoir quelque chose de pertinent à dire et l’on ne peut parvenir à ce stade qu’au terme de certaines expériences vécues ou dont on est témoin.
                 C’est en cela que nous faisons nôtre cette thèse de Roger Caillois :
«  Toute littérature participe d’une civilisation. Aussi, aucun livre ne sort directement des battements d’un cœur. Une  littérature existe dans une société donnée, elle en reçoit l’empreinte et en retour lui imprime une direction. » 
 
       Après ce Prix, les gens nous ont proposé de changer de camp pour dénouer la situation désastreuse de notre époux. Nous avions partant, toutes les possibilités de nous associer facilement à la horde pour applaudir et soutenir de façon hypocrite, les actions du chef de l’Etat. Pourtant, nous avons rejeté l’offre parce que nous n’aimons pas la prostitution, pardon, la transhumance politique de bas étage, surtout que nous ne reprochons pas grand-chose à ce parti politique, ce jeune homme de 18ans donc à l’âge majeur.    

*Ainsi vous vous aventurez en politique sous le pavillon Arc-en-ciel. La politique, on y va pas seulement avec de bons sentiments, mais avec du fric ! La divinité Arc-en-ciel vous a-t-elle gratifiée des lingots d’or et d’argent? 

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Madame Reine Oussou : C’est bien dommage ce phénomène d’achat de conscience ! Quand on parle d’élection, chacun veut se tirer d’affaire et certains pensent qu’il faut profiter de cette occasion pour repenser leur vie. Notre opinion en est toute autre ! Le vrai politique n’a pas besoin de donner des lingots d’or ou d’argent pour être élu s’il avait au préalable préparé le terrain. Ce sont les actions menées sur le terrain qui devraient amener spontanément les populations à voter pour le candidat, même si parfois, celui-ci est appelé à aider les militants pour leurs déplacements et rafraîchissements. Malheureusement, ce que nous constatons sur le terrain, c’est qu’il y a plus de politiciens que de politiques. Ces hommes ont tellement miné le terrain que les populations, lasses de leurs propos qui sont pratiquement les mêmes en tout temps et en tout lieu, n’attendent que l’enveloppe de liasses à la fin des discours.
           Vous comprenez donc que sans être opérateur économique, nous avons une faible chance si la réussite est subordonnée aux grosses enveloppes éphémères, force de frappe de certains candidats sur le terrain.
            Toutefois, puisque les mêmes populations assistent à tous les meetings de tous les partis qui se présentent, nous sommes rassurée qu’il y aura dans ces lots, des gens avisés qui ne tiendront pas seulement compte de l’argent mais de l’idéal, de nos projets pour eux. Ainsi, comme Napoléon qui, au 19ème siècle, en dépit de sa petite taille a pu remporter la victoire sur les ennemis, nous sommes convaincue qu’un miracle peut encore se produire car c’est Dieu qui élit et non seulement les hommes. Pourquoi choisit-on pour une même cérémonie au moins deux qualités de tissu : un qui coûte assez cher et un autre qui coûte très moins cher?  L’essentiel, c’est que tous assistent et participent aux cérémonies.
            Ce que nous apportons ‘’bizarrement’’ sur le terrain, c’est notre culture, nos apports intellectuels et non l’argent.       

 * Les femmes politiques ou les femmes en politique sont des bêtes étranges ou d’étranges créatures dans l’arène plutôt masculin de violences qu’est la politique. Avez-vous déjà eu ce sentiment ? Avez-vous les reins solides et les coudées franches pour cette nouvelle aventure ?

Madame Reine Oussou : Rien ne peut nous émouvoir face à cette amère réalité des sociétés phallocratiques comme la nôtre. Il n’y a pas que la politique qui soit la chasse gardée des hommes ! En toute occasion, ils ont tendance à dominer. Nous ne nous sommes jamais considérée comme un être inférieur à l’homme quant aux combats intellectuels ou ceux d’idéaux. La preuve, depuis 10ans, nous jouons le rôle de la mère au foyer et assumons les responsabilités du père du fait que des Béninois ont décidé, pour des raisons que nous ignorons jusqu’aujourd’hui, et en dépit des interventions des autorités, du rapport du Médiateur de la République, de maintenir en suspens le salaire de notre époux pourtant Inspecteur Général de l’enseignement secondaire et nommé à l’académie des lettres d’Italie depuis 1994 sans compter les diverses distinctions qu’il a reçues à l’intérieur comme à l’extérieur.
           C’est vous dire, que nous sommes bien consciente de l’existence de cette jungle où sont d’usage courant les deux lois : celle de Talion et celle du plus fort. Nous voulons démythifier et démystifier notre société pour mieux foncer, car nous croyons que d’un jour à l’autre, la vérité percera les ténèbres du mensonge. Nous avons décidé d’oser !

 * Faire de la politique sous tous les soleils, c’est avoir des idées pertinentes, des moyens, mais aussi des projets séduisants et rassembleurs à court, à moyen et à long terme. Dites-nous, madame Oussou, quels sont les vôtres pour le 7ème arrondissement de Cotonou ?        

Madame Reine Oussou : Reconnaissez d’abord que la pyramide des âges est évasée à sa base, ce qui signifie que la population béninoise est majoritairement jeune. Or, aucun pays, jusqu’à preuve du contraire, ne peut amorcer son développement sans la jeunesse. Malheureusement, la nôtre est malade. Elle souffre atrocement de ce chômage qui devient un phénomène naturel et qui réduit les jeunes aux vices. Ils sont légion à reconnaître que, révoltés par leur situation de sans emploi alors contraints par les pesanteurs sociologiques, ils entrent dans des clubs de malfaiteurs pour nuire à ceux qui sont un peu moins inquiétés. Il urge dès lors que l’on pense à leur apprendre à pêcher, plutôt qu’à leur remettre des enveloppes dont ils auront tôt fait de gaspiller le contenu en un mois au plus, sinon en une semaine.
           Qu’avons-nous décidé pour la population du 7ème arrondissement au cas où nous serons élue sur la liste PRD pour la Mairie de Cotonou ? Voici les grandes lignes de nos projets.

1-    La construction des centres de formation professionnelle : photographie, la couture, la décoration, la restauration, hôtesse d’accueil, swirtz, menuiserie spécialisée, poterie, vannerie, etc.… (selon les zones, leur capacité d’accès et leurs besoins),  l’Internet et la saisie en informatique
2-    L’aménagement des espaces de loisirs
3-    La construction d’écoles plus proches des habitations pouvant permettre aux apprenants d’être moins fatigués avant les cours
4-    La construction de bibliothèques car les écoles et établissements du Bénin en sont pour la plupart dépourvus. Quant à Cotonou, hormis le Centre Culturel Français, et du Centre d’Etude et de Documentation CED au Sacré-cœur à Akpakpa, sauf erreur de notre part, il n’y a plus une seule bibliothèque et c’est bien triste !
5-    La mise en place de structures ou de clubs littéraires ou culturels pour permettre un épanouissement des jeunes du 7ème arrondissement
6-    La mise en place de groupuscules d’activités génératrices de fonds au niveau des femmes
7-    La revalorisation et la redynamisation des groupes musicaux et sportifs traditionnels
8-    L’encouragement à la réinsertion de la coopérative dans les écoles, lycées et collèges
9-    La construction des centres de santé par quartier
10-    La redynamisation de la police sanitaire pour l’assainissement et l’hygiène de la population car l’environnement doit être notre plat de vie : un corps sain dans un environnement sain.
 
*Parlez-vous de politique avec vos collègues, vos élèves et vos étudiants ?

Madame Reine Oussou : Bien sûr ! Il n’y a que cela qui vient défaire les uns et les autres des stress des études. Cependant, nous n’avons point l’habitude de mener des débats d’adeptes, c’est-à-dire de fanatiques qui préfèrent soutenir mordicus ce qui ne tient pas. Nous avons bien horreur de la fausseté et de ces attitudes de cadres et non d’intellectuels. Il nous faut pour longtemps, des intellectuels susceptibles de faire une critique judicieuse des situations et non des cadres avec leur esprit de critique murés dans des conceptions telles que : «  Si vous n’êtes pas d’avis avec moi, c’est que vous êtes mauvais et vous constituez ainsi un danger à éliminer ».Nous privilégions des discussions sans passion, puisqu’il faut des roses de diverses couleurs pour composer un bon et beau bouquet.       

*Vous avez probablement des modèles féminins et masculins en politique.

Madame Reine Oussou : Rien ne naît ex-nihilo. Il y a bien des politiques que nous admirons et dont les ardeurs nous plaisent. Qui peut être indifférent face à l’évocation des noms : Margaret, Johnson Sirleaf, Ségolène Royal, Marie-Elise Gbédo, Célestine Zannou, Adrien Houngbédji, Lionel Jospin, Abdou Diouf, Nelson Mandela, …?

*Et si l’on parlait quelque peu de votre liste dans les autres départements et arrondissements ?

Madame Reine Oussou : La charité bien ordonnée commence par soi-même. Nous nous réjouissons du fait que notre Candidat en tête de liste : Lawani Siaka, soit un homme intègre, humble et apprécié depuis 40 ans de ses clients pour avoir collaboré franchement et ceci par le biais de la photographie. Il a de ce fait photographié presque deux générations d’hommes et de femmes du 7ème arrondissement et aucun habitant, quel que soit le bord politique, ne s’est plaint de lui.
Pour notre part, nous sommes rassurée qu’avec Espérance photo Lawani, nous avons de l’espoir !     
        Remarque générale quant aux autres candidats de la liste : au Prd,  il y a plus de jeunes sur les listes que de vieux. C’est en quelque sorte la promotion de la relève de demain, dans la mesure où ces jeunes doivent dès à présent montrer leur force de frappe afin d’être redressés pour des combats futurs. Sur toutes nos listes, les jeunes choisis sont rompus à la tâche. Rien que des faiseurs de rois, des fonceurs, pas d’arrivistes effrénés ! Ils maîtrisent les situations, en sont conscients pour éviter le désordre; c’est ce qui explique l’inscription : « Oui au changement, non à l’improvisation » sur certaines de nos affichettes. 
      Au Prd, nous ne sommes pas daltoniens ; nous savons sereinement apprécier puis exalter la beauté et les couleurs de l’Arc-en-ciel !  

*Quel dernier message avez-vous pour nos lecteurs et éventuels sympathisants pour les municipales 2008.

Madame Reine Oussou : Que le peuple soit serein et évite la passion lors de ces élections. Les tensions montent certainement et souvent pour plusieurs raisons. Cependant, dans le calme, le peuple peut et sait réfléchir pour mieux choisir son représentant à la mairie. Nous n’avons aucune prétention au Prd d’arracher les rênes de la mairie à son occupant, toutefois, nous envisageons d’y siéger non seulement pour aider la mairie dans ses réalisations, mais surtout afin que se développe aussi le 7ème arrondissement.
          Nous voulons par conséquent, compter sur le peuple et plus sur Dieu afin que ceux qu’il faut pour l’épanouissement de ce pays soient véritablement choisis.    Vivent le courage et la détermination. Vive la jeunesse avisée. Vive le Bénin Prospère ! 

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