En décidant il y a peu, de rendre gratuite la césarienne dans les hôpitaux publics du Bénin, le gouvernement du Dr Boni Yayi s’en va résoudre, sans doute, un grand problème de santé publique au Bénin. Mais cette mesure salutaire pourrait créer de nouveaux problèmes, si elle n’est pas bien pensée, selon des professionnels de la santé.
« C’est un beau geste », s’exclame les uns. « Cette mesure est très humanitaire », se réjouissent les autres. La nouvelle a été annoncée il y a peu : le gouvernement du Dr Boni Yayi rendra gratuite dans un court délai la prestation de la césarienne dans les hôpitaux et autres établissements sanitaires relavant du secteur public. La césarienne est en effet, une technique chirurgicale pratiquée pour sortir un bébé du ventre de sa maman, lorsqu’un accouchement est impossible par les voies basses naturelles. Au Bénin, toute ne se passe pas toujours bien avec les femmes enceintes qui sont contraintes à passer cette douloureuse épreuve, une fois à terme. La peur de perdre, et la mère et l’enfant, ajoutée au coût exorbitant de la prestation arrachent le sommeil à beaucoup de familles.
Selon les explications des gynécologues, la césarienne est bien complexe, tant les cas présentés variant d’une pathologie à une autre. Ainsi, la mère peut présenter une pathologie locale mécanique comme un fibrome utérin ou un placenta mal placé ou encore une pathologie fonctionnelle avec par exemple un col qui ne s’ouvre pas bien : toutes choses qui ne permettent pas au bébé de naître par le chemin naturel. Elle peut également présenter une pathologie générale qui l’empêche d’accoucher normalement, soit parce qu’elle est trop fatiguée pour supporter un accouchement par voie basse, ou une pathologie cardiaque par exemple qui contre-indique un accouchement normal.
Pire, le bébé peut aussi être responsable d’une césarienne soit parce qu’il est dans une mauvaise position (en siège par exemple) ou trop gros pour les dimensions du bassin de la maman, soit il présente une souffrance fœtale (le sang n’arrive pas bien et le bébé est mal oxygéné) ; la naissance de jumeaux peut s’avérer périlleuse et une césarienne pourra être programmée.
En rendant gratuite cette opération que craint toute jeune femme à sa première grossesse, le souci du gouvernement béninois, est entre autres de réduire le taux de mortalité maternelle dans le pays. Selon les résultats de la troisième édition de l’enquête démographique et de santé, réalisée en décembre 2006 par l’Institut national pour la statistique et l’analyse économique (Insae), le taux de mortalité maternelle est estimée à 397 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes sur la période 1999-2006.. Il est également question de soutenir les familles béninoises qui y englobent beaucoup de fonds
Il est apparu que la césarienne a un coût direct élevé qui est de 126.128 FCFA en moyenne au bénin, montant qui n’est souvent pas à la portée des plus pauvres et est source de dérives dans certains hôpitaux et de désagréments pour les familles. D’où cet effort national de solidarité à l’endroit des populations les plus vulnérables de la part de l’exécutif béninois.
Reste que les modalités de mise en œuvre de cette mesure sociale ne sont encore précisées ; un délai de 4 mois environ est donné par le Chef de l’Etat au ministre de la santé pour ce faire indiqué.
Si les praticiens hospitaliers trouvent que l’idée est « excellente », Ils se préoccupent cependant des conditions de sa mise en application dans le contexte actuel du système sanitaire béninois toujours miné par toutes sortes de maux : vétusté du matériel, lourdeur administrative, insuffisance du personnel, manque de motivations, etc. Autant de problèmes qui, demeurant non résolus, pourraient porter entorse à une bonne application de cette mesure. Ils s’inquiètent surtout du fait qu’elle soit objet d’une précipitation inqualifiable, comme l’ a été la gratuité des frais de scolarité, qui « trop hâtive » a généré d’autres problèmes graves à l’école béninoise.
Christian Tchanou
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