Théâtre : «Le pain de ménage»

Discours d’amour… élan à l’infidélité
Rencontre fortuite, rencontre désirée, rencontre rêvée. Pierre (Joël Lokossou) et Marthe (Gaëlle Audard), tous deux engagés maritalement ailleurs, se retrouvent et s’attirent. L’homme, telle Maître Renard de la fable de La Fontaine, déploie son artillerie de charmeur. Le verbe coule, les mots tombent à flot. Il manipule son latin comme dans un récital poétique lyrique. Il ne perd pas le moindre moment pour montrer à la femme son désir, tout son désir de la posséder, de commettre l’adultère avec elle; après quoi, chacun va rejoindre son conjoint et continuer son chemin.

Mais, l’exercice n’est pas pour autant facile. Du moins Marthe ne se montre pas en fille facile, celle qui tombe au premier coup de «je t’aime». Elle use d’astuces et d’atouts pour résister au courtisan. Elle s’arme de malice pour lui dire de continuer parce qu’au-delà de tout, elle aime bien entendre ces mots, une aussi belle mélodie sans corde acoustique électrique. Tantôt elle donne l’impression d’accepter, tantôt elle fuit l’appât. Le spectacle devient alors du «je t’aime, moi non plus».
«Le pain de ménage» est essentiellement une satire sentimentale. Une leçon pour ceux qui passent le temps à courir les femmes mariées. Mais surtout un appel à la résistance de ces dernières lorsqu’elles se retrouvent dans des pièges pareils. Car, le monde aujourd’hui est pourri par ces genres de phénomène. La fidélité tend à devenir un mot vain. L’interdit n’a plus sa raison d’être. On crie «la mode !» Et cette mode pour la femme est le fait d’avoir un ou plusieurs amants et à l’homme d’avoir des bureaux.
Joël Lokossou du Bénin et Gaëlle Audard de la France ont su peindre ce tableau ténébreux vendredi dernier au théâtre de verdure du centre culturel français de Cotonou. Dans un décor de bungalow, chaises et fauteuils disposés tel un cafeteria ou un débit de boissons, ils ont dégusté le «pain de ménage» par des expressions imagées, de la rhétorique avec quelques rares bonds au langage familier. Ils vont et viennent, se déploient sur la scène comme les courtisans dans la littérature française au dix-septième (17ème) siècle. Puis ils arrêtent le spectacle tout d’un coup, sans donner l’impression d’être déjà arrivés à la descente du rideau.  Alors, l’histoire paraît mal achevée, sa chute rudimentaire.

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Fortuné Sossa

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