Bradage des céréales et semences béninoises au Niger et au Nigéria

Malanville et Karimama, deux principaux pôles
(Les autorités locales et gouvernementales impuissantes)

Une importante part des récoltes céréalières des producteurs agricoles béninois et même des semences est bradée sur des marchés noirs de pays voisins. Les autorités locales des régions championnes en cette activité et parfois le gouvernement assistent impuissantes.

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Un véhicule Peugeot 404 de type bâché transportant des sacs de maïs et de semences de coton arrive et stationne au bord du fleuve Niger à Karimama au même endroit que le poste de garde des éléments d’un détachement des Forces navales. Ce mardi 06 mai 2008 au moment où le véhicule arrivait à la berge du fleuve, une délégation du gouvernement béninois composée des ministres de l’Agriculture, Roger Dovonou et des Mines, Sacca Lafia visitait à l’instant les éléments des Forces navales en poste. Impuissants, les deux ministres, les éléments de l’armée et l’ensemble des cadres accompagnant les ministres assistent au débarquement des sacs de maïs et à leur embarquement sur des pirogues positionnées et en partance pour le Niger. A peine, les deux ministres ont pu instruire les militaires en poste d’empêcher l’embarquement des sacs de semences de coton dans les pirogues. Interrogé sur les raisons pour lesquelles les sacs de maïs devraient poursuivre tranquillement leur chemin, le ministre béninois des Mines, M. Lafia lance avec beaucoup de regret, « les accords sur la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cedeao ». Le journaliste auteur du questionnement avait donc tout compris avant même que le ministre ne poursuive en montrant que son collègue et lui ont dû se cacher derrière le caractère « semence» pour interdire l’embarquement des sacs de coton graine sans d’ailleurs un grand espoir d’être suivis dans leurs instructions par les militaires, constatent sur place des riverains qui ont dit avoir toujours assisté à ces scènes de débarquement-embarquement aussi bien de sacs de maïs que de sacs de coton graine à ce même point. La même activité a cours dans la commune de Malanville avec encore plus d’entrain et plus de spéculations céréalières. Ici et selon même les témoignages des coopérateurs des périmètres rizicoles, « le riz est parfois vendu en herbe ». Il arrive que « nous vendons aux nigériens et aux nigérians le padis jusqu’à dix huit (18.000) mille francs Cfa » nous a confié sans aucun gêne un responsable de la coopérative. Selon lui c’était la seule alternative parce que « même si nous récoltons et que nous protégeons les récoltes pour la consommation de nos compatriotes, nous n’avions pas ici à Malanville et nulle part au Bénin, une usine de décorticage de riz… » Mieux, a-t-on appris lors de nos échanges avec divers acteurs agricoles de la commune de Malanville, la vente des récoltes aux pays voisins rapportent plus en numéraire et parfois et en matériels. C’est le cas par exemple à Madécali, un village situé à environ trente kilomètres de Malanville et à moins de cinq kilomètres du village Lolo, la ligne frontalière avec le Nigéria où la majorité des motos « Efrakata», des motos pompes, moulins et groupes électrogènes ont été obtenues par les producteurs en échange de leurs récoltes de maïs, de riz ou de coton.

Ludovic D. Guédénon

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