Communiqué

Message du Synapromeb à l’occasion de la Journée
internationale de la liberté de la presse
3 mai 2008 : Brisons les chaînes !
Mesdemoiselles, mesdames et messieurs,
Chers consoeurs et confrères,
Chers amis professionnels des médias,

Demain, samedi 03 mai, nous célébrons comme ailleurs dans le monde, l’édition 2008 de la Journée internationale de la liberté de la presse.
En cette circonstance, il nous paraît fondamental, de prime abord, de saluer les   mémoires de nos amis et confrères qui sont passés de l’autre côté du rideau, entre la dernière célébration et la présente. Nous pensons évidemment à Ginette DAGBA, à Clément HOUENONTIN, à Nourou YETONGBE et à Jean-Marie ZEVOUNOU.
Il nous plaît également de saluer les mémoires de nos confrères d’ailleurs qui sont morts du fait de leur travail, de saluer le combat de ceux qui sont persécutés ou qui sont en détention dans les geôles où ils n’ont certainement pas leurs places.
Il nous plaît enfin de saluer tous ceux qui, chez nous, chaque jour et malgré ce que cela peut leur coûter dans les circonstances actuelles, s’emploient à faire triompher la liberté de presse.

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Chers amis,
Il n’est plus un secret pour personne que dans notre pays, au cours de l’année civile médiatique écoulée, la liberté de presse a été durement éprouvée, malmenée et même atteinte par les pouvoirs publics. Faut-il le rappeler, pendant cette période, des professionnels des médias ou des organes de presse privée ont été soit violentés, soit caporalisés par des contrats, ou intimidés par les menaces de pression fiscale (cas de « Le Béninois libéré », « La Presse du Jour » et de « Le Nokoué »), ou encore par la mise sous scellés de leurs installations. Sinon, bien souvent, ils ont été réduits à se gargariser des slogans et autres néologismes en vogue, et à en abreuver le peuple qui demande pourtant mieux.
Au niveau de la presse de service public, abusivement considérée par le pouvoir comme presse gouvernementale, les atteintes à la liberté de presse se sont caractérisées par l’interdiction de production imposée à certains journalistes via des affectations injustifiées ou carrément à leur débarquement de leurs postes de responsabilité. Il y a quelques jours seulement encore, de telles mesures ont été prises à l’encontre de certains confrères de l’antenne régionale de la Radio nationale à Parakou, la Rédactrice en chef et son adjoint notamment à qui on reproche un hypothétique parti pris, ce qui vient s’ajouter au cas du Secrétaire de Rédaction de La Nation relevé de ses fonctions le 21 janvier dernier pour les mêmes motifs liés à ses productions qui seraient contre le pouvoir en place.
Et comment ne pas ajouter à la liste, les menaces flagrantes du porte-parole du chef de l’Etat, envers les acteurs des médias, le 25 janvier 2008, menaces qui ont néanmoins conduit contre toute attente, suite à la levée de boucliers de toute la presse, à l’annonce par le gouvernement, des instructions données au ministre en charge de la Communication aux fins d’élaborer un projet de loi sur la dépénalisation. Lequel projet, depuis le 28 janvier qu’il est annoncé, est toujours attendu !
Tout cela a consacré le recul de notre pays sur le plan de la liberté de la presse mais aussi de la démocratie.
Or, quand on sait que vers la fin des années 80, en plein régime totalitariste, les Ismaël SOUMANOU et Denis HODONOU ont osé apporté la contradiction en ouvrant la voie au pluralisme médiatique, on a du mal à comprendre qu’à l’ère du pluralisme politique, la tendance soit au retour de l’unanimisme et de la pensée unique. Toutes choses qui n’annoncent pas des lendemains qui chantent pour notre presse.
Au regard de ces observations préoccupantes, le SYNAPROMEB en appelle au sens de responsabilité des dirigeants afin qu’ils comprennent et intègrent à leur logique que le pluralisme médiatique et la diversité des opinions, sont essentiels à la démocratie. Et que partant, la presse ne saurait être réduite sinon au silence, du moins à louanger continuellement et continûment.
Par ailleurs, le SYNAPROMEB engage la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication à être plus présente sur le terrain de la défense et de la protection de la liberté de presse comme le lui assigne la Constitution.
En outre, le SYNAPROMEB invite les professionnels des médias à oser briser les mors du musellement pour se consacrer, comme ils l’ont souvent fait par le passé, à leur devoir de vérité. La responsabilité sociale des médias étant autant sinon plus importante que celle des politiques.
Enfin, tout en craignant que les dirigeants actuels aillent plus loin encore dans les atteintes à la liberté de la presse, le SYNAPROMEB veut espérer que les professionnels des médias sauront mettre fin à cette tendance. Car, en définitive, notre responsabilité est aussi engagée.
Pour une presse béninoise libre, responsable, intègre et de qualité,
Pour la vitalité de la démocratie béninoise,
Osons briser les mors du musellement
 
Cotonou, le 1er mai 2008
Le SYNAPROMEB

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