Compte rendu de lecture

/food/iculture.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » /> «Introduction à une poétique du Fa» de Mahougnon Kakpo

Paru aux Editions des Diasporas et du Flamboyant au premier trimestre 2006, «Introduction à une poétique du Fa» est un essai littéraire que le professeur de lettres Mahougnon Kakpo. A travers l’ouvrage qui est de 176 pages, il fait une démonstration assez complète de la contribution du Fa à la communication.

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Un ensemble de signes graphiquement exprimés en «deux ensembles de traits parallèles et verticaux transcrits et lisibles de droite vers la gauche sur quatre colonnes». Pour le professeur Kakpo, le Fa est par excellence un véhicule de communication. Il met en face à face un émetteur et un récepteur. Les deux communiquent intimement à travers le canal des signes appelés «Du». Mais il ne s’agit pas ici de simple message. Tout est codé. C’est de la littérature orale pure. Pour preuve, l’auteur écrit en introduction: «Il s’agira de montrer que le Fa est une poésie totale et donc une parole littéraire qui est le résultat d’une consciente construction où se répondent en échos, et entre les différents niveaux linguistiques, des associations et des couplages.» Une «poésie des idées, une pensée», ajoute le préfacier Issiaka Lalèyè, professeur d’épidémiologie et de philosophie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal.
Loin d’une méthode de consultation ordinaire, l’essai démontre que la consultation par le Fa est un discours, un dialogue entre le consultant et l’être suprême par l’intermédiaire du «Du» dont l’interprétation ou le décodage se fait par le prêtre encore appelé «Bokonon». «Nous avons là un acte de communication qui s’inscrit parfaitement, mais en trois étapes différentes […]»
Dans la première étape, le consultant est l’émetteur, sa préoccupation est un référent tandis que le Fa est le récepteur et le Bokonon le canal physique. Ce dernier remet au consultant une ou deux graines de sézapine nommées «Adjikwin». C’est le code. Le consultant chuchote des paroles (le message) sur les graines de sorte que le prêtre ne l’entende afin de garantir la confidentialité de l’objet de la consultation.
Ce message, dans la deuxième étape, sera encodé. Alors, le Bokonon devient l’émetteur motivé par la préoccupation du consultant qui devient du coup le référent. Il émet le message sous forme d’interrogation adressée au Fa (le récepteur), par l’intermédiaire de la chaîne divinatoire nommée «Akplèkan» qui est ici le canal. Cette dernière produit aussitôt le Fa Du (le code).
La dernière étape est le décodage du message du Fa, du coup l’émetteur qui répond à la préoccupation (le référent) du consultant devenu récepteur. Ceci, par l’intermédiaire du Fa Du qui demeure le code, lequel sera interprété (donc le message) par le Bokonon qui donc est le canal.
A la lecture donc, l’essai du professeur Mahougnon Kakpo vient lever le voile sur le caractère complexe de la compréhension du fa. Mieux, ce travail permet de savoir qu’il s’agit d’une science de la vie qui peut être enseignée dans les écoles et universités pour permettre à chacun d’avoir une meilleure compréhension de soi et partant de là, mieux organiser sa vie pour une réussite meilleure.
Le professeur Mahougnon Kakpo, enseignant au Département des Lettres modernes à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de l’université d’Abomey-Calavi est auteur d’autres ouvrages. Notamment, «Entre mythes et modernités: aspects de la poésie négro-africaine d’expression française» paru aux éditions Septentrion en 1999.

Fortuné Sossa

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