LETTRE OUVERTE

Cotonou, le 13 Mai 2008

                                                           A
                                                           Madame le chef de la Délégation
                                                           de l’Union Européenne au Bénin

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Objet : Pour la préservation des
acquis dans le domaine Culturel

Madame,
Je voudrais d’entrée rendre hommage à l’ensemble du personnel de la délégation de l’Union Européenne au Bénin pour le travail colossal qu’il abat  depuis des années en vue d’accompagner les gouvernements successifs de mon pays dans la voie du développement et du mieux être de sa population. Je voudrais humblement vous féliciter tout particulièrement pour votre implication personnelle dans la mise en place de certains programmes dont le PSICD (Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées). Ce programme contribue depuis son démarrage, l’an dernier, à dynamiser le secteur Culturel béninois en initiant notamment une série de formations au profit des artistes et acteurs culturels d’une part et en finançant des projets culturels d’autre part. Il est inutile de souligner que ce programme continue de faire ses preuves et vous et moi savons que nombre d’obstacles ont pu être levés, des projets culturels menés à terme, des talents artistiques renforcés grâce au PSCID.
Vous comprendrez alors mon grand étonnement voire ma frayeur quant au contenu des termes de référence de la mission de formulation du 2è programme d’appui aux Organisations de la Société Civile (OSC). En effet, à la page 5, dernier paragraphe du document susmentionné, il est écrit ce qui suit :

2. JUSTIFICATION DE LA MISSION
Suivant les principes de la Déclaration de Paris et dans le souci d’assurer une plus grande efficacité dans la mise en œuvre des programmes et projets financés par le FED, le Gouvernement de la République du Bénin et la Commission européenne ont, en concertation avec les ANE, décidé de regrouper l’ensemble des appuis spécifiques aux OSC à travers un seul et unique programme dans le cadre du 10è FED.
Madame, je sais qu’il est vain d’essayer de revenir sur les principes de la déclaration de paris. Rassurez-vous, cela n’est pas dans mes intentions. Je souhaite cependant attirer votre attention sur les grands risques qui planent sur le secteur culturel du fait de regrouper l’ensemble des appuis spécifiques y compris l’appui au secteur culturel en un seul et unique programme et vous suggérer quelques mesures préventives en vue de préserver le secteur culturel des acquis considérables dont j’ai fait cas plus haut et que le commun des Béninois sait mettre à l’actif de l’Union Européenne.
Au nombre des risques que court le secteur culturel il y a :
1-l’absorption de la quasi-totalité des fonds disponibles par des OSC non professionnelles de la culture
2-une administration non compétente pour étudier, sélectionner et financer de véritables projets culturels
3-le saupoudrage du fait de l’affluence.
4-la dispersion des ressources et le manque de suivi des projets bénéficiaires. Bref !
 Le bilan du PSICD dont on constate les actions sur le terrain autorisait l’espoir de voir renouveler le même programme ou un programme similaire à l’instar de ce qui se fait au Sénégal où le PSAC (Programme de Soutien aux Actions Culturelles) est réinscrit à chaque FED depuis 1995 (7è, 8è, 9è, 10è FED). Je comprends mal pourquoi le Bénin prend le risque d’arrêter le sien alors même que les résultats obtenus sont extrêmement flatteurs. «D’Arrêter le sien» parce que le fondre dans cet ensemble hétéroclite et touffu des OSC c’est presque signer son arrêt de mort.
Madame, je crois savoir que ni l’Union Européenne, ni le gouvernement béninois ne souhaite voir s‘estomper une dynamique en marche dans un secteur aussi vital et aussi stratégique que celui de la culture. C’est fort de cela et vu que la mission de formulation n’est pas achevée, que je vous suggère humblement quelques mesures à prendre :
1-tout en maintenant le principe de Paris, dégager de l’enveloppe globale un fonds spécifique pour le secteur culturel.
2-confier l’administration de ce fonds à des experts culturels nationaux et internationaux qui ont une connaissance même modeste de l’environnement cultuel béninois. A charge pour ces experts de s’inspirer du mode de fonctionnement du PSICD et d’en capitaliser les acquis pour faire leur travail.
3-Alléger les conditions d’accès au financement de ce Fonds
4-Elaborer si possible un modèle de convention pour financer et suivre les projets structurants qui sont dans l’action de façon continue et dans le développement durable. (le cas des théâtres et structures culturelles conventionnés en France.)
Voilà chère Madame le chef de la délégation de l’Union Européenne au Bénin, l’essentiel de mes préoccupations, lesquelles, n’en doutez pas, sont partagées par la grande majorité des artistes et acteurs culturels du Bénin. Je garde l’espoir que vous allez en tenir compte.
Je vous remercie de m’avoir accordé votre attention. Agréable séjour au Bénin Salutations distinguées.
Ousmane ALEDJI
Ecrivain Metteur en scène
Directeur de Artisttik Bénin
Pour information
Ampliation :
Au Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement
Au Ministre de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme au Bénin)
Au Président de la FAABEN (Fédération des Associations d’Artistes au Bénin)
A la presse écrite   

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