Manque de réaction à propos du retard dans la proclamation des résultats

Pendant que les populations et la presse se préoccupent de la lenteur qui entoure la proclamation des résultats des élections municipales par la Cena, les partis politiques, premiers concernés par la chose politique restent muets et affichent une certaine indifférence. La société civile, l’autre face de la médaille est aussi semble-t-il devenue bègue.

Existe-t-il encore des partis politiques au Bénin ? Est-on tenté de se demander. Ceci, à cause de leur inertie dans la longue attente des résultats. Bientôt un mois que les élections municipales et locales se sont tenues, et toujours pas de résultat. Face à cette situation que n’a jamais connue auparavant le peuple béninois, les formations politiques, candidates  à ces joutes électorales ne semblent guère préoccupées et restent de marbre. Aucune réaction de leur part, ne serait-ce que pour s’informer des raisons de cette lenteur, soit pour interpeller la Commission électorale nationale autonome (Cena) sur la question. A part un communiqué du G4 qui, au lendemain des élections invitait les populations à la tolérance, plus rien. Depuis, c’est le silence total dans le camp des partis politiques. Et pourtant, ils sont les premiers concernés dans cette affaire. Mieux, ils ont la prérogative  constitutionnelle d’animer la vie politique. Cependant, ils ne se manifestent aucunement pour remplir au moins ce devoir à eux dévolu. Alors qu’ils ont souvent l’habitude de revendiquer à cor et à cri cette prérogative, dès que leurs intérêts sont  en jeu face à la société civile. Le moment est plus que jamais propice pour que ces regroupements politiques démontrent leur intérêt pour la survie de la démocratie béninoise. Le tout n’est pas de participer aux élections. Il faut aussi savoir initier de grands débats sur des questions touchant la vie des institutions de la république. Et, aujourd’hui, avec l’interminable attente qui caractérise les résultats des dernières élections municipales et locales, c’est le fonctionnement de la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui est en cause. Les partis politiques devraient donner de la voix et sortir de ce mutisme qui ne se justifie pas. Car, il n’est pas loin le temps où, pour que les élections du 20 avril dernier puissent se tenir à bonne date, on a assisté à un ballet incessant des partis et regroupements politiques à  la Cena qui apportaient leur soutien aux membres de l’institution. Qu’est-ce qui peut alors justifier ce silence qu’on observe dans cette situation post électorale ? L’autre composante de la nation béninoise qui ne cesse de décevoir les populations depuis l’avènement du régime du changement, est la société civile. Cette dernière qui, jadis, était très active sur toutes les questions concernant la démocratie,  est aujourd’hui comme frappée  d’apoplexie. Elle est totalement absente des débats et grands rendez-vous concernant la nation. S’il est vrai que certaines organisations qui la composent, se débattent pour ne pas être englouties dans le magma visqueux du changement, d’autres qui étaient plus en vue par le passé ont sombré dans un coma volontaire. Si non, comment comprendre que la société béninoise qui a su et pu faire fléchir le président Mathieu Kérékou dans bien de situations, notamment l’organisation de l’élection présidentielle de 2006 et la révision de la constitution, ne peut réagir face au retard intolérable qui s’observe dans la proclamation des résultats des scrutins du 20 avril et du 1er mai 2008. Le   fait n’est-il pas suffisamment grave pour que la société civile monte au créneau pour en parler ? Si on peut supposer que les partis politiques évitent d’envenimer le climat fortement suspicieux, que peut-on trouver comme circonstance atténuante à l’actif de la société civile. Absolument rien. Faudrait-il conclure qu’elle a déserté le forum ?
B. M.