Prisonnier, son état de santé jugé dégradant avait contraint les autorités judiciaires et « politiques » à consentir à le sortir de sa geôle et à le faire admettre pour des soins au centre hospitalier et universitaire Hubert Maga de Cotonou. Séfou Fagbohoun se trouvera plus tard en France, à la suite d’une évacuation sanitaire. Pendant son séjour sanitaire parisien, beaucoup de choses ont dû se passer, pour lui assurer une libération à distance : demande de sa libération sous caution, appel de la décision par le procureur général de la République, sa libération sans caution par la cour d’appel, pourvoi en cassation du parquet, puis à l’arrivée, le verdict de la cour suprême rejetant le Pourvoi du parquet et confirmant l’arrêt de la cour d’appel. Les décisions de cette juridiction étant sans recours, plus rien ne pouvait retarder le retour de Fagbohoun, qui selon des indiscrétions, piaffait d’impatience de revenir au bercail.
Mais entre temps, les ardeurs du pouvoir de voir l’homme d’affaire séjourner le plus longtemps possible derrière les barreaux se sont émoussés pour bien des raisons. La plus plausible est politique. La naissance des regroupements politiques, le G13 et le G4 et les revers politiques subis par le régime lors des dernières élections municipales ont sans doute amené Boni Yayi à changer d’option et à opter pour une politique de décrépitation envers ses anciens alliés. Ainsi, s’il est vrai que la cour suprême a dit le droit en ordonnant sa libération, il n’en demeure pas moins vrai qu’apparemment plus rien n’a été tenté par le pouvoir pour tenter d’entraver les « démarches » en faveur de l’élargissement du richissime.
Que fera maintenant Faghohoun après la liberté retrouvée ? Les jours, les semaines et les mois à venir édifieront chacun. Mais pour l’heure, on pourrait éventuellement s’attendre à une certaine lune de miel entre le pouvoir et le Madep qui pourrait se traduire par quelque entrée au gouvernement. La présence à l’aéroport pour accueillir l’ex-prisonnier de plusieurs leaders politiques, dont Adrien Houngbdji du Prd et André Dassoundo, 1er vice président de l’Assemblée nationale et membre influent de Fcbe , la coalition de partis soutenant le pouvoir, témoignent de l’intérêt politique dont celui-ci sera désormais l’objet. Il reste encore et malgré tout le leader presque incontesté de la région du Plateau. De quoi penser que la bataille pour la présidentielle de 2011 ne sera pas de tout repos.
Alain C. Assogba
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