Village Ouassa-Tokpa, ce soir du mercredi 16 juillet. A 20 heures30, de jeunes enfants et quelques jeunes alignent nattes et chaises. Dans quelques instants, ce sera la nuit des contes. Une initiative bien connue des populations du coin qui, au bord du lac, face à un géant feu de bois, revisitent histoire, morale et insolite par la bouche des sages mais aussi de quelques jeunes lycéens français.
{joso}Depuis trois ans, elle est organisée l’association Mémoires d’Afrique que préside le père Israël Mensah. Celle du mercredi 16 juin dernier a vu plancher, Hounsipkè Gaka, Kinigbé Hadegnon et Mèkoun Dagbo Albert, tous sages de Ouassa-Tokpa. Pour la circonstance, les habitants du village et de ceux voisins ont massivement effectué le déplacement. Les retardataires se sont vus contraints d’assouvir leur soif debout. Mais la particularité ici, c’est que de nombreux français sont présents. Non pas pour y assister simplement, mais aussi pour dire des contes à la manière occidentale. Pour les jeunes lycéens français, un interprète de circonstance fait l’affaire. Mais les rires et les étonnements appuyés par l’attention des jeunes lycéens prouvent que ce dernier ne failli pas à sa tâche. Et pour les nombreuses populations de Ouassa-Tokpa, un des leurs, pour raconter en langue locale les contes français. Des contes dits à l’occidentale sur fonds de gestuel, ce qui traduit la particularité de chacun des peuples conteurs. Les initiateurs de l’évènement ont d’ailleurs chacun en ce qui le concerne, apprécié positivement l’évènement et envisagent désormais un festival de contes qui s’ouvrira aux autres localités du pays. La française Sylvie Mittau, de l’association pour le développement de Possotomè dira que la rencontre permet de « conserver les liens, de découvrir et de partager les cultures dans le respect mutuel. » Car pour elle, il est « important que l’oralité soit conservée » et c’est pour cela qu’elle a proposé des réflexions prochaines autour d’un festival de contes.
Capicina Venas, jeune lycéenne présente à ces nuits de contes depuis trois ans ne manque pas aussi. Il s’agit pour elle d’une « bonne idée de mélanger les contes car cela fait plaisir de découvrir les contes du Bénin. C’est une occasion énorme pour les jeunes de faire des échanges, des joies et des plaisirs ». Côté béninois, les organisateurs apprécient à sa juste valeur la réussite de la fête. Benjamin Béhanzin, représentant national de Mémoires d’Afrique et Jules Zanou, secrétaire national pensent qu’il faut que « l’expérience se démultiplie dans le reste du pays du fait de l’écho favorable qu’elle a auprès des populations et nous sommes marqué par cette chaleur et cette convivialité à chaque édition ». Un vœu qui se traduit déjà an acte, puisque cette troisième édition s’est ouverte à quatre villes du pays, avec à chaque étape, une foule immense. Preuve que les habitudes sont têtues et que les contes n’ont pas encore perdus de leur valeur dans la culture béninoise.
Fortuné Sossa{/joso}