Chronique: De la rébellion culturelle

/food/ichronique.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » /> /food/censad.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » border= »0″ style= »float: right; » />S’exprimer

La conférence au sommet de la Cen Sad est terminée. Le gouvernement va continuer d’exhiber cela comme une victoire. La population, quant à elle, retiendra essentiellement trois choses. Premièrement, que la moitié des chefs d’Etat annoncés n’était pas présente à Cotonou et que par conséquent, on a déjà connu des victoires plus éclatantes. {joso}Deuxièmement, que le chef de l’Etat Libyen, Monsieur Kadhafi, a incité les jeunes à une grande insurrection populaire en faveur de l’unité africaine, à une rébellion contre les chefs de gouvernements actuels qui ne seraient pas représentatifs de l’Afrique.
Troisièmement, qu’il s’est dessiné à présent, clairement, les limites géographiques de la fracture sociale : d’un côté, de luxueuses villas hors de prix, dans un environnement fait de routes et de voies pavées, bien gardées, à l’extrême Sud de Cotonou, et de l’autre, la populace, plus que jamais plongée dans une virulente inondation, infestée de moustiques, sans route parfois, donc isolée, et toujours sans autre secours que la visite coutumière d’autorités « compétentes » devant les écrans de la télévision.
On comprend ainsi les efforts du gouvernement et son acharnement à investir plus dans des voies rapides avec des échangeurs, afin que cette seconde partie ne soit pas trop en vue. Les rares habitants de certains quartiers qui ont eu la possibilité de quitter leur maison ce mois de juin sont ceux que le destin a placés dans les abords du domicile de certains membres du gouvernement.
Je dois sans doute avoir de mauvaises fréquentations. Mais quand j’entends les Béninois et d’autres personnes résidant au Bénin s’exprimer sur le Bénin, y compris parfois certains qui disent le contraire à la télévision, je suis frappé par le fait que tout le monde voit ce qui se passe. Que tout le monde est inquiet et que la plupart des personnes sont révoltées sans que, pour l’instant, des actions directes soient menées pour freiner la déchéance ainsi programmée et en pleine exécution. C’est que l’espoir était d’autant plus grand que la déception frappe de mutisme tous les individus face à l’étendue de la bêtise.
Et pourtant, il y a certainement une manière de ralentir les dégâts. Il s’agit de s’exprimer sur tout et à tout moment, à haute et intelligible voix. De ne pas se résigner en face de l’aberration. D’apporter à chaque action négative la réponse qu’elle mérite.
Par exemple, ne sommes-nous pas choqués de faire la queue, des heures durant, chaque mois, tous les mois, pour payer les factures d’une électricité défectueuse au point de détruire tous nos appareils électroménagers et de bureaux ? Nous pouvons comprendre, par la façon dont les usagers sont traités dans les divers guichets de paiement, que la crise énergétique au Bénin ne vient pas tant de manque de courant que de sa mauvaise gestion, de l’incompétence de ceux qui en sont chargés et du mépris aux usagers dont les signes sont manifestes quand on considère le système de paiement. Vu la démission du gouvernement devant ce fait et l’affichage désormais clair de ce qu’il est lui-même dans la même logique, une réponse à apporter par les usagers serait d’exiger le respect des engagements des deux parties du contrat et de refuser collectivement par exemple le paiement des factures un mois donné si, pour sa part, la SBEE n’améliore pas ses services d’entretien et le comportement des individus dans ses guichets, pour un service plus humain, plus civilisé.
Il y a de nombreux domaines ainsi où les citoyens doivent prendre eux-mêmes leur responsabilité, conscients désormais que le gouvernement et eux forment deux camps. Il ne s’agit là ni d’une insurrection populaire qui arrangerait la vision de Monsieur Kadhafi, ni même d’une désobéissance civique, mais simplement d’une exigence contractuelle face à laquelle les faits montrent que, délaissés par l’action gouvernementale, nous ne pouvons désormais compter que sur nous-mêmes. Il s’agit tout simplement de nous exprimer.{/joso}

Camille Amouro

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