CHRONIQUE: La tragédie du roi Mugabé

/food/mugabe.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » border= »0″ style= »float: right; » />Et le revoilà le cul " définitivement " vissé sur le trône. Son pouvoir lui a été donné par Dieu, confesse-t-il, et il attend de Dieu qu'il en soit destitué. Robert Mugabé, l'ex-militant marxiste, converti à l'économie du marché, se rue maintenant dans la foi chrétienne pour s'arc-bouter et justifier ses délires sanglants. Des délires qui n'ont pas de limite. Tout comme les fous d'Allah qui se servent des bombes humaines pour se faire entendre, le roi Mugabé utilise les armes du despote pour se maintenir au pouvoir. Rien, semble-t-il, ne lui paraît pas sophistiqué, ni grossier.

A la place de sa rhétorique d'anticolonialiste déjà usée et filamenteuse, il impose la terreur, les meurtres quand ce n'est pas la mise à feu des maisons des zimbabwéens soupçonnés d'appartenir à l'opposition.
A ses talons pour faire le sale boulot, sa milice, de jeunes du Zanu Pf ivres de chanvre indien et les pseudo vétérans de la guerre de libération. Bob, qui a déjà tout perdu, sauf sa férocité, est en train, presque en mondovision, d'écrire l'une des pages les plus sombres de l'histoire africaine du 21ème siècle.
On pourrait tirer des décombres du passé les faces poudreuses des Idi Amin Dada, de Jean Bedel Bokassa, de Macias Nguéma, de Sékou Touré et même, plus proche, d'Eyadéma pour affirmer que le continent africain n'est pas à un despote près et qu'en y inscrivant le leader de la Zanu, on ne se conformerait qu'à une logique tragique. Mais un dictateur, un seul, dans n'importe quelle contrée du monde est toujours de trop. Puisque cette race de dirigeants est nuisible au plus grand nombre, nuisible aux libertés, nuisible aux intérêts de son propre peuple.
Cela est d'autant plus vrai que le régime de Zanu, après vingt quatre ans de gestion du pouvoir est en train de dilapider les acquis et les progrès réalisés depuis l'indépendance. Le tabac, culture de rente, n'est qu'un lointain souvenir. L'agriculture, socle de la prospérité du pays, est devenue plus qu'exsangue. Ajoutés à cela le chômage qui a atteint soixante pour cent de la population active, l'inflation qui est passée à cent cinquante mille pour cent, la monnaie qui est tous les jours dévaluée.
Pour les plus pauvres chassés par la faim et la misère, le seul salut réside dans l'immigration vers les pays limitrophes. Les autres, tous les autres qui sont restés sur place, espèrent qu'avec la fin du régime, l'installation d'un nouveau pouvoir, la tendance vers ce chaos annoncé serait inversé. Ils ont cru aux vertus de la démocratie que prônait Mugabé. Mais le roi n'y croit que lorsque cela l'arrange. Et d'appeler Dieu pour lui donner caution. C'est l'hôpital qui se moque de la charité.
Le plus incroyable dans cette affaire, c'est la décision de l'Union Africaine, censée traduire la "position africaine" de sortie de crise: comme si, au nom du bon sens et de la réalité, les chefs d'Etat africains, à court d'arguments, doivent s'efforcer de cultiver un particularisme forcené susceptible de les distinguer des Européens. Du reste, personne d'entre eux ne croit aux consultations démocratiques, source de légitimité des pouvoirs… Pas étonnant que la première déclaration qui approuve le pouvoir du roi d'Harare, vienne du pygmée de Libreville, le sieur Bongo qui incarne de façon caricaturale, le pouvoir africain dans sa forme la plus néocoloniale, rétrograde et désespérante. D'ailleurs, d'avoir confié le poste du Président de la Commission de l'Ua à Jean Ping, un obligé de Ondiga lui-même, c'est-à-dire, un commis façonné pour être un simple facteur de luxe des présidents, prouve à souhait qu'on ne peut attendre rien de cette institution panafricaine. Une institution qu'on avait qualifiée de syndicat de chefs d'Etat mais qui, au vu de sa dernière prestation, mériterait bien le titre de "syndicat de crimes".
Car, qui établira la longue liste des forfaits de la Zanu ? Quelle institution sera plus apte à dénoncer les agressions perpétrées contre les Zimbabwéens ? Rendra-t-on un jour justice aux nombreux morts qui jalonnent les plaines du pays?
L'Union africaine qui a, en son sein, des structures chargées des droits de l'homme, ne pourra jamais élever une protestation contre Mugabé. Elle ne pourra même pas s'autoriser d'appeler le pouvoir Zanu à respecter les élémentaires des droits fondamentaux du Zimbabwéen. Ce serait trop demandé que de se risquer dans cette voix-là. Le syndicat du crime couvre toujours ses membres.
Mais la tragédie du roi Mugabé est ailleurs: seul, les yeux fixés sur sa moustache, isolé par la communauté internationale, il verra son pays partir en lambeaux, son peuple se disloquer, tous les acquis de sa gestion du pouvoir s'effriter, sans que Dieu qu'il évoque tant, vienne à son secours.

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Florent Couao-Zotti

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