Entretien avec Gérard Adounsiba, Pdt d’Association de consommateurs

/food/adounsiba.png » hspace= »6″ alt= »Gérard Adounsiba » title= »Gérard Adounsiba »  » />«S’il y avait eu des augmentations fantaisistes, nous aurions réagi »

Face  à une cherté  galopante de  la vie,  le silence  qu’affichent les associations de consommateurs  est rudement critiqué  dans le pays. Que peuvent pourtant celles-ci contre une crise  d’envergure internationale ? Pas grand-chose, selon Mr Gérard Adounsiba, Président de l’Association  pour la défense des consommateurs   et des actions  pour le développement ( Adecad). Nouvelle Tribune : Comment appréciez-vous  la situation  socio-économique  actuelle  du Bénin ?

 Gérard Adounsiba :  Comme tout le monde, je constate que la vie  devient de plus en plus  chère ; et ce  n’est pas seulement au Bénin. Tous les autres  pays sont également affectés. Les  populations  souffrent  véritablement ; elles ont de la peine  à survivre  et ne savent plus à quel saint se vouer.

Publicité

 Pour autant, les  associations   des consommateurs    restent sans rien  faire  depuis le début  de cette  crise. Que se passe – t- il  réellement  à votre niveau ?
 Ceux qui  reprochent  aux associations  des consommateurs  de  ne rien faire  n’ont pas  tout à fait tort, puisque nous sommes là avant tout  pour défendre les consommateurs. C’est  notre première mission.  Mais la question à se poser  est  de savoir, ce que nous  pouvons  réellement  devant  la présente crise dont les  causes proviennent d’ailleurs.  Tout le débat est là. C’est une  crise   mondiale  qui a plusieurs  origines  dont  la récession économique au niveau des  grandes puissances comme les Etats-Unis, la fluctuation  incessante  du prix du baril  du pétrole, etc.  Mais il  faut dire  que si  jusque-là, les associations  n’ont pas encore organisé des actions vigoureuses de  protestation, c’est parce que  le gouvernement   a   fait beaucoup d’efforts  dans les subventions  des prix de certains produits. Il faut le reconnaître et  l’en féliciter. Et c’est d’ailleurs  pour cette raison que les émeutes de  faim, survenues dans d’autres pays africains affectés par cette crise, n’ont pas encore atteint le Bénin.  Le gouvernement,  je le répète  a fait beaucoup d’efforts déjà  face à cette crise, à travers les subventions  et des actions  de contrôle  de certains produits  sur le marché  local. Mais il  prenait aussi trop de risques en le faisant. Heureusement qu’il a finalement compris et a opté depuis peu pour la vérité  des prix.

Vous approuvez  donc cette nouvelle option ?
 Bien sûr que  oui. Et  ce ne sont pas les économistes  qui me démentiraient dans un pays à économie fragile  comme le Bénin. En tout cas, après avoir pris  part au récent forum sur la cherté  de la vie, j’ai  compris  que  notre gouvernement  a jusque-là pris beaucoup de risques  en optant pour des subventions tous azimuts, notamment en ce qui concerne les produits pétroliers et  certaines denrées alimentaires. Les risques sont d’autant plus énormes que cette aubaine faisait drainer vers le Bénin,  un grand monde de transporteurs  de la sous-région qui viennent s’y approvisionner en gas-oil et autres produits. C’est  un  drame pour les finances publiques  et pour une économie  extravertie. Heureusement  que le gouvernement s’en est finalement rendu compte. Comme  je l’ai dit tantôt,  je  ne défends  pas  le gouvernement, mais, en tant qu’opérateur économique également, je suis  au parfum   de l’actualité  internationale. Continuer à subventionner au plan local  des produits importés dont les prix  augmentent sans cesse  à l’échelle internationale est une politique lourde de conséquences et très défavorable pour l’économie béninoise.

Il  n’y a donc  plus rien  à faire  pour atténuer  les peines des consommateurs béninois ?
Il y  des choses qu’on peut faire. Et je soutiens les travailleurs  dans leur demande d’augmentation  des salaires dans tout le pays, secteur public comme secteur privé. C’est une mesure salutaire  qui viendra atténuer quelque peu  la présente crise. Vous n’êtes  pas sans savoir que le Fmi  en a fait, il y a peu,  une proposition importante  à l’Etat béninois.

 Comment appréciez-vous  la  récente grande marche de protestation  contre la cherté de la vie  organisée par les syndicalistes béninois ?
 C’est  une initiative  que j’approuve  fort bien, car les syndicalistes sont dans leur rôle, et l’on ne devrait pas les en vouloir pour cela. Ce que je n’ai pas apprécié   par la suite, et le boycott qu’ils on fait au forum  sur la cherté de la vie, initié il y a peu par le gouvernement, malgré qu’ils y étaient invités. Nous avons le devoir de nous unir face  à des problèmes aussi importants  que la cherté de la vie, pour  sauver  notre patrie. Le Bénin. Nous devons apprendre à discuter  autour de la même table malgré nos divergences.

Publicité
 Un dernier message?

 Je voudrais  demander  à tous les Béninois  de  nous excuser si nous ne faisons encore rien. S’il y avait eu  des mesures ou augmentations  fantaisistes, nous  n’aurions pas  hésiter à monter au créneau  pour crier  notre ras-le-bol. Mais ce n’est  pas encore le cas. Aujourd’hui,  ce qui devrait  nous préoccuper de prime abord, est de travailler. Travailler  dur et sans relâche pour vaincre cette crise. Je demande donc  aux uns et aux autres de penser à retourner  à la terre. Je voudrais aussi exhorter tous les Béninois à soutenir  les actions  qui participent  à réduire  leur peine comme les boutiques témoins annoncées pour être installées dans toutes les communes du Bénin. C’est une bonne initiative et j’encourage le Chef de l’Etat à en prendre davantage.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité