Vingt quatre (24) heures après la prise d’un arrêté portant sa suspension, le directeur général du Fonds national de la micro finance, Aboubakari Aboudou parle. Il démonte les unes après les autres les allégations rendues publiques mardi et mercredi par un organe de presse qu’il dit être au service d’une machination montée au sommet de son ministère de tutelle.
Le ministre béninois de la Microfinance, des Petites et moyennes entreprises, de l’Emploi des jeunes et des femmes, Mme Sakinatou Alpha Orou Sidi est de nouveau sur la sellette. Par l’arrêté n°039/Mmfpmeejf/Dc/Sgm/Ctj/Sa portant suspension du directeur général du Fonds national de la micro finance du mercredi 23 juillet 2008, M. Aboukari Aboudou « est suspendu pour ses fautes graves et ses manquements graves à l’autorité ». Face à la presse hier au Codiam de Cotonou, M. Aboudou a commencé par démonter la toute récente allégation faite par un journal et selon laquelle, il aurait été limogé pour mauvaise gestion. « Je ne me reconnais en rien dans tout ce qui est dit et écrit depuis deux jours sur ma personne », a-t-il affirmé avant d’apporter pour chacune des allégations, des clarifications et documents officiels contradictoires.
Surpris d’être accusé d’avoir mal géré les 20 milliards destinés aux micro crédits aux plus pauvres, M. Aboudou pense que sa hiérarchie lui impute plutôt des intentions qu’elle aurait. Et pour cause ! Des 20 milliards, a rappelé la victime, « 10 sont distribués aux bénéficiaires sur le terrain et 10 autres sont déposés dans un compte ouvert dans les livres de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) ». Et ce qui « me surprend le plus, a indiqué M. Aboudou, c’est que ni moi ni aucun autre de mes collaborateurs au niveau du Fnmf n’est signataire du compte de la Bceao ». Ce compte donc à en croire les déclarations de M. Aboudou est administré par le ministre de la micro finance, Mme Alpha Orou Sidi et un représentant du ministre des Finances. Le seul compte ouvert dans les livres du trésor dont « je suis signataire avec un de mes collaborateurs, mon ministre m’a écrit le 11 juillet dernier pour me demander de le clôturer », s’est plaint le directeur général suspendu avant de s’interroger sur la manière dont il pouvait se rendre coupable d’une mauvaise gestion des 20 milliards. Quant aux éventuels bénéficiaires fictifs des micros crédits aux plus pauvres, M. Aboudou trouve que leur origine pourrait se retrouver au ministère dont se plaignent souvent les Institutions de micro finance (Imf) à la base de leur suggérer de longues listes de personnes à qui il faut donner des crédits. « Plusieurs responsables d’Imf se déjà plaints à moi me présentant des listes de bénéficiaires établies depuis le cabinet du ministre », a insisté l’ex directeur du Fonds précisant que sa structure en revanche n’a aucun contact avec les bénéficiaires qui s’adressent plutôt aux Imf qui elles sont des partenaires que le Fnmf appuie.
En dépit de son caractère autonome, le Fnmf serait dirigé directement exclusivement par le ministre Alpha Orou Sidi depuis son cabinet. Et pour cause, le président du conseil d’administration est son directeur de cabinet et l’agent comptable affecté Fnmf après que cette fonction a été longtemps assumée par le directeur des ressources financières et matérielles du ministère n’est personne d’autre que le comptable du ministre Alpha Orou Sidi. Tout le personnel actuel a été selon l’ex directeur général, recruté par le ministère pendant que « j’étais déjà directeur intérimaire ». Pis, s’est-il indigné, « le montant des salaires des agents a été décidé unilatéralement et sans aucune base contractuelle ni référence en vigueur par la directrice des ressources humaines du ministère ». Et ces salaires dits mirobolants, a démenti M. Aboudou « n’égalent même pas ceux payés dans les institutions de micro finance de la place ».
« Ce qui m’a toujours opposé à mon ministre relève d’une différence de vision », a souligné M. Aboudou. Il n’en veut pour preuve que le dernier point d’achoppement en date. Il s’agit du projet d’adoption de l’accord d’établissement du Fonds national de micro finance (Fnmf). En réponse à une lettre que « j’ai adressée au président du conseil d’administration pour lui soumettre un projet d’ordre du jour, c’est mon ministre qui m’écrit pour me demander de retirer dudit projet d’ordre du jour, le point relatif à l’accord d’établissement du fonds ». Cette question qui selon l’ex directeur l’a souvent opposé à son ministre de tutelle qui contrairement à lui qui défend le caractère financier du fonds, penserait qu’il faut donner le statut d’un établissement culturel. Or cette formalité est une exigence de tous les bailleurs de fonds, a précisé l’ex directeur donnant l’exemple de la Banque ouest africaine de développement (Boad) qui malgré l’intervention de son ancien directeur général, le président de la République, a subordonné son appui à la clarification du statut juridique du Fonds.
Partisan du chef de l’Etat et du régime de changement, l’ex directeur général du Fnmf s’en réclame tout autant qu’il reconnaît à son ministre le droit de se réclamer, acteur de l’avènement du changement. Mais le « changement pour lequel, nous, on s’est investi et continue de nous investir n’est pas celui du mensonge », a déploré M. Aboudou faisant allusion aux manigances qu’il accuse son ministre de faire sur sa personne. Et c’est vraiment dommage, s’est-il écrié, « si pour nuire à ma seule personne parce que tenté de remettre en cause mon introduction auprès du chef de l’Etat par ces temps d’éventuel remaniement, on est obligé de mentir et de faire croire qu’une aussi belle initiative que le Fnmf est mal géré ».
Ludovic D. Guédénon
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