Pour une participation fructueuse à la rencontre de haut niveau sur l’efficacité de l’aide

/food/houtondji.jpg » hspace= »6″ alt= »Alexandre Hountondji, Ministre chargé des relations avec les institutions, porte parole du gouvernement Photo / Archives  » title= »Alexandre Hountondji, Ministre chargé des relations avec les institutions, porte parole du gouvernement Photo / Archives  »  » />La société civile africaine se mobilise

L’opportunité et l’efficacité de l’aide publique au développement ont de tout temps fait l’objet de débats très controversés. Et pourtant les difficultés de financement autonome de développement par les Etats pauvres (surtout ceux d’Afrique) les positionnent toujours comme demandeurs d’aide extérieure. D’où la nécessité de réfléchir à l’amélioration de son efficacité. En vue de favoriser son implication effective dans la nouvelle architecture des acteurs de l’aide, la société civile africaine se mobilise.

L’aide et la controverse

L’Aide Publique au Développement (APD) reste une affaire d’Etat à Etat (aide bilatérale) ou d’Etat aux institutions ou groupe de donneurs (Aide multinationale). Partant, l’APD a toujours présenté un visage politique et diplomatique. Et pourtant les évaluations de la mise en œuvre de l’aide n’ont jamais été favorables à son efficacité. Plusieurs causes sont identifiées comme facteurs nuisibles à l’efficacité de l’aide dans nos : la corruption dans l’administration centrale des Etats, l’absence de ressources humaines compétentes, les conditionnalités de l’aide, les procédures de décaissement, la définition des domaines de développement…Les réformes qui s’en sont suivies ont contribué à réorienter l’aide vers les organisations de la société civile (ONG) dans les années 90. Une vingtaine d’années après, il se pose toujours le problème de l’efficacité de l’aide.
La nouvelle stratégie de mise en place de l’aide n’a pas non plus contribué à rendre l’aide disponible pour les bénéficiaires à la base et amélioré significativement le niveau de développement des populations à la base. C’est dans ce contexte de recherche de moyens pour rendre l’aide efficace qu’a été adopté la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’APD. Mais la réflexion sur l’aide s’est menée sans que les OSC n’aient de voix au chapitre. Et pourtant il est reconnu qu’elles constituent au Nord des agences de levé de fonds et au Sud des canaux de convoyage des ressources mobilisées au Nord et même un moyen de mise en œuvre des projets à la base. Par ailleurs, un des maillons de mise en œuvre de l’aide reste l’aide budgétaire directement accordée aux budgets nationaux. Cette partie de l’aide échappe à tout contrôle citoyen mettant en jeu la question de la transparence et de l’efficacité de l’APD. Dans le contexte émergent de la société civile africaine, on est à même de se demander quels rôles les OSC africaines peuvent-elles jouer en vue d’aider à la transparence et l’efficacité dans la gestion de l’aide octroyée ?

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L’appel de Cotonou

C’est au mois d’octobre 2007 (du 22-25) à Cotonou que les organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et du Maghreb se sont données rendez-vous pour se pencher sur la question de leurs rôles dans l’amélioration de l’efficacité de l’aide et pour paver la voie vers Accra. En effet, plus de quatre vingt représentants des OSC africaines ont exposé les études de cas sur les bonnes et mauvaises pratiques des ONG dans la mise en œuvre des projets et programmes de développement financés à partir des concours financiers des organismes du Nord. Ainsi les cas du Bénin, du Tchad, du Mali, du Sénégal, de la Mauritanie, du Cameroun, du Niger…ont alimenté les débats.

L’atelier visait trois objectifs spécifiques :

• Améliorer la compréhension par les OSC et les autres acteurs concernés du rôle que peuvent jouer les OSC dans la nouvelle architecture de l’aide et dans la mise en œuvre de la Déclaration de Paris ;
• Analyser les bonnes/mauvaises pratiques existantes dans ce domaine et identifier des actions concrètes pour une contribution de qualité des OSC à l’agenda de l’efficacité de l’aide et aux partenariats possibles avec les autres acteurs, en se basant sur la « valeur ajoutée » des OSC ;
• Etudier les expériences de partenariats entre OSC et formuler des recommandations pour une amélioration du nombre et de la qualité de ces partenariats.
Au terme de quatre jours d’échanges, les participants ont exposé la vision des OSC africaines dans une déclaration appelée « la Déclaration de Cotonou » qui reconnaît la pertinence de l’instauration d’un dialogue multi-acteurs (tripartite) mettant en rapport Gouvernement – Partenaires Techniques et Financiers – Société Civile. Près d’un an après les assises de Cotonou et à la veille de la rencontre de haut niveau qui se tiendra à Accra au début du mois de septembre, quels sont les défis qui attendent les acteurs de la société civile africaine et les moyens dont ils disposent?

Parler d’une même voix

A l’issue des travaux les constats et conclusions ont fait état de la nécessité de parvenir un consensus international multi acteurs dans une approche de responsabilité partagée, incluant les OSC, pour améliorer l’efficacité de l’Aide Publique au Développement. Ce consensus devra prendre en compte entre autres:
La reconnaissance du rôle majeur de la société civile dans le processus d’amélioration de l’efficacité de l’aide sous ses formes multiples : les OSC ne sont pas parties prenantes de la DP mais doivent jouer un rôle pour faire entendre leur voix dans ce processus. La reconnaissance du rôle de la société civile, en tant que donateurs (Société civile du Nord), et en tant que récipiendaires de l’aide (société civile du Sud). De plus, elles disposent de plusieurs portes d’entrées : rôle des OSC dans élaboration DSRP, concertation avec gouvernement et bailleurs, implication des OSC dans l’évaluation de l’aide (gestion axée sur les résultats).
Cependant, le constat est que la Déclaration de Paris (DP) qui gouverne la mise en œuvre de l’APD n’est pas suffisamment connue des acteurs de la société civile africaine. Les enjeux qu’elle engendre restent encore à découvrir pour nombre d’OSC. Prendre donc part à un débat de haut niveau et prétendre avoir une position à défendre demande que les acteurs de la société civile africaine s’approprient le contenu de la DP. A l’heure actuelle, il est difficile de se prononcer sur le niveau d’appropriation de la DP dans nos pays par les OSC.
Pour ne pas donc faire piètre figure à Accra, la société civile africaine devra se mettre en alliances stratégiques sectorielles, géographiques et thématiques avec ses homologues d’autres régions du monde et parler d’une même et seule voix face aux gouvernementaux et bailleurs de fonds. Certes il ne s’agira pas de noyer les spécificités des réalités africaines sur la gestion de l’aide et la mise en œuvre de la DP dans les particularités des OSC du Nord, mais d’opérer un dosage intelligent qui concilie les spécificités dans l’unicité d’action. Les activités de concertations nationales actuellement en cours dans nombre de pays en vue d’une participation fructueuse de la société civile africaine à la rencontre d’Accra n’occulteront certainement pas cette réalité de l’heure.
Par Kouassi Sébastien DOHOU
(Coll extérieur)

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