Recettes de l’escorte

Le gouvernement toujours dans le flou
Le gouvernement du président Boni Yayi s’est à nouveau essayé à montrer le caractère transparent de la gestion des fonds de l’escorte des véhicules d’occasion. Et pourtant, toute la lumière ne semble pas encore faite.

Une énième fois, le gouvernement apporte les mêmes clarifications sur le mode de gestion des recettes découlant de l’escorte des véhicules d’occasion devenue douanière depuis mai 2006. En réaction donc aux différents problèmes  qu’il y aurait eus dernièrement au sujet de la question, le ministre de l’Economie et des Finances, Soulé Mana Lawani et son collègue en charge de la micro finance, Sakinatou Alpha Orou Sidi ont donné hier jeudi après-midi une conférence de presse conjointe de clarification. Partant de l’historique de l’activité, le ministre des Finances magnifie les réformes introduites dans le secteur par le régime du changement. Ainsi, source de fortune de structures privées et « patriarcales » depuis 1990 où elle rapportait « en moyenne un à deux milliards de francs cfa par mois, » a indiqué le ministre, l’escorte des véhicules d’occasion a généré de mai 2006 au 31 août 2008, la somme de trente cinq milliards de francs de cfa. Au 31 décembre 2007, a annoncé l’argentier national entouré pour la circonstance des membres de son cabinet et des directeurs centraux tels que ceux du trésor et des douanes, « les recettes de l’escorte disponibles dans un compte ouvert dans les livres de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) étaient évaluées à vingt deux (22) milliards de francs cfa ». Ces recettes sont depuis l’exercice 2007 budgétisées à en croire le ministre des Finances précisant qu’au titre du budget général de l’Etat exercice 2008, « vingt deux milliards cent millions de francs cfa ont été prévus comme ressources ». Ces fonds sont, selon Mme Alpha Orou Sidi, ministre chargé de la micro finance, déployés dans l’exécution du programme de micros crédits aux plus pauvres pour un montant de vingt milliards de francs cfa. Pour ce programme en effet, rappelle le ministre en charge su secteur, six milliards avaient été prévus au départ en 2007 complété en décembre de la même année par quatre autres milliards de francs cfa. Mais au titre de l’année 2008, un complément de dix milliards de francs cfa a été alloué par le gouvernement à la demande du ministère de la micro finance. Ce complément , a indiqué le ministre Alpha Orou Sidi, n’est guère budgétisé et est contenu plutôt dans le projet de collectif budgétaire qui sera prochainement soumis à l’examen de l’Assemblée nationale. Cette intervention du ministre de la micro finance a semblé remettre en cause l’assurance donnée quelques instants plus tôt par son collègue des Finances sur la budgétisation des fonds de l’escorte. Mais celui-ci revient à la charge pour tenter d’évacuer l’équivoque et la contradiction. Il fait référence à des dispositions légales sans les citer, qui permettent, a-t-il indiqué, d’autoriser une dépense non prévue au budget quand la prévisibilité des ressources est établie. Il souligne par ailleurs que l’option faite par le gouvernement de loger ces fonds à la Bceao qui « est aussi une banque de l’Etat, » n’enlève rien à la régularité de leur dépense. D’autres manipulations des ressources de l’Etat, objet de polémique ont été évoquées pendant la conférence de presse conjointe. Il s’agit de la passation gré à gré d’un marché d’équipements médicaux pour plus d’un milliard, de l’utilisation jugée abusive des véhicules officiels puis de la gestion du fonds pour l’emploi des jeunes. Dans tous ces dossiers, le gouvernement par la voix des deux ministres, assure n’avoir rien à se reprocher. 

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Ludovic D. Guédénon

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