La Cstb entre utopie et réalité?
La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) continue de grogner contre les Nouveaux programmes d’études (Npe). Sa fougue s’est accentuée ces derniers jours à travers des marches de protestation tous azimuts, ayant pour seul objectif…
(…)d’amener le gouvernement à retirer purement et simplement les Npe du système éducatif. La revendication de la centrale d’Azoua ne paraît-elle pas moins réaliste dans sa forme, même si elle ne manque pas d’objectivité quant au fond? Plus de Nouveaux programmes d’études (Npe) dès la prochaine rentrée scolaire. Si non :boycott. La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) multiplie marches et autres actions de protestations depuis peu pour s’entendre raison. Des marches qui sont dirigées sur plusieurs ministères impliqués d’une manière ou d’une autre dans la gestion et le développement du système éducatif béninois. L’argumentaire de Azoua Gaston et de ses ouailles ne varie pas. «Les Nouveaux programmes arrièrent nos enfants» vocifèrent-ils sans cesse depuis le début de cette lutte, qu’ils semblent être les seuls syndicalistes à en faire une véritable préoccupation, voici plus de trois ans déjà. Il sont parfois très durs dans leur boutade contre ces Npe en expérimentation depuis 10 ans au Bénin. « Travailleurs de tous secteurs, parents, élèves et étudiants, les Nouveaux programmes d’études (Npe) se font passer aujourd’hui comme le mal le plus dangereux qui va exterminer notre pays» gronde à n’en pas finir, le Secrétaire général de la Cstb, Gaston Azoua, la voix souvent grave. Le mal le plus dangereux qui va exterminer notre pays? Pour les plus modérés dans ce débat qui reste d’actualité, la vision scabreuse de cette centrale traduit mal les vrais reproches qu’elle fait aux Npe; et que beaucoup de Béninois approuvent, tant ces Npe causent de sérieux désagréments aux apprenants qui les assimilent mal. De fait, la Cstb semble avoir délaissé le vrai débat pour s’accrocher à une lutte radicale, digne d’une époque révolue. Une lutte qui ne laisse place à aucune concession, mais qui se veut plutôt aveugle et jusqu’au boutiste.
Ce faisant, la Centrale d’Azoua laisse une mauvaise impression dans l’opinion publique face à un problème national qui mérite un débat plutôt scientifique. La vraie question aujourd’hui n’est plus celle de mettre définitivement fin à un programme qui s’est déjà implanté dans le système éducatif, car les désagréments ne seront pas moins nombreux autant pour le peuple que pour l’Etat. Cette question ne devrait même plus être agitée dans sa forme brute, comme le fait en ce moment la Cstb, d’autant plus que plusieurs ateliers, séminaires et forums de discussion sur les mesures correctives à y apporter ont déjà eu lieu. Le combat à mener est de pousser le gouvernement à les mettre en application.
Les langues nationales, l’autre débat
Les Nouveaux programmes d’études (d’aucuns soutiennent même qu’ils ne sont plus nouveaux après dix ans d’âge) ne sont pas mauvais en soi. L’approche par compétence qui en est le moteur principal est devenue une contrainte éducative pour tout pays qui aspire à un vrai développement. Ailleurs, en Afrique, leur mise en œuvre a suscité une adhésion générale dans les pays qui les ont adoptés, parce que le processus n’a souffert d’aucune insuffisance au point d’être plombé à mi-parcours comme c’est le cas au Bénin. Le vrai drame qui se pose ici est celui de la formation des enseignants dans ces programmes. Une formation jusque-là bâclée, mal conçue et mal conduite. Il est donc question de mettre l’accent sur cet aspect fondamental de la réussite des Npe. Si les enseignants sont bien formés, il n’y a pas de raisons qu’ils n’en fassent pas de même aux apprenants.
L’autre argument de le Cstb pour faire arrêter les Npe, est que les langues dans lesquelles ils sont enseignés sont étrangères, alors que l’approche par compétence, à la croire, dans tous les pays qui s’en sont appropriés, est enseignée dans les langues nationales. Un argument de taille pour ceux qui soutiennent mordicus que la promotion et la valorisation des langues propres d’un pays sont inhérentes à son développement. A juste titre, l’on peut donner raison à la Cstb ici. Mais, c’est sans ignorer que la rupture se fera brusque, le cadre n’étant pas encore propice. En proposant plutôt d’introduire lesdites langues dans l’enseignement dès la rentrée prochaine sans pour autant en faire des langues d’instructions, le gouvernement a vu le drame que constituait la demande contraire à laquelle s’accroche la Cstb. Dans tous les cas, les choses sont si avancées aujourd’hui, qu’il serait encore grave de tout reprendre à zéro. On peut poursuivre les Npe tout en les améliorant. Le cri d’alarme de la Cstb aurait été celui-là qu’il aurait eu des échos plus favorables dans tout le pays. Une suspension immédiate des Npe, ne semble pas être le vœu le mieux partagé aujourd’hui par l’ensemble des Béninois, même s’ils ne les digèrent pas encore entièrement.
Christian Tchanou.
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