A quelques jours de sa mise en œuvre

La gratuité de la césarienne et ses nombreuses interrogations
Dès le 1er décembre 2008, la gratuité de la césarienne tant annoncée deviendra une réalité au Bénin.  Si beaucoup de béninois accueillent la nouvelle avec joie, certains ne manquent pas de s’interroger sur  les conditions de sa mise en œuvre dans un pays  où le système sanitaire demeure critique à tout point de vue. Après la gratuité des  frais  de scolarité  dans  les enseignements maternel et primaire, le gouvernement du Dr Boni Yayi met en branle une autre   dès le 1er décembre prochain. Il s’agit de  la gratuité  de la césarienne. Bonne nouvelle pour  tous les ménages béninois. Bonne en ce sens qu’elle vient répondre à un grand problème de santé publique.  Les dernières statistiques en matière de santé familiale sont  alarmantes :    pour 100.000 naissances vivantes, on enregistre 397 décès de mères et 21 décès de nouveau-nés pour 1000 naissances. De plus, chaque année, 1500 jeunes mères en couches décèdent dans le pays. Si la césarienne était accessible à toutes les couches de la population,  ces chiffres ne seraient pas si élevés, soulignent presque tous les professionnels de la santé. La décision du gouvernement est donc la bienvenue.
Le Bénin se situerait  autour de 3,5 pour cent du taux de césarienne en 2006, ce qui est en dessous de la norme de 5 pour cent, selon Dr Alban Quenum, Directeur de la santé familiale. Dans un entretien qu’il a accordé récemment à la presse, ce dernier  s’est réjoui de ce que les futures mères et même les nouveaux papas peuvent se réjouir maintenant, puisqu’ au cas où l’accouchement présenterait des complications, la mère et l’enfant seront pris en charge gratuitement. En effet, plusieurs raisons justifient la prise de cette décision par le gouvernement béninois. Il entend d’une part, participer à la réduction du taux de mortalité maternelle et infantile et d’autre part, assurer la prise en charge de la naissance des enfants.

20 milliards de Fcfa pour soutenir la mesure
Au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm), les frais de césarienne, tous coûts évalués s’élèvent au minimum à 167.660 Fcfa et à 200.600 Fcfa au maximum. A l’Hôpital de la mère et de l’enfant (Homel), les coûts varient de 123.885 Fcfa à 208.185 Fcfa. Au Centre hospitalier départemental du Zou, la césarienne coûte au minimum 59.140 Fcfa et au maximum 100.225 Fcfa. Tandis qu’à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi, les frais de cette opération chirurgicale varient de 61.460 Fcfa à 75.800 Fcfa. Ainsi, pour pallier les difficultés financières qui amènent les femmes à accoucher dans des hôpitaux peu crédibles, le gouvernement du Bénin s’engage à prendre en charge désormais tous les frais inhérents à la césarienne.  Une   offre  qui prend en compte les actes de la césarienne, les médicaments, les frais d’examens de laboratoire, ceci dès l’entrée de la gestante jusqu’à sa sortie de l’hôpital sans oublier la prise en charge du contrôle post opératoire. 20 formations sanitaires  ont été retenues pour mener  l’opération sur les 33 sur toute l’étendue du territoire national. Le coût total  d’équipements  des formations sanitaires retenues  s’élève à 30milliards de Fcfa.

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 De grandes inquiétudes
La gratuité de la césarienne démarrera-t-elle sur des chapeaux de roue  dès le 1er décembre prochain ? La question se pose avec acuité au fur et à mesure que la date fatidique s’approche. La première inquiétude est liée aux capacités du gouvernement à équiper les 20 formations sanitaires retenues en  matériels suffisants pour  faire face à l’affluence attendue. A deux semaines environ  de cette date, rien  ne signale  ,en tout cas que les préparatifs  dans les formations sanitaires sillonnées,  vont bon train. Tout s’y passe  comme si un tel évènement n’était pas imminent. Des professionnels de santé appelés à la mettre en œuvre en sont encore à s’interroger sur les tâches essentielles qu’ils exécuteront et dans quelles conditions. Ils sont aussi nombreux à fustiger la précipitation qui accompagne la mise en œuvre de cette mesure au moment où les problèmes cruciaux du système sanitaire béninois restent sans solutions. 

Mieux encore,   l’on s’interroge sur les mesures d’accompagnement prévues par le gouvernement pour  soutenir les hôpitaux appelés à rendre gratuite  cette opération . Il se dégage, somme toute, que cette mesure créera d’autres problèmes qui finiraient pas la plomber si le gouvernement  ne les règle pas au préalable.

Christian Tchanou

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