Accident de la circulation à Bassila

Cinq morts dont Véronique Ahoyo et deux blessés graves (Karimou Rafiatou entre la vie et la mort) Cinq morts et deux blessées graves. C’est le bilan de l’accident de la circulation dont a fait l’objet hier matin une délégation de l’Association des anciennes femmes parlementaires et ministres à hauteur de Bassila, alors qu’elle était de retour d’une tournée dans le septentrion qui l’a conduite au lycée des jeunes de Natitingou. Parmi les victimes de drame, il y a les anciens ministres, Véronique Ahoyo, sous Soglo, retrouvée sans vie, et Rafiatou Karimou, sous Kérékou, grièvement blessée. Selon les informations, Cette dernière a eu une facture ouverte à la jambe droite. Par contre, les informations demeurent encore incertaines au sujet des autres membres de la délégation. Il s'agit de Mme Régine Akindè, cadre du ministère de la famille et secrétaire du réseau des femmes leaders, Mme Marie-Jeanne Rufino ancienne chef de la circonscription de Parakou et Mme Julienne Hounkpéssodé, ancienne syndicaliste. Il faut rappeler que les deux dernières ont été toutes membres de l'Assemblée nationale révolutionnaire (ANR).  Les informations ne sont pas non plus très précises en ce qui concerne le chauffeur. Les deux rescapés de cet accident ont été conduits à l’hôpital de Natitingou pour des soins d’urgence.
Selon les informations, il y avait sept personnes dans le véhicule qui les transportait. A l’entrée de Bassila, l’un de ses pneus s’est éclaté, alors qu’il était à vive allure.
Jules Yaovi Maoussi

Qui est Mme Véronique Gbédjinon Ahoyo ?
Afin de permettre à ses lecteurs de connaître Véronique Gbédjinon Ahoyo, disparue à 68 ans, à travers sa vie telle que écrite dans des documents qui existent, la rédaction de La Nouvelle Tribune vous propose ce texte extrait d’un document intitulé « Répertoire des femmes leaders au bénin » réalisé en mars 2008 par des consultants commis par le ministère de la Famille et de l’Enfant avec l’appui de l’Unfpa.
Véronique GBEDJINON AHOYO est d’une apparence calme, d’un teint noir lessivé, les cheveux invariablement style afrocurly. Son goût pour les tenues africaines taillées dans du pagne « Tchigan » lui donne l’allure d’une femme entre deux âges. Sa tenue sociale et son attachement aux valeurs humaines et sociales font souvent dire à ceux qui l’ont côtoyée que « elle doit avoir fait chez les soeurs religieuses ». Sa démarche altière lui donne une allure de femme de rigueur. Ses cicatrices «deux fois cinq» sur le front, les tempes et les joues sont assez identitaires de son origine ethnique : elle est descendante de la lignée du python. Véronique AHOYO est l’une des toutes premières. Assistantes Sociales du Bénin (Dahomey à l’époque). Elle fait aussi partie des deux premières femmes ministres du gouvernement de transition dirigé par le premier Ministre Nicéphore Dieudonné SOGLO. On l’appelait affectueusement V2. Assistante sociale de formation, Administrateur de l’Action Sociale, Directrice des Affaires Sociales, Ministre, puis Ambassadeur, Véronique AHOYO est née GBEDJINON aura, tout au long de sa carrière gravit, un à un, les marches de l’échelle sociale jusqu’au sommet. Originaire de Ouidah, dans le département de l’Atlantique, Véronique AHOYO est la fille de feu François GBEDJINON, cuisinier, et de Justine ADJOVI KPEHOUNTON.

Publicité

Elle est née le 20 janvier 1940 à Cotonou, mariée le 28 décembre 1963 à Paris, et veuve depuis le 18 août 1985. Admise à la retraite en 1996, Véronique AHOYO partage son temps entre ses petits-fils et les multiples sollicitations dont elle est l’objet en tant que consultante en développement social et active du Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires du Bénin.

Itinéraire
Lorsque la petite Véronique répond pour la première fois « présente » à l’appel de la maîtresse d’école, c’était chez les Soeurs Catholiques de Saint Michel à Cotonou. Elle y fréquentera jusqu’en 1953, année de l’obtention de son Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE). Elle entre au Cours Secondaire Notre-Dame des Apôtres de Cotonou où elle passera toutes ses années collège jusqu’à l’obtention du baccalauréat en juin 1961. Elle part alors pour le Sud-ouest de la France, plus précisément à Toulouse, où elle est admise à l’Ecole de la Croix Rouge Française pour la formation sociale. Elle en sort, après quatre années d’études, avec le diplôme d’Etat d’Assistance Sociale en octobre 1965. Elle restera à Toulouse pour faire sa première expérience de terrain, pendant toute l’année 1966, au Service Social Scolaire de la ville. De retour au bercail, la main du destin la conduit là où elle a fait ses premiers pas d’écolière, Saint Michel, pour y servir en qualité d’assistante sociale de 1966 à 1970. Véronique AHOYO ne se contentera pas du peu. Viser toujours plus haut, toujours plus fort, c’est comme une devise pour elle. Malgré l’emploi et le salaire assurés, les avantages et le prestige que lui confère son poste de Directrice Adjointe des Affaires Sociales à l’époque et malgré son statut de femme mariée, elle décide de retourner à l’Université.
Elle passe deux années d’études à l’Université d’Abidjan d’où elle sort nantie d’une
Maîtrise ès Sciences Sociales Appliquées, de 1970 à 1972. Après sa formation, elle rejoint son ancien poste qu’elle gardera pendant trois ans avant d’être promue Directrice des Affaires Sociales au Ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Affaires Sociales de 1975 à 1990. Un peu comme dans une logique ascensionnelle, elle est enrôlée par le Premier Ministre issu de la Conférence Nationale des Forces Vives, Nicéphore Dieudonné SOGLO, dans le gouvernement de transition au poste de Ministre de la Fonction Publique, du Travail et des Affaires Sociales, de 1990 à 1991. Elle conservera son portefeuille après la formation du gouvernement du Premier Président de l’ère du Renouveau Démocratique au Bénin, d’avril 1991 à septembre 1993. L’année suivante, elle est nommée Ambassadeur Plénipotentiaire du Bénin près le Canada. C’est à ce poste qu’elle fera valoir des droits à une pension de retraite en 1996. Véronique AHOYO est une femme de rigueur et de principe. De la rigueur dans le travail et le goût du travail bien fait, elle s’en impose et en impose à ses collaborateurs comme la seule clé de la réussite, tant dans la vie quotidienne que dans la vie professionnelle. Le dialogue, l’écoute et la concertation sont ses armes privilégiées pour affronter les difficultés. Sa réussite, elle la doit à ces principes et valeurs, et surtout au soutien de son feu mari, de ses enfants et de certains de ses chefs hiérarchiques.

Actions
Véronique AHOYO est un cadre bien averti des questions de développement social, et en tant que tel, elle a beaucoup contribué à jeter les bases de la politique sociale au Bénin par l’élaboration de programmes en direction des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des personnes âgées et des couches vulnérables. En matière de mise en oeuvre de stratégies de service social de groupe et de promotion des communautés, elle a joué un rôle de pionnière, surtout avec le passage des centres sociaux d’antan en Centres de Promotion Sociale (CPS), structures déconcentrées du Ministère en charge des Affaires Sociales. L’époque où elle était devenue, ironie du sort, Ministre en charge des Affaires Sociales, correspondait à la fin de l’Etat providence avec ce que cela comportait comme accumulation de problèmes sociaux au sein des communautés à la base. Il lui revenait, en tant que détentrice du portefeuille des affaires sociales, de trouver les stratégies appropriées pour apprendre aux communautés à la base à prendre en charge leur propre promotion. L’approche regroupement des femmes et des jeunes autour d’activités génératrices de revenus, une initiative de son génie, a servi de déclic pour le développement social des communautés à la base. La plupart de ses actions visent la promotion de la femme et la survie de l’enfant. Elle s’est beaucoup investie, durant toute sa carrière professionnelle, à l’IEC pour la santé et le suivi nutritionnel des enfants de zéro à cinq ans, au suivi des enfants en âge scolaire, à la promotion des groupements de femmes autour d’activités génératrices de revenus, à la formation des femmes en matière de droits de l’homme, de gestion et à l’économie domestique. En matière de promotion de la femme, Madame AHOYO est loin d’être satisfaite de la condition actuelle de femmes béninoises. Elle estime, en effet, que ces dernières sont toujours minoritaires dans le dialogue politique et social et qu’elles sont sous représentées dans les instances de décisions et dans les institutions républicaines, malgré leur importance numérique. C’est une injustice à corriger, dit-elle, à travers la scolarisation et le maintien des filles à l’école, une éducation qui permettrait aux femmes de demain de mieux s’assumer, tant dans leurs foyers que dans la société, et de mieux s’ouvrir au monde. Pour terminer, elle insiste pour qu’on éduque aussi bien les filles que les garçons afin qu’ils comprennent que le monde est fait de femmes et d’hommes, et qu’ils sont, tous les deux, égaux en droits.

Testament
Véronique AHOYO se trouve un peu embarrassée quant à la question de savoir quel héritage elle souhaiterait laisser à la postérité. Aussi modeste que soit sa réponse, elle n’est pas moins l’expression de la grandeur d’âme d’une dame pour qui la valeur intrinsèque de l’individu doit triompher de tout. « La gestion des intérêts publics, c’est-à-dire des affaires de l’Etat, étant une continuité, l’héritage s’appréciera dans le temps et dans l’espace. Chaque responsable apporte sa pierre à l’édification de la nation. J’ai eu à apporter la mienne à travers les hommes et les femmes que j’ai administrés, à travers les hommes et les femmes que j’ai formés. Je me suis contenté de le faire avec la plus grande conviction et dans la rigueur que je me suis imposée.
Tout cela ne saurait être apprécié que par les autres, avec le temps et avec la succession des hommes », dira-t-elle pour montrer que le temps est le maître de l’homme.

Publicité

 Extrait du document intitulé Répertoire des femmes leaders au Bénin réalisé par le ministère de la Famille et mise en ligne par www.offbenin.org

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité