Chronique: séminaire (AMOUSSOU-YEYE)

Relecture du texte de l'abbé Quenum
Une relecture de « La politique de l’échec» de l’Abbé André QUENUM
Si pour nous rassurer quant à la bonne tenue et l’issue de notre Conférence nationale, nous avions désigné comme président du Praesidium, un prélat en la personne de Monseigneur de SOUZA, ce n’est pas parce que les prélats, les ecclésiastiques en général, sont plus que tout le monde, des observateurs et acteurs impartiaux de la vie politique nationale. Un laïc catholique aurait pu faire preuve de la même honnêteté intellectuelle et morale. Ce qui fait par contre la différence entre un laïc chrétien et un religieux, catholique en l’occurrence, c’est la vaste étendue des connaissances en sciences de l’homme  et de la société dispensées dans les séminaires et autres universités catholiques auxquelles ils ont eu droit des années durant. Le Père André QUENUM, directeur de publication de l’organe catholique La Croix, n’est pas qu’un observateur « neutre » de la vie politique nationale. C’est un journaliste et un éditorialiste de talent dont les dernières réflexions sur le Séminaire de d’Abomey-Bohicon ont débouché sur la création d’un concept nouveau dans le champ de la sociologie politique : la politique de l’échec ; au même titre que le Suédois Goran HYDEN parlait de « la politique d’affection » ou Jean-François BAYART de « la Politique du ventre ». Je ne serais pas trop prétentieux en affirmant que je suis devenu l’un des meilleurs spécialistes de la sociologie politique du bénin ; Aussi  serait-ce faire preuve d’une modestie de mauvais aloi que de ne pas porter à la conscience de mes concitoyens que j’avais eu exactement les mêmes appréhensions face à ce rassemblement de G4, G13 et Force Clé des 28 et 29 novembre derniers. Les régulations suivantes sautent aux yeux et elles n’ont pas échappé à un esprit aussi méthodique que le Père André QUENUM. Analysons-les une à une, telles qu’elles ont été développées par l’éditorialiste de La Croix, avant d’essayer d’en faire une critique au sens philosophique du terme. Le Révérend Père QUENUM en est arrivé à jeter un véritable pavé dans la mare en décrétant tout simplement l’échec des politiques ; là où le praticien de l’action politique que je demeure a du mal à lapider ainsi la classe politique dans son ensemble.        
Pourquoi la rencontre d’Abomey-Bohicon est-elle l’illustration patente d’une nouvelle politique de l’échec ? En voici les raisons telles qu’elles sont énumérées par le Révérend Père.
1)    C’est un montage de faillite politique compromettant pour l’avenir de la démocratie béninoise.
2)    C’est le remake d’un mauvais film : le montage politique qui a conduit en 1996 à la chute du Président SOGLO. Le Front commun ne veut que rééditer pour 2011 la stratégie mise au point en 1996.
3)    C’est une solution de retour aux vomissures, camouflée sous le prétexte du principe de l’alternance, qui repêcha Mathieu KEREKOU.
   
Dans ces conditions, que diable Nicéphore SOGLO est-il parti faire dans cette galère ? Comment la seule victime de la grande machination de 1996 peut-elle encore se retrouver en bonne intelligence avec ses anciens bourreaux ? Syndrome de Stockholm ou absence totale d’originalité politico-idéologique de la part du premier Président du Renouveau Démocratique ? On attend mieux de lui que d’emboucher la trompette de la "solution KEREKOU",  lui qui pendant dix ans, a semblé brocarder cette imposture ?

Qu’est-ce donc la "solution KEREKOU" ?
1) C’est une voie de régression politique et non une avancée de la démocratie béninoise.
2)    C’est une solution de combines politiques de gens mus plus par la volonté de détruire, suivant en cela leurs appétits égoïstes que la voie de patriotes sincères, décidés à construire pour l’avenir de leur pays. C’est donc une voie païenne et non chrétienne et qui a plongé le Bénin dans une logique de recul à tous points de vue.
3) C’est une voie d’immobilisme, de peur d’engranger des reformes impopulaires. La seule ambition du modèle KEREKOU que les thuriféraires du séminaire d’Abomey-Bohicon nous proposent derechef, c’est «  trouver les équilibres nécessaires pour satisfaire les appétits gloutons, multiples et multiformes  des principaux acteurs politiques  afin de conserver le pouvoir le plus longtemps possible  au détriment du renforcement de l’Etat de droit, de la justice, de la bonne gouvernance, de la croissance économique et du développement, entre autres. » 
La conclusion du Père André QUENUM tombe comme un couperet : le séminaire d’Abomey-Bohicon manque  de crédibilité.
Dans une prochaine chronique, nous mettrons en exergue les particularismes de ce rassemblement des forces politiques G4, G13 et Force Clé, nonobstant le fait indéniable que ses initiateurs, presque tous issus de la galaxie KEREKOU, en portent le péché originel. 

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Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC

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