Pourquoi le démarrage de la gratuité a raté
(Les responsables du Cnhu et de l’Homel aucunement impliqués?)
Annoncée à grand renfort médiatique pour démarrer le lundi 1er décembre dernier, la mesure de la gratuité de la césarienne dans les hôpitaux publics du Bénin n’a pas été effective à la date fixée. Les raisons sont multiples. Entre autres, les vrais acteurs n’auraient pas été impliqués dans sa mise en œuvre, et les moyens pour la réaliser n’auraient été encore guère mobilisés.
L'ex ministre de la santé, Kessilé Tchalla devrait être en train de regretter certainement d'avoir promis aux béninois de faire démarrer la mesure de la gratuité de la césarienne dès le 1er décembre 2008. Puisqu'à cette date, tout laisse croire que cette mesure est encore loin d'être mise en route. C'est dire donc que le tintamarre médiatique qui l'avait annoncée n'aura été pour rien. La césarienne est, en effet, une mesure d'exception, en cas d'accouchement difficile chez la femme. Et lorsqu'on y fait recours, c'est soit pour sauver la mère, l'enfant ou les deux. Cette opération constitue donc un acte chirurgical d'urgence que ne prévoient pas souvent les couples en situation. Il se pose dès lors un problème d'accessibilité financière face à laquelle, le gouvernement du Dr Boni Yayi a tenté de répondre, en décidant, il y a quelques mois, de la gratuité de la césarienne.
Les dernières statistiques en matière de santé familiale sont alarmantes : pour 100.000 naissances vivantes, on enregistre 397 décès de mères et 21 décès de nouveau-nés pour 1000 naissances. De plus, chaque année, 1500 jeunes mères en couches décèdent dans le pays, indiquent les statistiques. Si la césarienne était accessible à toutes les couches de la population, ces chiffres ne seraient pas si élevés, soulignent presque tous les professionnels de la santé. La décision du gouvernement reste donc salutaire.
Impréparation et précipitation
Que l'Etat accepte donc de rendre gratuite cette opération, est a priori, une bonne chose, car les femmes qui se trouvent dans cette situation sont pour la plupart des femmes à revenus bas. Mais il y a des questions qui se posent. Est-ce que c'est l'acte opératoire seulement que l'Etat veut prendre en charge et non les soins ? Rien n'est encore clair à ce niveau à la date d'aujourd'hui." Ce qui nous gène, et il faut être franc pour le dire, c'est qu'on ne peut pas généraliser la gratuité de la césarienne à toutes les couches sociales. Il y a là quelque chose qui cloche " se désole, le premier responsable du service social du Cnhu, Mr Alfred Avodaho. Il ya là un problème qui mérite d'être élucidé. Pas plus que pour les cas des personnes qui ne sont pas des fonctionnaires de l'Etat mais qui ont un standing de vie qui leur permet de faire face aux frais liés à la césarienne. "Que l'Etat accepte de la gratuité de la césarienne, ce qu'on appelle la discrimination positive " préconise Mr Avodaho. Il insiste surtout sur le fait que cette mesure devrait viser notamment les couches déshéritées et non tout le monde. Pour sa mise en œuvre avortée, les responsables au plus haut niveau du Cnhu et de l'Homel n'auraient été aucunement associés. Il en serait de même des assistants sociaux hospitaliers, des services sociaux hospitaliers et tous les travailleurs sociaux , mieux pour permettre, entre autres une répartition plus juste des fonds alloués et aider les couches les plus déshéritées à vraiment en bénéficier.
Associer les vrais acteurs
Evoquant quelques statistiques au niveau de son service, Mr Avodaho signale par exemple, que de janvier 2008 à septembre 2008, 203 cas de personnes ayant subi la césarienne et qui sont dans une situation sociale critique, ont été enregistrées. D'où la nécessité d'associer les vrais acteurs pou réussir cette opération de gratuité de la césarienne. Ce qui n'est pas encore le cas. D'autres sources de Chnu confirment la non implication des responsables de l'hôpital dans les préparatifs de la mise en œuvre de cette mesure." Le Cnhu ne peut pas être pris à partie dans les grandes décisions en matière de santé dans notre pays. Cela est extrêmement grave" dénonce une source proche de la direction de cet hôpital. Il en serait de même au niveau de l'Homel, dont les responsables disent ne jamais être associés de près ou de loin, à la mise en œuvre de cette mesure." Je souhaiterais vivement que le Cnhu et l'Homel soient t fortement impliqués dans les grandes décisions en matière de santé dans notre pays." déclare la même source.
Selon plusieurs autres sources du Cnhu qui ont requis l'anonymat comme celles contactées à l'Homel, pour passer des conditions ordinaires de soin relatives à l'opération de la césarienne, il faut de la part du gouvernement un montant d'environ 3 milliards de Fcfa. Un montant qui doit couvrir les frais de l'ambulance, de l'acte opératoire et autres. Cette subvention, n'étant pas encore apportée par à ces hôpitaux, la gratuité de la césarienne demeure une utopie aux yeux des responsables. En outre, sans cette subvention, le personnel médical ne peut être convenablement payé, car leurs salaires dépendent pour la plupart des recettes effectuées au niveau des caisses financières des hôpitaux retenus pour conduire cette opération.
Christian Tchanou