Rassemblement du G4, du G13 et de Force clé

Opposition ou instrument de chantage à Yayi?Opposition ou instrument de chantage à Yayi?
Le G4, le G13 et Force clé, réunis au sein du cadre de concertation politique, ont réussi un  tour de force, en organisant, les 28 et 29 derniers à Bohicon le séminaire sur le thème " union fait la force ". Cependant, ce pas de géant, annonçant un signal fort pour 2011, recèle  des zones d'ombres. S'agit-il  désormais d'une opposition responsable au régime de Yayi ou bien  ses membres  vont-ils continuer à se réclamer de la majorité présidentielle ?

Il est peut-être temps de faire la part des choses, de clarifier le paysage politique national. Le séminaire de rentrée politique que vient de tenir le cadre de concertation politique a débouché sur un rapport général qui dresse un tableau sombre et " catastrophique " de la gestion du pays sur tous les plans. Cela sous-entend que les membres de ce rassemblement  et le pouvoir en place ne sont plus en principe sur la même longueur d'onde concernant la manière dont le Bénin doit être gouverné. Les membres du G4, G13 et de Force clé  l'ont si bien exprimé que dans le  rapport qui a  sanctionné leurs travaux, il a été question de la définition d'une nouvelle vision qui va entraîner l'avènement d'un changement réel et répondre aux aspirations du peuple béninois.

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Voilà un diagnostic bien sombre, qui n'est certainement pas très loin de celui que l'on faisait d'un régime précédent, dont la plupart des pourfendeurs d'aujourd'hui avaient été les ardents défenseurs. Ce qui ne signifie pas que les tares et les errements qu'ils dénoncent ne reflètent pas les réalités de la gestion du pouvoir du changement. En fait, le commun des Béninois est simplement désabusé et malheureux devant le triste spectacle que présentent ces deux tableaux : il y a quelques années, des fils de ce pays, après l'avoir géré  pendant plus d'une décennie l'ont mis à genou. Le peuple, désemparé devant un avenir bouché, a cru bien faire d'aller se jeter, les yeux fermés, dans les bras de ses autres fils qui lui ont promis l'émergence et le changement. Deux années plus tard, le revoilà au  bord d'un nouveau désenchantement qui va plutôt a crescendo. Il en est là, à ruminer ses regrets quand ceux qu'il a chassés naguère réapparaissent pour lui dire qu'ils ont maintenant des recettes mille fois meilleures à celles des précurseurs du changement et de l'émergence.

L'embarras dans le cas de ces anciens-nouveaux, qui tentent vaille que vaille d'afficher une unité de façade, c'est leur incapacité à être sincères avec le peuple en clarifiant leur position vis-à-vis du pouvoir de Yayi.

Opposants ou mouvanciers ?
Deux chosent intriguent dans le comportement des membres du cadre de concertation politique. A les entendre et à les voir agir, ils ont tout d'une opposition. Pourtant, ils refusent de se désigner comme telle. Pourquoi ? Il y a peu ils se réfugiaient derrière le prétexte selon lequel le président de la République n'avait pas pris le décret d'application de la loi portant statut de l'opposition. Ce décret existe désormais. A court d'argument,  ils s'agrippent à un nouvel alibi : " A l'analyse, le décret pris par le gouvernement n'offre pas de garanties suffisantes quant à l'accès équitable des partis aux médias, à leur droit de réponse au gouvernement et à la sécurité des manifestations pacifiques et l'intégrité physique des opposants ". Cela ne fait pas trop responsable de la part du G4, du G13  et de Force clé. On se souvient, la Rb et le Prd n'avaient pas eu besoin de tant de formalités et de formalisme, encore moins  d'un cadre légal aussi complet avant d'affirmer et de déclarer leur opposition à Kérékou. Cette tergiversation  laisse donc penser que la coalition anti-Yayi a des arrière-pensées ou qu'elle serait assise entre deux chaises.  En effet, dans ses rangs, force est de constater qu'il y en a qui ont un pied dans le changement, avec des ministres dans le gouvernement  et le second au sein du rassemblement. Or, ce que le peuple aimerait voir, c'est plutôt une opposition claire et sans ambiguïté, capable de constituer une alternative crédible. Une opposition qui donne la preuve de sa capacité à ne pas reconduire le pays dans les erreurs du passé et qui dans le même temps se révèle en mesure de ne pas retomber dans les mêmes errements que le pouvoir actuel. Mais, lorsqu'on regarde  ceux qui se proposent de constituer l'alternative à Yayi, on a la certitude, pour les avoir déjà vus à l'œuvre qu'ils ne feront jamais mieux qu'ils l'ont été. Néanmoins,  pour que, le cas échéant, ils puissent bénéficier d'une nouvelle confiance du peuple, il leur faudrait donner un signal assez fort qui préjuge de leur bonne foi et de leur renaissance. C'est sans doute ce gage que le Cadre de concertation politique va s'efforcer de donner aux  Béninois pour espérer avoir à nouveau leur bénédiction.  Sinon son activisme de ces derniers temps ne serait pas loin d'un chantage au régime en place pour le contraindre à accéder à ses exigences de partage de gâteau national.

Alain C. Assogba

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