Séminaire G13, Force Clé et G4

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Les discours de Bruno Amoussou, Léhady Soglo et Adrien Houngbédji

 

Discours d’ouverture de Bruno Amoussou au séminaire G13, Force Clé et G4 le 29 Novembre 2008

Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

/food/amoussou1.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » />Souvenez-vous, chers amis, de l’enthousiasme populaire qui avait accueilli les conclusions de la Conférence nationale que nous avions organisée en février 1990.
Souvenez-vous du soulagement et de la satisfaction des populations à l’annonce des résultats des élections présidentielles et de leur acceptation par le concurrent du candidat élu en 2006.
Souvenez-vous de l’immense espoir suscité par la promesse de changer, en bien espérions-nous, la conduite des affaires publiques pour la réalisation du rêve que nous avions cristallisé à l’article 9 de notre Constitution en y affirmant que « Tout être humain a droit au développement et au plein épanouissement de sa personne dans ses dimensions matérielle, temporelle, intellectuelle et spirituelle, pourvu qu’il ne viole pas les droits d’autrui ni n’enfreigne l’ordre constitutionnel et les bonnes mœurs »
Souvenez-vous des nombreuses initiatives que nous avions prises pour soutenir l’action du Chef de l’Etat afin de lui permettre de bénéficier de l’intelligence de toutes les Béninoises et de tous les Béninois ainsi que de leur disponibilité à l’aider dans l’accomplissement de ses responsabilités.
Parce que nous nous sentons bâtisseurs du présent, nous savions, à travers notre hymne national, que nous serions plus forts dans l’unité chaque jour à la tâche.
Ce fut le motif de la mobilisation de tout notre peuple, debout.
C’est aujourd’hui, hélas, la raison de notre grande déception, de notre inquiétude pour l’avenir de notre pays dans ce monde en pleine mutation.
C’est également la raison du sursaut qui nous a conduits ce jour, vendredi 28 novembre 2008, dans cette salle. Comme nous en avons convenu, nous passerons deux jours ensemble, certainement pour mieux nous connaître mais sûrement pour cultiver notre aptitude à travailler ensemble, partager nos expériences et nos propositions pour un Bénin apaisé comme nous l’aimons.
Par le passé, il nous était arrivé de livrer des combats électoraux féroces. Mais nous avions toujours su nous en tenir à l’essentiel. Nous avions toujours réussi à déjouer les plus sombres pronostics et à maintenir un climat de paix. S’il nous est possible de nous retrouver aujourd’hui, c’est parce que hier nous n’avions pas franchi le pas de la violence et que l’intolérance n’a jamais guidé nos actions.
C’est à continuer dans ce sens que nous voulons nous engager. Déjà, les travaux préparatoires à cette rencontre ont fait tomber de solides murs d’incompréhension. Ils ont ouvert de nouveaux horizons dans nos relations. Nous savons maintenant que l’accord sur ce qui ne va pas n’emporte pas automatiquement un accord sur ce qu’il faut faire. Il est à souhaiter qu’à la fin de nos travaux nous puissions dégager pour notre peuple des perspectives qui lui permette d’espérer.

L’actualité internationale a fait souffler sur le monde entier un vent d’optimisme au moment même où des crises alimentaires, énergétiques et financières assombrissaient l’horizon. « Oui, nous pouvons » est devenu le slogan de ceux qui plongeaient dans le désespoir. Il faudrait cependant le vouloir et s’en donner les moyens. N’est-ce pas l’une des raisons de notre présence ici ?
Le chemin à parcourir sera long et plein d’embûches. Nous venons d’apprendre que depuis plus de 200 ans, l’élection du président des Etats-Unis a lieu un jour fixe, « le mardi suivant le premier lundi de novembre de la quatrième année suivant l’élection présidentielle ». Cela a été encore le cas cette année. Et voilà que pendant ce temps, nous, nous ne savons pas encore si la nôtre aura lieu en 2011 et à quelle date. Dans ce grand et puissant pays, depuis 1933, le président élu prend fonction le 20 janvier à midi. Ce sera le cas encore cette fois-ci. Nous autres, nous ne connaissons pas encore la date de  l’élection des maires et leur prise de fonction à la suite d’élections que nous avons organisées il y a plus de sept mois. 
Aussi devons-nous nous interroger pour identifier ce qui nous empêche de réfléchir et d’agir comme les autres.

Il y a quelques années, l’un des pays de notre sous-région était comparé à la Suisse.  On parlait de miracle au sujet de la forte croissance d’un autre. Dans ces pays, leurs dirigeants avaient construit des routes, des échangeurs, des aéroports, des salles de classe, des centres de santé. Des investisseurs étrangers se précipitaient dans ces contrées enviées par nous tous.
Mais pour n’avoir pas régler la question politique, ces pays se sont retrouvés dans de grandes difficultés. Tout ce qui avait était réalisé a été laissé à l’abandon. Les aéroports sont devenus déserts. Faute de clients, les hôtels ont été livrés aux chauves souris et se sont dégradés. Les routes ont été défoncées et des ponts ont été emportés par les inondations. Pire, la société s’est disloquée et des conflits internes plus ou moins violents ont amené les investisseurs à fuir pour s’installer dans des endroits plus sereins ou des bailleurs de fonds à suspendre leur coopération. Aujourd’hui, les nouveaux dirigeants de ces pays sont obligés de recommencer et de rebâtir.
C’est donc la question politique qui doit être au centre de nos travaux si nous voulons assurer le développement durable de notre pays. Tous ceux qui aiment notre peuple et désirent sincèrement l’aider à vaincre la pauvreté doivent donc se préoccuper également de la question politique, de la gouvernance politique et non pas continuer à nous égarer sur des routes qu’eux-mêmes n’ont jamais empruntées.
Nous venons de vivre aux Etats Unis une campagne électorale où des candidats ont présenté pendant deux ans leur programme à leurs concitoyens et au monde entier. Tous membres de partis politiques et intervenant dans le cadre de leur parti politique, ils ont offert à leurs électeurs des choix qui ont déterminé les votes. Nous ne retrouvons dans aucun pays développé les modèles apolitiques qui nous sont proposés et que nous chérissons. Voilà pourquoi, nous, responsables politiques devons nous armer pour assumer nos responsabilités en tant qu’animateurs principaux de la vie publique. 

Chers amis,
Aussi grand que soit notre désir de ne point nous noyer dans la critique du présent, il parait difficile d’ouvrir de nouvelles pistes sans évaluer le chemin parcouru. La tâche nous est facilitée par l’opinion unanime sur le blocage auquel nous a conduit la pratique politique mise en œuvre depuis 2006. Le Chef de l’Etat et son gouvernement en ont pris la mesure en convoquant des journées nationales d’échanges et de dialogue politique. Ils ont enfin compris que leur marche à pas forcés ne peut susciter l’adhésion et l’enthousiasme populaires sans lesquels aucun développement n’est possible.
Il est incontestable que la cause première de nos difficultés actuelles se trouve dans la pratique politique du régime dit du Changement, dans sa philosophie politique et dans son style de gouvernement. Nous connaissons ses théoriciens qui avaient envahi notre pays dès la prise de pouvoir du Chef de l’Etat. L’un de leur poète invitait, souvenez-vous, le peuple à venir « contempler le cadavre livide de la vieille classe politique ». Leur conception de l’action publique vantait les liens qui reliaient directement le peuple à son chef charismatique. Elle recommandait l’affaiblissement et l’élimination des autres acteurs de la vie publique, présentait les institutions de contre pouvoir comme des freins à l’action bienfaisante du Chef, seul en mesure de comprendre et de satisfaire les aspirations du peuple.
 C’est la raison pour laquelle ses tenants ne considèrent que les apparences de la démocratie et rejettent l’expression de la souveraineté du peuple à travers ses représentants. C’est cela l’origine de la crise à l’Assemblée nationale. C’est cela l’explication des conflits avec la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. C’est aussi la raison de la confiscation des compétences des communes par le pouvoir exécutif.
Ce lien direct du Chef avec le peuple conduit à organiser de grands rassemblements, sans aucune préparation, dont la finalité est de servir de couverture aux décisions déjà prises. De telles manifestations présentent les apparences d’un dialogue démocratique alors qu’en réalité elles sont destinées à entériner le contenu du monologue présidentiel à leurs séances d’ouverture et de clôture. Ces feintes et ces esquives des principes démocratiques alimentent un vacarme médiatique qui s’efforce de valoriser la forme par rapport au fond des problèmes qui se posent à notre société et qui magnifie l’annonce des actions par rapport à leurs résultats concrets.
Cette même démarche conduit à ne pas rechercher les suggestions et les propositions qui viennent des députés. Tout se conçoit au gouvernement ; tout se décide au gouvernement ; tout s’approuve au gouvernement. En deux années, le gouvernement n’a jamais sollicité l’avis de l’Assemblée nationale dans la conduite des indispensables réformes dont notre pays a besoin. Ce qui est la norme dans les pays de démocratie avancée n’est même pas l’exception chez nous. Aucun des nombreux états généraux organisés sur la santé, l’éducation, l’agriculture, la sécurité n’a fait l’objet d’une loi dont la discussion aurait bénéficié des contributions des députés, du soutien des média et de l’intérêt de la population.
Comment s’étonner dans ces conditions que, depuis 2006, le Chef de l’Etat exécute un budget différent de celui voté par l’Assemblée nationale et ne reconnaît à celle-ci que le devoir d’approuver les dépenses déjà effectuées ? Ce faisant il prive la Représentation Nationale de l’une de ses prérogatives fondamentales. Il remplace la volonté du peuple par la sienne. C’est ce que nous dénoncions le 12 mars par le slogan NON à la dictature car le dictateur est celui qui veut que sa volonté de chaque instant devienne la loi de la République.
Le renouvellement des budgets rectificatifs, qui ne devraient prendre en compte que les actions imprévues ou urgentes, est le signe évident d’une incapacité à prévoir et de l’improvisation comme mode de gestion du pays. Il ne reste aux députés de la législature des ratifications de crédits qu’à lever la main pour donner leur accord à chaque sollicitation. Cela n’est pas acceptable.
Etendue aux autres institutions, la stratégie d’affaiblissement des autres acteurs transfère les compétences constitutionnelles du Conseil Economique et Social à un Haut Commissariat de la gouvernance concertée, un organe administratif. Ce faisant, les représentants des syndicats, des chercheurs, des artistes, des artisans, des associations de développement, de toutes les couches socioprofessionnelles se trouvent exclus de la promotion du dialogue social. C’était pourtant eux qui avaient conduit la popularisation de nos souhaits consignés dans les documents de perspectives à long terme Bénin 2025.
C’est la même stratégie qui conduit le gouvernement à annoncer les mesures sociales hors du cadre des négociations paritaires afin de décrédibiliser les dirigeants syndicaux et l’action syndicale. C’est encore elle qui fait détruire et reconstruire des salles de classe, recharger des rues dans les quartiers, creuser des puits, ériger des villas, disséminer des stations d’essence sans s’en référer aux conseils communaux dans le but d’affaiblir et de décrédibiliser les Maires.
Cette stratégie n’épargne guère l’administration. Chacun sait que la définition des attributions d’un ministère et des relations entre les services prend au moins une année. Modifier souvent la structure du gouvernement, c’est placer l’administration dans l’impossibilité de fonctionner, la déstabiliser, l’affaiblir afin d’obliger les ministres et les cadres, sans attributions bien définies, à se tourner chaque matin vers le Chef de l’Etat et ses conseillers pour solliciter des instructions. La recherche de bureaux, les interminables séances d’arbitrage de compétences, les commandes de papier à entête et de tampons prennent alors le pas sur l’étude des dossiers pour le plus grand malheur de notre pays.

Chers amis,
Elle est longue, la liste des manifestations de cette philosophie politique et de ce style de gouvernement qui nous conduisent, pour la première fois, à des journées nationales d’échanges et de dialogue politique. Nous aurions voulu ne pas y consacrer nos assises. Toutefois, nos commentaires seraient incomplets s’ils laissaient de côté certains aspects qui se sont incrustés dans nos mémoires.
Il en va ainsi de propos tenus durant les campagnes électorales lors des élections législatives puis des élections communales. Que la presse n’ait pas été autorisée à couvrir les évènements partout dans le pays accrédite les exhortations régionalistes et tribalistes dont certains témoins s’étaient fait l’écho. Que les déplacements et visites du Chef de l’Etat dans certaines régions continuent de ne pas bénéficier de l’abondante couverture médiatique habituelle alimente les rumeurs sur le degré de son engagement à consolider l’unité nationale. Que des pressions aient été exercées sur des candidats pour l’établissement de listes uniques lors des élections communales participe des mêmes conceptions politiques. La lecture de la carte politique issue de ces consultations confirme bien un net affaiblissement de la cohésion nationale.
Sur ce registre, chacun sait, le Chef de l’Etat en premier, compte tenu de ses responsabilités antérieures, que nul ne peut engager un investissement important sans élaborer un dossier économique, technique et financier. L’aéroport de Parakou mobilise des ressources supérieures à tous les investissements prévus en 2009 pour la santé sur l’ensemble du territoire national. Décider de le construire par une procédure d’urgence, c’est rechercher et souhaiter l’opposition de tous ceux qui plaident pour la bonne gouvernance financière et luttent contre la corruption. Or d’expérience nous savons que lorsque des cadres avertis posent des actes inconséquents, il faut toujours rechercher leurs vraies motivations.
Dans le cas d’espèce, le but évident est d’opposer les communautés entre elles : celles qui ne parviennent pas à sortir leurs productions de leurs champs, faute de pistes, à celles qui espèrent une impulsion de leur développement ou un relèvement de leur prestige. Il s’agit de présenter tous ceux qui émettent de légitimes objections comme des traîtres ou des ennemis de certains groupes sociaux. Il s’agit d’abandonner le programme de desserte de chaque chef lieu de commune par une route bitumée pour affecter les ressources à une action électoraliste. Il s’agit d’affaiblir la cohésion nationale et de souffler sur les braises de la division en attendant les flammes en cas de besoin.
Oui, notre cohésion nationale est mise à mal. Ce qui était une maladie honteuse est devenu un élément de promotion. Mobiliser sa communauté pour remercier le Chef de l’Etat d’avoir jeté un regard miséricordieux sur un groupe ethnique en élevant un de ses fils à la dignité de ministre occupe nos écrans de télévision publique. Constituer des associations ethniques ou des groupes de pression valorise leurs promoteurs.

Chers amis,
Permettez-moi de ne pas prolonger ces commentaires qui ne s’adressent pas aux autres mais à nous-mêmes. Notre rencontre n’a pas pour finalité d’adresser des critiques aux autres. Elle n’aurait aucun sens si elle ne dégageait pas ce que nous ne voulons pas faire et ce que nous voulons faire. Elle doit constituer une étape dans la conception d’un programme d’actions pour le redressement  économique et social de notre pays et surtout pour le renforcement de sa cohésion sociale.
Nous savons que cet objectif ne peut être atteint sans une juste répartition des richesses entre nos compatriotes, entre nos régions. Il ne peut l’être si la lute contre la corruption disparaît même dans les simples discours depuis que beaucoup en ont découvert les filons et les charmes. Les marchés passés en urgence et les ordres de paiement constituent des gisements inépuisables. Les cuillères à café ont été remplacées par des louches avec le regret que Dieu n’ait pas créé une troisième main.
Nous ne pourrions pas y arriver sans les femmes et les jeunes. Avons-nous déjà une politique alternative au gaspillage actuelle ? Sommes-nous prêts à sortir des annonces de gratuité pour réaliser effectivement les gratuités ? Pouvons-nous achever tout ce qui a été entrepris et laisser à l’abandon ? Où trouver les sommes déjà promises à chaque sortie du Chef de l’Etat ? Comment voulons-nous organiser le partage du pouvoir entre tous les acteurs de la vie publique ?
Aucune hypocrisie ne peut nous amener à taire notre ambition de conquérir et d’exercer le pouvoir. Cela ne suffit pas. Pour éviter les erreurs du passé, nous ne devons pas attendre d’y arriver avant de dire ce que nous allons réaliser et comment le réaliser. Les Américains viennent de nous donner un exemple. Il est heureux que nous ayons convenus de rechercher le pouvoir comme un moyen pour sortir nos populations de la misère, pour relancer les ventes dans les marchés, pour baisser les prix des denrées alimentaires en produisant plus, pour offrir les mêmes chances de réussite dans la vie aux fils du pauvre et du riche, pour ramener l’espoir dans le mental de notre jeunesse, pour participer à la construction d’une Afrique forte, digne et respectée.
Il en va ainsi de la démocratie dont nous voudrions revisiter les exigences. Elle ne peut vivre avec des acteurs affaiblis. Nos échanges avec des amis qui évoluent dans d’autres contextes nous aideront à renforcer le front de tous ceux qui savent que la liberté est la principale source du progrès.

Chers amis,
Comme moi, vous avez entendu les supplications des populations :
Restez ensemble ;
Renforcer votre cohésion ;
Ne vous diviser plus ;
Cessez les combats et les querelles entre vous ;
Occupez-vous de nous ;
Notre première réponse a été de retourner dans l’hémicycle, ce haut lieu de la démocratie, pour y rapporter le symbole de l’unité que chaque député regarde lorsqu’il s’adresse au Président de l’Assemblée Nationale : la jarre trouée que nous voudrions boucher de nos doigts. C’est le symbole du séminaire. C’est notre thème central : l’Union fait la Nation.
Nous savons, d’expérience, que la conquête du pouvoir suppose une bonne organisation. Nous savons moins que son exercice appelle une plus forte organisation dont il est préférable de fabriquer les instruments avant d’accéder au pouvoir. Le Parti Dahoméen de l’Unité en 1962, le Parti Démocratique Dahoméen en 1964, l’Union pour le Renouveau du Dahomey en 1969, le Parti de la Révolution Populaire du Bénin en 1975, la Renaissance du Bénin en 1992, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent en 2008 ont connu ou connaissent les limites et le devenir des organisations politiques crées après l’ascension de leurs promoteurs au pouvoir. Nous sommes riches de toutes ces expériences et avons en notre sein d’éminents acteurs de ces initiatives.
Mieux que tout autres, nous sommes en mesure de faire le bilan pour rompre avec les pratiques qui laissent notre pays dans un état de délabrement politique préjudiciable à sa stabilité et à sa cohésion.  
Ce rassemblement impressionne ;
Ce rassemblement inquiète ;
Ce rassemblement rassure.
Ne nous décevez pas, tel est le défi que le peuple nous lance.
Quelle sera alors notre réponse ?
A vous d’en décider !!!

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 Discours de Léhady Soglo à la réunion G13, Force Clé et G4 le 29 Novembre 2008

/lehady.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » />Chers amis, militantes et militants des partis politiques du G4, G13 et Force Clé, chers compagnons,
Pendant que notre pays, le Bénin est confronté à des défis de toutes sortes, c’est de solidarité, de concorde et surtout d’union que j’aimerais vous entretenir en ces heures de fin de nos retrouvailles. Car, les quelques mois que nous avons partagés ensemble m’ont permis de me rendre compte de l’engouement des populations de nos villes et de nos campagnes, de nos militantes et militants autour de la nécessité de nous mettre ensemble. Visiblement, toutes et tous sont fatigués de nous voir constamment divisés et souhaitent nous voir renoncer à nos querelles intestines fondées essentiellement sur des considérations partisanes ou personnelle sans lendemain. Tout le mérite revient donc à nos formations politiques d’avoir pu trouver les moyens de concrétiser ce besoin d\mité lorsqu’il s’agit de questions d’intérêt national. Un regard rétrospectif sur notre parcours commun de ces derniers temps permet aujourd’hui à l’opinion publique nationale d’apprécier les progrès considérables que nous avons fait réaliser à notre processus démocratique.
Cette nouvelle manière d’aborder le débat public nous a véritablement réconciliés avec nos concitoyens qui n’acceptaient plus de voir l’élite politique que nous représentons se déchirer à propos de tout et de rien.
Chers amis et compagnons,
Ce n’est pas à vous, femmes et hommes d’expériences et de connaissance incontestable dans la conduite des affaires de ce pays, vous qui avez mené maints combats pour l’enracinement de la démocratie que je vais apprendre les vertus de l’union dont la rencontre de ce jour est une matérialisation tangible.
Bien entendu, notre volonté de conjuguer nos efforts dans la lutte pour l’enracinement de la démocratie et le combat pour le développement du Bénin, nous offre l’opportunité de discuter de l’avenir de notre nation en insistant concrètement sur ce qui nous rapproche les uns des autres. Aujourd’hui, nous pouvons constater avec fierté que la coalition G13, Force Clé et G4 incarne aux yeux de nos compatriotes une nouvelle façon de concevoir et de mener la lutte, politique basée sur le consensus et une large adhésion à la gestion des affaires publiques. C’est en effet, la première fois dans 1 ‘histoire du renouveau démocratique qu’autant de courants politiques choisissent délibérément et en toute connaissance de faire de travailler sous la même bannière avec pour principal objectif l’assainissement des mœurs politiques et le développement du Bénin. Jamais nous n’avons été aussi proches de l’esprit de la conférence nationale fait de consensus et de réconciliation.
Autant nous n’avons pas vocation à captiver tout l’espace vital de l’arène politique au Bénin, autant nous refusons la marginalisation dans laquelle certains voudraient nous enfermer car le pays ne peut se construire sans l’apport de toutes ses filles et de tous ses fils.
Chers compagnons,
Je crois profondément avec la Renaissance du Bénin au nom de laquelle la parole m’a été donnée que la naissance de la coalition G13, Force Clé et G4 .est porteuse d’un avenir radieux pour notre pays. Mais il faut le dire haut et fort que cela dépend en grande partie de notre capacité à transformer notre : collaboration en un espoir pour le Bénin tout entier. C’est vous dire la responsabilité qui est la nôtre dans la transformation de notre société en quête de progrès social, de développement et de paix.
Chers amis,

Les défis qui attendent le Bénin sont immenses. Nous devrons nous battre pour qu’il soit assuré à nos jeunes une insertion convenable dans le tissu économique et social à travers un système éducatif adapté à la globalisation. Voilà des décennies que nos paysans réclament leur prise en compte dans un système de sécurité sociale axé sur la modernité et le désir de vivre dans une communauté de partage et d’assistance mutuelle. Nos femmes aspirent à plus de représentativité dans la construction de la nation. Les travailleurs exigent une meilleure répartition de la richesse commune. Il nous faut trouver les mécanismes pouvant permettre un accès à l’eau potable aux populations les plus démunies de notre pays. Mais rien de tout cela ne peut s’accomplir sans la paix et l’union.
C’est pourquoi la coalition G4, G 13 et Force Clé se refuse à être un instrument d’intolérance et d’extrémisme et est prête à participer à l’organisation de débats nationaux fondés sur le respect mutuel et la transparence dans l’objectif de développement politique, social et économique de notre pays. Car nous avons la triple conviction que
c’est I’Union qui fait la paix,
c’est l’union qui fait le développement, c’est l’union qui fait la nation
Que Dieu bénisse le Bénin
Je vous remercie

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DISCOURS DU PRESIDENT ADRIEN HOUNGBEDJI A LA CLOTURE DES TRAVAUX
/houngbedji.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » />Les 28 et 29 Novembre 2008
Excellence Monsieur le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Partis politiques,
Mesdames et Messieurs les Honorables Députés,
Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux et communaux,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi d’abord de saluer et de remercier avec déférence, le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO qui, malgré ses lourdes charges et son agenda national et international très rempli, a bien voulu présider nos travaux. 

Monsieur le Président, merci au nom de tous ! Je veux vous assurer de notre totale disponibilité à rester à votre écoute. Parce que vous connaissez le pays au plus intime de lui-même, parce que vous avez exercé les plus hautes responsabilités et parce que, de ce fait, vous représentez une mine de sagesse iné¬puisable. Je veux vous assurer de notre volonté de puiser auprès de vous, le ferment de notre réflexion et de nos actions.

Permettez-moi ensuite, Chers Amis, de saluer toutes les forces politiques et personnalités de la société civile qui ont bien voulu répondre présent, témoignant ainsi de l’intérêt qu’elles portent à nos assises. Je veux saluer et remercier tout particulièrement le G13, pour le rôle d’aiguillon, le rôle de sentinelle, qu’il joue depuis bientôt deux (2) ans, face aux dérives d’un pouvoir qui n’a cessé de menacer, de brimer, de cor¬rompre, d’emprisonner, de militariser pour parvenir à ses fins.

Et quelles fins ? Rectifier la démocratie.

Mes amis, Membres du G4, de Force Clé et du G13,

Aujourd’hui est déjà un grand jour ! Une grande première ! D’aussi loin que je me souvienne, jamais encore dans notre pays, des forces politiques, non impliquées dans l’exercice du pouvoir d’Etat, aussi représentatives par leur poids et leur implantation sur l’échiquier national, n’ont eu à réunir leur cadres et leurs élus en conclave, pour confronter leurs analyses, tracer des perspectives et s’organiser pour améliorer la situation politique, économique et sociale du pays. Oui, aujourd’hui est déjà un grand jour, car nous voici du fait de cet événement, engagés sur des pistes qui mènent à l’unité d’action, pour, ensemble, ouvrir les portes de l’avenir.

Je voudrais que nous mesurions le formidable élan que nous créons ici, aujourd’hui. Je voudrais que chacun de nous prenne conscience qu’aux yeux de notre peuple, c’est un tournant qui s’opère, un formi¬dable tournant. Ce formidable élan, ce formidable tournant, est souhaité, est voulu, est accompagné par l’immense majorité de nos populations. Car, pour nos populations qui espéraient un véritable changement, les attentes et les espoirs suscités par ce régime se sont transformés en désillusion.

Nos populations constatent, désabusées, que : sous le Président YAYI, tout change, pour que rien ne change :

•    63 MINISTRES en moins de 2 ans et demie de pouvoir et un nouveau remaniement pointe déjà à l’horizon ;
•    4 DG DOUANE en 2 ans et demi ;
•    3 DG au PORT Autonome de Cotonou en 2 ans et demi ;
•    4 DG à la SBEE, en 2 ans et demi ;
•    2 DG à la SONEB, en 2 ans et demi.

Comment voulez-vous, dans une telle pagaille, accroître l’efficacité des administrations, cultiver l’es¬prit de responsabilité, obtenir des résultats et contrôler les gestions ? Comment voulez-vous dans un tel dé¬sordre faire de l’administration publique un levier de développement ?

•    4 MINISTRES de l’enseignement primaire, en 2 ans et demi ;
•    3 MINISTRES aux affaires étrangères en 2 ans et demi ;
•    4 GARDE DES SCEAUX, ministres de la justice en deux ans et demi ;
•    3 MINISTRES au ministère de la jeunesse et des sports en 2 ans et demi ;
•    3 MINISTRES de l’enseignement supérieur, en 2 ans et demi.

Comment voulez-vous formuler des orientations, assigner des objectifs ambitieux et les réaliser ?
La suite est connue : un vrai gâchis !

Rappelez-vous chers amis, nous avions ensemble voté, il y a quelques années, une ambitieuse réfor¬me de l’administration territoriale. L’objectif était de rapprocher l’administration des administrés, de créer de la proximité et de l’autonomie, afin que le développement se fasse à la base. D’où la création de 12 Départements, la création de 77 communes et les pouvoirs donnés aux Maires. Qu’en reste t-il au¬jourd’hui ?

La réforme de l’administration territoriale est plombée, enterrée. En effet, les départements n’ont fait que changer de nom ; les préfets n’ont fait que changer de titre – Kétou est toujours commandé depuis Por¬to-Novo ; Savè est toujours commandé depuis Abomey ; Bassila est toujours commandé depuis Nati¬tingou.  

Rien de changé donc ! Dix ans après l’adoption de la loi portant réforme de l’administration territoriale !
Oui, la réforme de l’administration territoriale est plombée.

Plombée parce que ce gouvernement n’a pas compris que le sujet est très délicat, qu’il ne s’accom¬mode pas de l’improvisation, de l’électoralisme et de l’autoritarisme. Il ne peut être résolu que dans le con¬sentement mutuel, aux termes d’un dialogue préalablement instauré entre les populations concernées, à travers leurs élus et toutes leurs forces vives, sur la base des intérêts réciproques et des compromis consen¬suellement acceptés.

    Où en sommes-nous aujourd’hui avec les communes ? Nous avons voulu qu’elles soient autonomes dans leur gestion, qu’elles aient des ressources propres et qu’elles soient les principaux acteurs du dévelop¬pement local. Et nous savons qu’ils y ont cru, nos Maires ! Chacun s’est doté d’un plan communal de déve¬loppement, c'est-à-dire d’un bon outil. La loi leur avait accordé des moyens ; le précédent régime les en avait privés. Ces moyens leur sont-ils aujourd’hui donnés ? Non, n’est-ce pas ?  Rien de nouveau donc sur ce ter¬rain essentiel. Pourquoi ? Parce que le Président YAYI attendait de désigner, je dis bien désigner, tous les maires du Bénin pour en faire ses agents de propagande.

Et comme cette volonté de domination a été mise en échec dans la plupart des communes, au lieu de s’incliner devant la volonté populaire, le Gouvernement a suscité ici et là des mouvements de contestation, pour ne pas procéder aux installations. En violation de la loi, prétextant des recours à la Cour Suprême dont chacun sait qu’ils ne sont pas suspensifs. Et les recours pleuvent ! Parfois sortis de nulle part ! Qu’importe le vin, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Des recours parfois aussi bidon qu’un estagnon, pourvu que les Maires soient de bon teint ! Désormais au Bénin, les Conseillers municipaux sont élus à la Cour Su¬prême : à la place du secret de l’isoloir, c’est désormais le secret des délibérations. La campagne élec¬torale et les élections ne sont plus qu’une formalité ; rien qu’une formalité : la rectification de la démocratie est en marche !

Comment dans ces conditions ne pas suspecter, a priori, la LEPI d’être une machine à fraude en gestation, aux mains du Gouvernement, alors que de tous nos vœux nous appelons à une réforme du sys¬tème électoral, qui garantisse davantage la transparence et la sincérité des scrutins ? Comment ne pas nourrir de légitimes inquiétudes pour demain ?

La rectification est en marche ! Marchez donc Messieurs, mais sachez que votre régime succom¬bera de votre boulimie de pouvoir, et de la démesure de vos méthodes. Sachez que ça gronde dans les villages et dans les quartiers. « A force de pourchasser le peureux, lorsqu’il finit par se retourner, plus rien ne l’arrête ». C’est la sagesse populaire de chez nous qui le dit, pensez-y.

Mes chers amis, jusqu’à l’avènement du Président YAYI, le Bénin était classé parmi les pays en voie de développement. Du jour au lendemain, par décret verbal, nous sommes devenus un Pays Emer¬gent : le Bénin Emergent dirigé par les Cauris Emergents. Comme ça ! Sans aucun égard pour le contenu de la notion, sans aucun égard pour le fossé qui nous sépare des pays qu’on désigne ainsi : L’Inde, la Chine, le Brésil etc. dont le taux de croissance, soutenu par un essor économique sans précédent, avoisine et parfois dépasse les 10% depuis plusieurs années.

Qu’à cela ne tienne, le Gouvernement proclame, toujours par décret verbal, que notre taux de crois¬sance sera de deux chiffres ! Cela fait bientôt trois (3) ans que nous attendons. Et que constatons-nous ? Que notre taux de croissance plafonné depuis plusieurs années  à 5%, n’a guère augmenté ; que la réduction de la pauvreté n’a été qu’un leurre ; que l’immense majorité des Béninois vit toujours dans la précarité ; qu’au classement des pays ayant amélioré leurs performances pour l’opportunité des affaires, nous avons reculé de 15 places ; que le niveau de la corruption est plus élevé aujourd’hui qu’hier.

Ce n’est pas moi qui le dis, Messieurs les Emergents ! J’ai puisé aux meilleures sources, les plus officielles, incontestables ! Ah, je les vois venir avec leurs trompettes !

C’est la faute à la crise financière internationale, diront-ils. Mensonge ! Car cette crise, elle date d’il y a seulement quelques semaines, et chacun sait que les effets de la crise sur les économies du continent sont devant nous …, devant et non derrière.

C’est la faute au pétrole, diront-ils, dont le prix a atteint des sommets pendant une longue période, entraînant le renchérissement du coût de la vie, notamment celui des denrées alimentaires. Soit ! Mais qu’ont-ils fait pendant ce temps, pour annuler ou atténuer les effets du choc pétrolier ? Ils ont, comme à leur habitude, navigué à vue.

Par exemple, pour les produits alimentaires, pendant longtemps, ils ont subventionné, en pure perte, car les subventions ne profitaient pas aux consommateurs, mais aux spéculateurs. Lorsqu’ils se sont rendu compte de leur bévue, les prix étaient déjà trop hauts et la famine installée : 200 Francs le Ton¬golo de maïs au lieu de 150 Francs en 2006 ; 3500 Francs le sac de riz de 5kg au lieu de 1500 Francs en 2006 ; 800 Francs le litre huile d’Agonli au lieu de 600 Francs en 2006 ; 125 Francs la baguette de pain au lieu de 100 Francs en 2006.

C’est alors qu’ils ont décidé d’arrêter l’hémorragie et d’ouvrir des boutiques témoin dont le nombre et les capacités de stockage n’ont évidemment pas suffit à couvrir les besoins et à approvisionner tout le pays.
Nos populations faisaient ainsi les frais de l’inconséquence du Gouvernement. Notre pays a été con¬traint d’importer même le maïs ! Contraint de solliciter l’aide alimentaire internationale.

La politique conséquente, la seule qui vaille dans un pays au climat et aux terres comme les nôtres, la seule politique conséquente, c’était, dès l’avènement du Président YAYI, de promouvoir notre agriculture dans deux directions : les cultures vivrières et les cultures de rente. Cela fait des années qu’on le dit.
Au lieu de cela, des dizaines de milliards soit disant injectés dans la filière coton et annonce tapa¬geuse d’un prochain doublement de la production ! Les résultats, on les connaît : trois compagnes, trois fiascos. Le tonnage annoncé avec tintamarre  médiatique n’a jamais été atteint.

Voilà leurs performances : taux de croissance inchangé, précarité accentuée, recul au classement pour l’opportunité des affaires, encore plus de corruption, hausse incontrôlée des prix des produits alimentaires, échec des campagnes cotonnières…..

Voilà leur bilan ! Ils appellent cela la prospérité partagée ! Du culot ! Car si prospérité il y a eu, ce fut uniquement pour leurs amis. A l’un le monopole des marchés de travaux publics ! A l’une le monopole de l’importation du riz !  A l’autre, le monopole de l’escorte des véhicules d’occasion ! Évidemment, ceux-là connaissent la prospérité. Et les Béninois ont compris depuis longtemps que ces privilégiés-là partagent cette prospérité-là, avec certains hauts placés !

Prospérité partagée ! Avouez que ces Messieurs Dames ne manquent pas d’air !

Pendant ce temps, la majorité des opérateurs économiques, ceux qui font honnêtement leur travail, ceux qui soumissionnent dans les règles de l’art, ceux qui refusent d’être les pourvoyeurs de fonds de l’Etat FCBE, ceux-là subissent la persécution, l’acharnement fiscal et l’asphyxie.

Pendant ce temps, le pouvoir d’achat des travailleurs s’amenuise, et leurs revendications restent insatisfaites.

Par contre, ce que nous ne pouvons pas contester à ce gouvernement, c’est d’avoir abondamment distribué de pseudos micro- crédits. Je dis pseudo, parce que j’ai entendu récemment une ministre dire que le taux de recouvrement est des plus faibles. C'est-à-dire que les femmes ne rembourseraient pas.

Mais comment voulez-vous que le taux de remboursement soit élevé, lorsque vous avez fait de cet instrument, un fonds de commerce électoral ; lorsque le critère économique n’est plus le critère d’attribu¬tion ; lorsque ces fonds sont distribués massivement en période électorale, sans autre encadrement que vos partisans politiques qui se servent largement, et parfois jusque dans vos permanences électorales ?

Nous savons tous que lorsque les sommes allouées sont de vrais micros crédits, accordés par des structures qualifiées, pour des activités identifiées, dans un environnement de confiance et de responsabilité, les femmes remboursent, à 80% et au-delà. Si les résultats font aujourd’hui défaut, c’est faute par le Gou¬vernement d’avoir soutenu les réseaux privés de micro finances dans les communes, c’est faute par le Gou¬vernement d’avoir renforcé la professionnalisation du secteur, c’est faute par le gouvernement d’avoir créé des filières spécialisées.

En un mot, le régime actuel n’a pas su définir et mettre en œuvre une véritable politique de déve¬loppement de la micro finance. Il a préféré faire main basse sur cette manne financière.

Tout comme il a fait main basse sur les fonds de l’escorte des véhicules d’occasion. 20 Milliards de recette annuelle non budgétisés et dépensés sans autorisation du Parlement ! Et sans le moindre con¬trôle ! C'est-à-dire en toute illégalité.

Les marchés publics portant sur des centaines de millions, passés de gré à gré, au mépris de la loi ; les ordres de paiement unanimement dénoncés hier, redevenus aujourd’hui monnaie courante !

Quelqu’un a parlé à juste raison d’indiscipline budgétaire. Une indiscipline budgétaire qui cache une propension à la gloutonnerie et à la  boulimie : 3 milliards et demi pour organiser une fête, 300 millions pour une clôture, 7 milliards pour réfectionner des bâtiments, 9 milliards de dépenses diverses, c'est-à-dire d’ar¬gent de poche !

Et comme cette boulimie n’a pas de limite, les voilà qui présentent un collectif budgétaire pour dépenser encore 197 milliards en 2 mois. Et quand l’Assemblée leur demande de justifier d’abord ce qu’ils ont fait des 1000 milliards reçus dans le budget initial, pas de réponse. Quand on leur demande comment ils en¬tendent dépenser 197 milliards pour les deux derniers mois de l’exercice budgétaire, toujours pas de ré¬ponse. Pas de réponse, car le simple bon sens voudrait que l’essentiel de ces dépenses soit inscrit dans le budget 2009 en cours d’examen.

Et c’est désormais leur habitude, lorsqu’ils sont coincés, lorsqu’ils n’ont pas de réponse : ils refusent le débat contradictoire et ils verrouillent les médias. Quand l’Assemblée Nationale rejette un projet de Bud¬get rectificatif scandaleux, ils passent outre et prennent une ordonnance. A ce train là, si nous n’y prenons garde, ils gouverneront tout le reste du temps par ordonnance.

Chers amis, nous avons le droit d’être préoccupés pour la démocratie.

A quoi sert l’Assemblée Nationale, si chaque fois qu’elle dit non, le Gouvernement prend des ordonnances après avoir essayé de corrompre et d’acheter des députés ?

A quoi sert la CENA si les résultats qu’elle proclame sont rejetés par le Gouvernement chaque fois qu’ils lui sont défavorables ?

A quoi servira bientôt la Cour Suprême elle-même, si dans un tel environnement, il ne lui reste d’autres choix que de confectionner dans les communes des majorités favorables au gouvernement ?

A quoi servira bientôt la Cour constitutionnelle, si sa lecture de notre Constitution, doit absolument coïncider avec celle de la Présidence de la République ?

A quoi servira t-il bientôt d’aller aux élections, si les résultats n’en seront validés que s’ils donnent satisfaction au pouvoir en place ?

L’indépendance de la Justice elle-même, si souvent proclamée, ne risque-t-elle pas de devenir un simple slogan ?

C’est notre démocratie elle-même qui se trouve menacée. Ce sont nos libertés, nos droits fonda¬mentaux, la crédibilité de nos institutions, qui se trouvent menacés.

Nous les avons acquis au prix de la vie pour certains, au prix de la prison, au prix de l’exil, au prix des spoliations pour d’autres, au prix du combat de tous et de chacun d’entre nous.

Au dernier classement d’Amnesty International, nous avons rétrogradé pour ce qui est du respect des droits de l’Homme.

Au dernier classement de Reporters sans Frontières, nous avons rétrogradé au plan de la liberté de la presse ; et des cas comme Andoche AMEGNISSE n’ont pas encore été pris en compte.

Rétrogradé encore, au plan de la sécurisation des investissements.
 
Où allons-nous ?

Pouvons-nous accepter la brutalité d’un pouvoir qui ne respecte pas la loi, qui embrigade nos insti¬tutions, qui foule aux pieds nos libertés ?

Il n’existe pas de démocratie sans opposition. Pour que ce b-a ba consacré par la loi fasse l’objet d’un décret d’application, la semaine dernière, il a fallu que nous plaidions dans tous les cercles où nous sommes admis ; il a fallu que nous menacions de faire défiler les populations avec des banderoles et de faire un sitting continu devant la Présidence de la République. C’est alors et alors seulement ….. , grâce à la crise politique.

Et quel décret d’application ? Une coquille vide ! Le Gouvernement a t’il vraiment cru que nous avons réclamé ce décret pour rouler dans une voiture officielle, ou pour avoir un chargé de mission ? Si c’est ce qu’ils ont cru, alors qu’ils reprennent leur copie. Ce que nous voulons, c’est un décret d’application qui nous donne un accès équitable aux médias, un droit de réponse au gouvernement, qui garantisse et protège nos manifestations pacifiques au lieu de les réprimer, qui garantisse la sécurité des opposants. Comme dans toutes les démocraties dignes de ce nom.

Il est maintenant évident que ce régime n’a cure de la démocratie. Il est maintenant évident que ce régime n’a que deux préoccupations : assurer sa longévité par la confiscation des espaces de libertés et s’accapa¬rer par tous moyens les richesses du pays.

A aucun moment, ce régime n’a montré la boussole de l’action gouvernementale ; à aucun moment, ils ne nous ont dit quel est le cap et quelles sont les étapes ?

Lorsque vous conduisez un peuple le nez dans le guidon, sans un programme d’actions déclinées et agencées, lorsque vous naviguez à vue, lorsque vous vous précipitez, lorsque vous vous dispersez, lorsque votre priorité exclusive est l’obtention d’un 2ème, d’un 3ème voire d’un 4ème mandat, vous ne pouvez diriger le pays avec esprit de suite et cohérence.

C’est pourquoi, ils sont obligés de tromper le peuple, à coup de panneaux publicitaires, à coup de premières pierres posées avant même que le financement des projets ait été bouclé.

Trois ans durant, ils nous auront divertis, amusés par des effets d’annonce, par des décisions gadgets.

Les choses sérieuses doivent être traitées avec sérieux.

C’est le cas de notre système éducatif. Dans l’enseignement supérieur par exemple, la priorité c’est la qualité, avec des salles de cours, des amphis dignes du nom, avec des bibliothèques fournies et régu¬lièrement actualisées, avec des plates formes informatiques et numériques qui raccordent les Ecoles, les Lycées, les Collèges et les Universités béninoises aux autres universités du monde ; des laboratoires et des équipements qui facilitent les efforts de recherche ; des formateurs bien formés et bien payés. Voilà les priorités pour notre école.

Mes chers amis,

Je pourrais multiplier les exemples ! Dans d’autres domaines !

Le changement que veulent les Béninois, c’est une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le changement qu’ils veulent, c’est donner du travail aux jeunes. Cette aspiration des Béninois au vrai changement est constante, légitime, irréversible. La réponse qui leur est donnée par ce régime, n’est que de l’esbroufe, un leurre, une illusion. Des effets d’annonce.

Diriger un pays est une affaire sérieuse. Très sérieuse. Nous devons donc penser à l’alternance dé¬mocratique et nous organiser pour qu’elle intervienne. Comme de plus en plus de Béninois, l’alternance, j’y crois !

Je me suis laissé dire que la foi est un formidable levain. La foi a quelque fois manqué à certains de nos engagements politiques. Et parce qu’elle a manqué, nos options ont été problématiques, nos chemins obscurs, tortueux. Parce que l’éclairage et la détermination que procure la foi ont manqué, nous avons cheminé dans le doute, dans l’hésitation, dans la suspicion, puis dans la division.

Avec la foi, tout devient possible ! En tout temps ! Partout ! Ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, et qui n’a pas fini d’étonner, c’est la foi à l’œuvre, c’est la foi dans ses œuvres. Il illustre ce que la foi est, ce que la foi peut, ce que la foi fait.

Ayons foi en l’avenir de notre beau pays, le Bénin.

Parce que l’Union fait la Nation, nous gagnerons.

Je vous remercie

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