7ème Art

Et si on repensait le cinéma béninois?
 Il n'est un secret pour personne que le cinéma béninois, à l'instar de celui de certains pays du continent africain patauge dans une léthargie qui ne dit pas son nom. Le phénomène est d'autant plus criard que personne ne s'étonne du fait que nos productions cinématographiques ne traversent pas nos frontières. Pour la direction cinématographique, il urge qu'on repense les choses afin de donner à notre cinéma une ossature qui lui fait tant défaut.
 En effet, ce secteur s'est vu rejoint par des hommes et femmes qui,en la matière ne s'y connaissent pas: Trop de personnes se sont improvisées Réalisateur, Metteur en scène, Scénariste…
Timide volonté politique, absence de protection des oeuvres et manque de moyens financiers  
Il est vrai que pour  ces métiers de la culture (négligemment en souffrance dans notre pays depuis des décennies faute de volonté politique ambitieuse des gouvernements successifs, de moyens et subsides  conséquents de l’Etat), certains acteurs et opérateurs divers livrés à eux-mêmes, nécessitent  pourtant, pour la  maîtrise des nobles oeuvres du 7eme art, un parcours dans une structure formatrice, promotionnelle et encadreuse. Ce qui fait cruellement défaut au pays de Djimon Hounsou et de Jean Odoutan … Et pour d'autres, intervenants, une formation pratique sur le terrain grâce aux subventions et à l’encadrement de l’Etat suffit amplement à en maîtriser  les rouages. Résultat : au plan technique ces produits finis comportent en leur sein d'immenses lacunes que le commun des cinéphiles au moindre coup d'oeil pourrait détecter. Il est vrai que si PEARL HARBOR sorti des studios HOLLYWOOD souffre de graves insuffisances malgré son budget de 140.000 000 de dollars us. Ce ne sont pas nos productions locales qui en seront exemptes. Cependant, ce n'est pas une excuse à la médiocrité. Même constat au niveau des acteurs. Nombre d'observateurs avertis trouvent certains d'entre eux trop ''carrés", pas du tout "naturels". A ce niveau, il faut rappeler aux uns et aux autres que ce n'est pas parce qu'on a appartenu à une troupe théâtrale qu'on est systématiquement prêt pour le cinéma. Il y a toute une finesse et des rituels à apprendre. Sans être un oiseau de mauvais augure, certains de nos films sont semblables à des pièces théâtrales. Nous n'allons pas que casser du sucre sur le dos de ces messieurs et  dames qui font des mains et des pieds pour rendre agréables nos moments de détente. Pour les dédouaner  en partie, il faut reconnaître l'absence des moyens financiers nécessaires au déploiement de gigantesques et incontournables moyens techniques. Comme c'est le cas à HOLLYWOOD (USA) puis à BOLLYWOOD (Inde) respectivement premier et deuxième à l'échelle mondiale dans le secteur. De ce fait : ''on fait avec les moyens dont on dispose", lance, désespéré un réalisateur pourtant pétri de talent…

Absence d’encouragement et de support linguistique
Nous, autres consommateurs, nous avons un rôle important à jouer en achetant des produits non piratés ; ainsi nous contribuerons efficacement à consolider ce secteur qui recrute et aspire à employer massivement les jeunes. Afin de lui conférer un bloc financier capable de lui assurer l'envol convoité. Autre frein à son évolution. Sans faire l'affront à ceux qui se mettent en quatre pour l'évolution de nos langues nationales, c'est la langue fon qui est parlée à longueur des séquences et qui, souvent n'est pas traduite, malheureusement, dans notre langue nationale : le français.

Chose ne contribuant pas à l'évolution du cinéma béninois. Au contraire, cela confine les œuvres produites aux quatre coins du Bénin sans perspective d'en sortir. Encore que tout le Bénin n'a pas pour langue  le Fon. Du coup ces produits ne sont adressés qu'à une frange de la population comprenant le Fongbé au détriment des autres. Ma foi, l'usage de la langue française serait plus indiqué et participerait mieux à la promotion et à l’appropriation (au plan national) des œuvres produites ; et concourrait aussi à leur exportation.  

franck olivier GOHOUNGO
SIKA INFO – 10 janvier 2009

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