Chronique: Bénin

Qu’attendre de 2009 au Bénin ?
Les bulles vaporeuses du réveillon ne se sont pas encore dissipées dans les gorges de bien de buveurs que déjà on peut prévoir de quoi sera fait notre quotidien tout au long de 2009.
D’ailleurs, on n’a pas besoin d’être chiromanciens, ni futuristes, encore moins devins, pour se prêter à cet exercice. Tant il est vrai que 2008 nous a bien balisé le terrain. Comme dirait Sony Labou Tansi, le génial écrivain congolais, « hier est si récent qu’on ne peut marcher aujourd’hui qu’avec les  courbatures de la veille ».

En tout cas, chez nous, il est à fort à parier que l’année dont nous avons salué la naissance à travers nos agitations traditionnelles – beuverie, boustifailles et autres gnafous-gnafous –  soit conforme, à quelques variantes près, à 2008.

D’abord sur le plan politique : le combat pied à pied auquel se sont livrées mouvance et opposition pendant les douze mois, risque de perdurer. Il est vrai que vers fin décembre, des rapprochements de point de vue entre les deux parties, surtout en ce qui concerne le vote du budget, ont été perçus. Il n’empêche que sur l’essentiel, les deux camps disposent encore de beaux restes dans les muscles pour se cogner dessus jusqu’à la nuisance.

Et pourtant j’étais de ceux qui avaient applaudi des quatre membres lors du rassemblement de Goho ; je m’étais dit, contrairement à beaucoup qui pensaient qu’il y avait crise, que c’était une occasion en or pour les opposants – ou les prétendus tels – de présenter un projet de société concurrent à celle de Boni Yayi. Je m’attendais à lire dans la presse, sur chaque action du gouvernement qui était mise en cause, des contre-propositions, des suggestions contenues dans un ensemble cohérent susceptible de servir d’alternative. Au lieu de cela, ce fut un catalogue de dénonciations – certes fort justifiées – des errements du régime, mais ces attaques ont perdu de leurs pertinences à partir du moment où elles se sont cristallisées autour de la personne du Chef de l’Etat. En plus, les propos de Bruno Amoussou sur RFI, quelques jours après, au sujet des cuillères à cafés, des cuillères à soupe, des louches – unité de mesure de la mangeaille – ont brouillé les cartes et laissé dans l’opinion la détestable impression que la seule logique qui compte pour les hommes politiques, c’est le partage du gâteau national.
Donc, la guerre des tranchées risque de perdurer, même si la trêve observée ces derniers jours peut entretenir quelques illusions. Surtout quand on entend « maman », l’Honorable Vieyra Soglo, revenue de l’Afrique du sud, arroser de propos enjôleurs le président Boni Yayi, celui que son parti, la RB, combat pourtant de manière si féroce au sein du « G4 »…

Mais cette situation, quelle qu’elle soit, ne fera pas ralentir le défilé, au palais de la présidence de la République, des chefs religieux, des groupements féminins, des associations pour le développement, des clubs électoraux de toutes sortes issus des arrière-cours du pays. A la télévision nationale, on verra encore en technicolor des meetings politiques de toutes sortes, des marches continues des populations s’abîmant les talons ou se couvrant de poussière pour soutenir les actions du chef de l’Etat. A l’occasion, on s’agenouillera pour implorer le bienheureux à se présenter aux prochaines élections. Le clientélisme qui a fait fort en 2008, trouvera en 2009, un terrain encore plus prospère.
Côté finances, les prévisions semblent indiquer une embellie pour le pays. Le ministre de l’Economie et des Finances a rassuré les Béninois sur la bonne santé des leviers et des principaux indicateurs du pays. Selon ses propos, le Bénin, de par l’importance de son budget, a réussi à se placer en troisième position après la Côte d’Ivoire et le Sénégal dans la zone UEMOA.

Les chapitres de ce budget consacrés au secteur privé paraissent indiquer, en effet, des choix d’une politique volontariste. Car, cette branche de l’économie sur laquelle repose l’essentiel de la fiscalité du pays, a du mal à se structurer et à se développer, malgré quelques frémissements observés ça et là. Mais de la récession mondiale, de la crise économique qui frigorifie les différents marchés occidentaux et asiatiques, personne n’en parle. Comme si le Bénin, qui était hors temps, n’en essuierait aucune conséquence, comme si l’économie du pays était tellement performante qu’elle ne devrait en rien craindre….
(A suivre)

Par Florent COUAO-ZOTTI,
(Ecrivain)

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