Chronique: nouvelle année

Qu’attendre de 2009 ?
La vague des souhaits a déferlé comme à l’habitude : paix, santé, prospérité, bonheur, bref tout ce qu’on a l’habitude d’entendre ici et là dès que le soleil du 1er janvier décille son œil sur l’année nouvelle.

Comme si la prospérité viendrait par magie ou comme si le bonheur était un état subit qu’aucune antériorité de situation ou de faits ne pourrait conditionner.

En Palestine, l’année a commencé comme la précédente s’est achevée : dans la guerre et sous la trombe des bombes. Si, dans les sous-sols de Gaza, les chefs du Hamas grignotent des arachides en regardant sur El Jazira les images de la guerre – avec quelques DVD pornos de rechange quand Israël brouille les ondes –, les populations, elles, ne doivent qu’invoquer Allah ou se terrer sous les décombres de leurs maisons éventrées par la machine de Tsahal. L’armée israélienne, aveuglée par une haine quasi viscérale, prend pour cible tout ce qui ressemble à un non-israélien, multiplie les bévues comme stratégie de combat. Pour elle, un vieillard ou un nourrisson gazaouite est tout aussi fusible qu’un combattant du Hamas.

Devant la complaisance des Américains, l’impuissance des Nations unies et le mutisme du monde arabe, il n’y a que la diplomatie des Occidentaux qui, cahin caha, peut réussir à arracher aux deux antagonistes un cessez-le-feu, prélude à un accord de paix. Pendant ce temps, la rue arabe continue de relayer la fureur des Palestiniens, vouant aux gémonies leurs propres responsables politiques accusés de mollesse et de poltronnerie.

Cette région où le conflit armé est devenu endémique depuis des siècles, ressemble à s’y méprendre à l’Est de la République Démocratique du Congo. Ici aussi, la guerre est toute aussi récurrente. Minorités ethniques, communautés locales, milices progouvernementales, rebelles manipulés, anciens « génocidaires » maquisards, armée du FPR, tout le monde s’affronte et s’entretue, en mettant en joue les populations civiles. Et si on ajoute à ce capharnaüm les trafiquants de tout poil – aventuriers blancs, desperados tropicaux et mercenaires à la solde des multinationales occidentales – le brouillard est total. De telle sorte que le Congo, devenu territoire élu des affreux et Cie, est condamné à ne jamais connaître la paix. Et ce n’est pas à ses dirigeants que ça déplairait, eux, qui ont confié l’exploitation du sous-sol du pays aux Chinois contre l’érection d’infrastructures routières et de quelques gâteries personnelles. Jamais, on n’a vu dans le monde moderne, un Etat aussi démissionnaire et aussi indigne. Incapable d’être maître chez lui, de mettre au travail ses jeunes, d’inventer un nouvel avenir pour son peuple …

Alors qu’attendre de 2009 ?
On verra sans doute encore les boat-people, coincés entre l’enclave de Mellila et l’île de Lampedouza. On les verra, le regard vide, les lèvres desséchées, recroquevillés sur eux-mêmes, entassés dans des pirogues à la dérive. Parmi eux, on comptera des cadavres, bébés ou adultes, des âmes dont la résistance, contre les flots marins, ne tiendrait qu’à un fil usé. La misère s’étalera encore une fois sur les écrans d’Italie et du monde pour alimenter une fois encore  le « charity business ».

Qu’attendre de 2009 ?
On a dit et on continue de croire que l’avènement à la Maison Blanche de Barak Obama est un signe d’espoir ; que les Américains, à travers la figure du nouvel élu, vont attirer la sympathie du monde ; que l’épisode d’un Bush autiste, arrogant et inutilement belliqueux, va progressivement s’estomper dans les mémoires. Prévision optimiste ? Ou analyse liée à l’euphorie de la victoire du premier président « black » de l’histoire des Etats-Unis ? En tout cas, on verra si, à côté de ses discours enflammés, l’ancien sénateur d’Illinois prolongera la séduction dans les faits…

Qu’attendre enfin de 2009 ?
Que, marqué les images violentes qui ont marqué 2008, il y a des raisons, ici comme ailleurs, d’espérer. Il suffit de voir entre autres, les performances démocratiques du Ghana, le coup d’Etat heureux en Guinée qui balaie le règne ubuesque d’un système absurde et fossilisé. Mais de tout ce que nous promet 2009, je m’attarderai sur un domaine moins politique, plus lisse, porteur aussi de rêve : la littérature. Je pense à Black Bazar d’Alain Mabankou sorti au Seuil, ce 3 janvier. Un roman dont l’auteur, en novembre dernier à Bamako, m’avait pourtant promis un exemplaire pour mon premier papier littéraire de cette année…

F. Couao zotti

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