/food/zotti.jpg » hspace= »6″ alt= »F. Couao-zotti » title= »F. Couao-zotti » » /> Maître Lionel AGBO ou la grande braderie de l’intelligence
Question : quelle est la différence entre Lionel Agbo, Martin Dohou Azonyiho, Timothée Adanlin et Ibrahim Idrissou ? Si les trois derniers ont brouté l’herbe grasse dans tous les pâturages – même là où il n’y avait que des pesticides – le premier peut se targuer encore de ne connaître qu’une seule aire de broutage.
Lionel Agbo est en droit de s’autoriser, en effet, quelques espoirs modestes pour sa carrière de politicien contrairement aux autres qui ont déjà enterré leur avenir dans les décombres du passé. Et quand je dis « décombres », ce n’est rien moins d’autre qu’une litote.
Car, en matière de passé, Dohou Azonyiho, Timothée Adanlin et Ibrahim Idrissou en ont de bien bitumineux. Il suffit de rappeler leurs parcours sulfureux faits de changements de veste, de trahisons spectaculaires, de transhumances sèches, bref de toutes sortes de gondoleries politiques dont seuls les politiciens carriéristes sans autre conviction que leur opportunisme froid, sont capables. Dohou Azonyiho par exemple qui ferait un bon client pour toutes les juridictions des droits de l’homme de la terre – et même du ciel – continue d’incarner la triste face de l’ère PRPB. Timothée Adanlin, lui, ancien syndicaliste, ministre, ambassadeur et président de la HAAC, a soutenu les chefs d’Etat successifs en même temps que leurs adversaires. Quant à Idrissou Ibrahim, il a eu pour réussite en politique deux faits d’armes : son opposition farouche et déterminée contre la candidature de Boni Yayi en 2006 et son art de l’imitation de Kérékou avec sa voix fibreuse et clownesque.
Mais alors, en quoi de tels exploits peuvent-ils inspirer Me Lionel Agbo ? Pourquoi éprouverait-il avec ces gens un amour jouissif au point de convoler en justes noces avec eux ?
Il y a douze ans, en 1996, alors que la campagne électorale présidentielle s’ouvrait, le sémillant avocat se montrait pour la première fois à ses compatriotes. Candidat comme tant d’autres, il affichait une fraîcheur toute séduisante, maniant avec brio la rhétorique du diamanche. Même s’il n’avait recueilli qu’un suffrage modeste, son discours résolument porteur indiquait qu’il était un candidat de l’avenir. Car, bien qu’il appartînt à la diaspora, ses idées prenaient souche dans le vécu de ses compatriotes de l’intérieur et projetaient l’image d’un Bénin plus ambitieux, résolument tourné vers l’avenir. Beaucoup de mes amis prédisaient pour lui de bien heureuses perspectives. Mais moi, je le considérais plus comme une rock star qu’un homme politique.
Mais la séduction, sur les Béninois, opérait toujours. D’ailleurs, il a vite fait de rallier à sa cause beaucoup de compatriotes avec la création de son parti. Mais ce que je craignais pour lui est bien arrivé : la rock star est incapable de convertir la fascination qu’elle exerçait sur ses concitoyens en mandat électif. Ni député, ni maire, la « vérité des urnes » l’ayant toujours ramenée à sa vraie taille. Toutefois, l’avocat teigneux savait se faire entendre. En trouvant par exemple, une nouvelle cause dans le GSM. Ici, ses cris, ses dénonciations contre les magouilles de haute volée dont s’étaient rendus coupables ces opérateurs sur le dos de l’Etat, se renouvelaient mensuellement. Résultat des courses : quand Boni Yayi a été plébiscité à la tête du pays et qu’il a décidé de voir clair dans ce magma, le fringant avocat a été appelé. Mais à peine ses fesses ont effleuré les fauteuils capitonnés de l’institution qu’on lui a tendu, à la Présidence de la République, le portefeuille de porte-parole du Chef de l’Etat.
Mais combien de fois le maître a-t-il porté la voix de son chef depuis un an ? Comment justifie-t-il ce poste en étant tout aussi inaudible qu’invisible ?
A part sa sortie calamiteuse de janvier 2008 au cours de laquelle il a menacé de mettre du granite dans la gueule des journalistes qui osaient allonger des critiques malheureuses sur son chef, personne, même Dieu, n’a plus jamais entendu sa voix. Il y avait de quoi : attaqué par la corporation des journalistes, désavoué par la présidence elle-même, l’avocat qui savait tartiner ses déclarations de citations latines, a perdu son…latin. Mais c’est sans compter le plan de Dieu : Dieu qui lui inspiré cette sainte alliance avec ce qui se fait de mieux en trinité et en vanité politique : Azonyiho-Adanlin-Idrissou.
Le suicide, paraît-il, c’est ce qu’on fait lorsqu’on est désespéré. Mais Me Lionel Agbo n’est pas suicidaire. Son immense crainte, c’est de se voir privé de l’herbe grasse de la Mouvance. Juste mais simplement bestial !
F. Couao-zotti