La presse Ivoirienne en deuil

D. Bailly Le président du Cnca Diégou bailly hélas, s’est éteint, hier matin, à Tunis.
(La Côte d’Ivoire perd un grand homme. Et les journalistes, un grand professionnel).
Le président du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) s’est éteint hier matin, dans la capitale tunisienne. La grande famille de la presse ivoirienne est à nouveau frappée par le deuil.
Après le décès, le 6 janvier dernier, de l’ancien ministre de l’Information Amadou Thiam à Rabat, c’est Jérôme Diégou Bailly, président du Conseil national de la Communication audiovisuelle, qui a tiré sa révérence hier à 7 h à Tunis, capitale de la Tunisie. Où il avait été admis le 25 décembre 2008 dans un état critique pour des examens et soins médicaux.

Depuis quelques années, Diégou Bailly, âgé de 57 ans, souffrait, selon des sources bien informées, d’une insuffisance rénale qui avait nécessité une transplantation, toujours à Tunis, lui permettant de mieux se porter.

L’homme avait même pris de l’embonpoint et vaquait à sa haute mission de contrôle et de régulation de l’espace audiovisuel.

Cela se matérialisait par de fréquents communiqués de presse qui faisaient l’état des activités des partis et mouvements politiques en termes de couverture par les médias notamment la télévision nationale. Sans oublier les saisines faites au niveau de certains médias étrangers (Rfi, Africa N°1, etc.) auxquels il était reproché quelques entorses aux règles régissant le métier et aussi leurs cahiers des charges.

A travers, donc, ces différentes activités, on savait que le Cnca s’acquittait plutôt bien de son devoir et ce, grâce à son président Diégou Bailly, son secrétaire général Franck Anderson Kouassi et toute l’équipe qui les entoure.

En dehors des missions classiques du Cnca, Diégou était à toutes les rencontres qui nécessitaient  sa présence et, parfois, sa contribution de grand homme de presse au talent avéré et à l’esprit critique dont les prises de position permettaient toujours d’orienter et de clarifier les débats.
Après une formation à l’Université d’Abidjan et à celle de Lille III (France) où il obtint respectivement une maîtrise d’histoire (ancienne) et une maîtrise de sciences de la communication, Jérôme Diégou Bailly était diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme (toujours) de Lille.

Sa carrière professionnelle démarre avec l’hebdomadaire Ivoire Dimanche dont il fut le rédacteur en chef. Avec l’avènement du multipartisme suivi de la pluralité de la presse, Diégou Bailly et certains confrères et amis vont créer Nouvel Horizon dont il sera le secrétaire général de la rédaction. Sa volonté de promouvoir une presse véritablement indépendante des chapelles idéologiques, va l’amener à fonder Notre Temps en compagnie de plusieurs journalistes, intellectuels et universitaires parmi lesquels, Pr Séri Bally, ancien ministre de la Communication. Il créera ensuite Le Jour et Sentier, ses dernières trouvailles avant d’être nommé en juin 2001 président du Conseil national de la communication audiovisuelle. Comme pour confirmer la thèse selon laquelle une bonne plume finit toujours dans l’édition, Diégou Bailly fut auteur de plusieurs publications et productions. On citera, pêle-mêle : «Secret d’Etat» qui est un roman ; «La restauration du multipartisme en Côte d’Ivoire» (essai) ; «La fille du silence» (roman) ; «La traversée du guerrier» (roman) ; «Monoko-Zohi» (pièce de théâtre publiée en 2004 par Puci et jouée le 19 octobre 2004 au Palais de la culture par Sijiri Bakaba) ; «Hérémankono» (une autre pièce de théâtre mise en scène le 10 juin toujours par Sijiri Bakaba).
Au titre des distinctions, Diégou Bailly fut chevalier du mérite culturel ivoirien ; officier et commandeur de l’ordre du mérite ivoirien ; Prix Bernard B. Dadié pour la culture (2004) ; Ebony d’honneur décerné par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) en 2004 ; diplôme d’honneur de l’Unjci (2007) ; diplôme d’honneur de l’Observatoire de la liberté de la presse, de l’éthique et de la déontologie (Olped) en 2005.

Ses activités associatives lui ont permis d’être le tout premier président de l’Unjci dont il fut membre-fondateur ; vice-président de la Mutuelle pour le développement de Gbadi-Est ; membre de l’Association des anciens élèves de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille ; président de la Mutuelle pour le développement du village de Bayékou-Bassi (Mudebab). Du 18 au 21 août 2008, il a organisé avec succès à Abidjan et Yamoussoukro, le colloque du Réseau des instances africaines de régulation et de communication (Riarc).

Diégou Bailly laisse derrière lui quatre orphelins et une veuve qui était à ses chevets à Tunis. Et qui, depuis son décès, est à pied d’œuvre avec le soutien de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en Tunisie pour le rapatriement du corps. Cela, selon des sources proches de la famille, devrait s’effectuer d’ici à jeudi prochain.
Source  Fraternité matin

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