Affaire Escorte des véhicules d’occasion

Me Djogbenou L’Ong Dhpd propose un débat contradictoire
L’Ong Droit de l’Homme, paix et développement (Dhpd) de Me Joseph Djogbénou se félicite des débats actuels autour des fonds générés par l’escorte des véhicules d’occasion. Après avoir apprécié les interventions des uns et des autres, l’Ong Dhpd propose un débat contradictoire entre les différents protagonistes pour mieux éclairer l’opinion publique. (Lire son communiqué de presse)
L’Ong Droit de  l’homme, paix et développement (Dhpd) communique:

Les citoyens suivent, avec intérêt, le développement de l’actualité nationale axée sur les questions de la gouvernance politique et de la gestion des fonds publics, notamment en ce qui concerne celle des fonds issus de l’escorte des véhicules d’occasion et de l’usage des tonds relatifs aux micro- crédits.
Sur l’ensemble de ces préoccupations, DHPD a noté, avec satisfaction :

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1. l’hyperactivité des partis politiques proches de l’opposition qui, par le biais des outils démocratiques, (questions d’actualité au gouvernement, commission d’enquête parlementaire, conférences de presse ou conférences publiques) dénoncent ce qui semble, à leurs yeux, des mauvaises pratiques et qui portent atteinte à l’orthodoxie des dépenses publiques;

2. la réaction dans le même style des membres du gouvernement, mobilisés pour fournir, ce qui semble, à leurs yeux, les réponses adéquates aux préoccupations exposées ;
3. l’implication de la presse, dans une proportion importante, à ces débats d’intérêt majeur. L’ONG DHPD tient:

1 – En la forme des interventions et réactions, à féliciter les différents protagonistes du débat pour cet exercice démocratique, notamment:
– Les partis réunis au sein des groupes politiques baptisés « G 13 », « G 4 », « Force Clé » de leur contribution à l’accomplissement de l’obligation annoncée par le Chef de l’Etat de la reddition des comptes en ce qui concerne l’action gouvernementale, en réinstaurant, progressivement, un véritable débat partisan et démocratique au sein de la société.
– Le Chef de l’Etat ainsi que les membres du Gouvernement, d’accepter, ainsi que cela leur incombe au plan de la loi et de l’éthique démocratique, de se soumettre à l’exercice de clarification, d’explication et de justification des actions critiquées.
– La presse, d’ouvrir ses espaces au débat. Il est à regretter, néanmoins, à ce sujet, le fait que les différentes interventions ne sont que des discours monocordes, reflets de monologues non pertinents et non compréhensibles. Au demeurant, la télévision nationale et les télévisions privées, tardent, on ignore pour quelles raisons, d’engager les différents acteurs dans des débats contradictoires qui, pour les populations, constituent les seuls éléments de la mesure de la vraisemblance des réponses et de recherche de la vérité. A tout le moins, tout se passe comme si chaque groupe politique tient une chaîne de télévision comme une milice privée, au sein de laquelle, tout puissant, il assène les accusations contre l’autre camp en mettant en berne le drapeau de la contradiction. Le tout donne à penser à une guerre civile médiatique, faite d’intoxication de part et d’autre. En l’absence d’articles ou d’émissions d’investigations et de débats contradictoires, il est à craindre que la contribution de la presse dans le débat installé par les acteurs politiques soit, à terme, inefficace et, plus grave, pathologie à la formation de l’opinion.

II- Au fond des interventions et réactions, à émettre deux préoccupations :
En premier lieu, la dimension et l’intérêt pris par les débats politiques actuels posent, au-delà du mode ou des procédures des dépenses publiques, la question de leur opportunité.
Quel choix à faire, par exemple, entre l’accès de tous nos concitoyens à l’eau et à l’électricité, qui appelle des dépenses si importantes que les initiatives privées hésitent à appuyer et la distribution des micro crédits qui constitue déjà une activité prise en considération par les initiatives privées et dont on sait, par ailleurs, qu’émanant de l’Etat, elle soit considérée comme la juste rétribution d’une affiliation politique ou d’une filiation ethnique ou régionaliste et, à tout le moins, ne puisse produire les fruits escomptés?
Quel choix à faire, entre les dépenses dispendieuses et prestigieuse (construction ou réfection de présidence, d’aéroport régional et d’autres dans ce sens) et les lourdes dépenses de santé publique et d’enseignement ou de la recherche (hôpitaux modernes bien équipés, laboratoires de recherches et bibliothèques, formation etc.) auxquelles peu de partenaires étrangers sont attentifs? Ne pourrait-on pas, au regard d’une petite observation empirique, noter, qu’alors que 95% des béninois n’entreront jamais dans une présidence de la république et un aéroport, ils sont, dans la proportion inverse, intéressés par la qualité des soins dans les hôpitaux et celle de l’enseignement dans nos écoles, lycées, collèges et universités?
Il est nécessaire, en dépit de la prévalence des choix de la majorité au pouvoir, d’établir un accord politique élargi sur l’utilisation des ressources de l’Etat, en cohérence avec les options politiques (actuellement floues) et les options économiques (tout aussi opaques).
Si encore la République du Bénin voudrait se conformer à l’option choisie à la Conférence Nationale de février 1990 du libéralisme politique et économique, il y a lieu d’inclure la politique de lutte contre la pauvreté dans ce cadre. Autrement dit, dans quelle mesure et suivant quels outils un Etat de démocratie et d’économie libérale peut-il contribuer à la lutte contre la pauvreté sans contredire son choix ni offenser ses options? Ce sont les réponses à cette problématique qui devraient déterminer les outils adéquats à la lutte contre la pauvreté si chère à nos gouvernants. On vérifierait alors avec plus d’objectivité si la distribution des micro crédits aux plus pauvres en ferait partie et, accessoirement, quelles seraient les conditions de leur opérationnalité. Or, malheureusement, il ne semble pas que la problématique soit .posée dans ce sens et, a fortiori, les réponses appropriées fournies.
En second lieu, nos concitoyens observent bien qu’au travers des questions posées par les uns et des réactions des autres, l’enjeu est bien l’élection présidentielle de 2011. Déjà, toute l’administration est en campagne électorale et les tournées ministérielles d’une fréquence rare n’en sont qu’une illustration. Les marches de soutien sont remplacées par les visites de courtoisies des notabilités- de différentes régions avec, désormais, l’exercice de la remise de la clé de ces localités au Chef de l’Etat. 
Les moyens de l’Etat sont mis à l’usage, détournés de leur destination normale ou éprouvés fortement; certains cadres sollicités avec harcèlement pour être nommés à différentes fonctions de l’Etat afin de s’offrir, par avarice, l’attachement et l’affiliation des populations dont ils sont originaires, alors même que d’autres sont mis au garage, depuis longtemps et sans emploi, tout en émargeant au budget de l’Etat.
Ces pratiques de gaspillage ruinent les ressources de l’Etat et constituent, également des actes de corruption discrète mais tout aussi nuisibles auxquels il convient de mettre fin.

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III – En conclusion:
L’ONG DHPD appelle les différents acteurs:
– A proposer aux citoyens des cadres d’échanges contradictoires sur la pertinence de l’action gouvernementale.
– À conclure un accord politique, le plus large possible, sur l’utilisation des ressources de l’Etat, dans le cadre de la démocratie libérale, et en vue de la prise en compte des intérêts durables des populations.
– À contenir l’inclination à la campagne électorale dans la .limite du raisonnable, sans jamais  porter atteinte aux intérêts de la Nation.
– A envisager la réalisation dans les délais pressentis de la Liste électorale permanente informatisée, gage d’une élection libre et apaisée.
– Les différentes associations qui s’inscrivent dans la veille citoyenne à se concerter en vue de la mise sur pied d’un réseau pertinent d’observation de la campagne précoce entamée et de préparation des prochaines compétitions électorales.

Fait à Cotonou, le 1er mars 2009

Le Président
Joseph Djogbénou

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