Olga da Silva/ Directrice générale de l’hôtel Plm Alejo

O. Da Silva « Nous œuvrons  pour que Yayi passe au premier tour en 2011 »
La directrice générale de l’hôtel Plm Alejo, Olga da Silva, fait partie des tout premiers  soutiens du président Boni Yayi en 2006. Ce qui lui a permis certainement d’être la coordonnatrice des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) dans la commune de Sèmè-Podji. A ce titre, elle s’est beaucoup battue pour la victoire de la mouvance aux dernières élections communales dans sa localité. Dans cette interview, elle a parlé de la journée internationale de la femme et de ses implications. Elle a également saisi cette occasion pour révéler les orientations du gouvernement dans le cadre de la transformation de l’hôtel Plm Alejo. 
Il a été célébré au Bénin et dans le monde entier, la quatrième journée internationale de la femme. En tant que femme, quelles  réflexions cela vous inspire ?
Ce n’est pas inutile cette célébration, puisqu’on sait que les femmes sont marginalisées dans la gestion de la chose publique. Je crois qu’elles sont appelées  l’être faible. Par rapport aux hommes, elles n’ont pas la même évolution. C’est pour cela que la journée internationale de la femme a été instituée. Il y a toujours une différence entre la fille et le garçon. La fille est forcément vouée à certaines tâches, tandis qu’on laisse le garçon s’épanouir.

A cette occasion, le président de la République, Boni Yayi, a décidé de porter le taux de participation des femmes à son  gouvernement à 30%. Pensez-vous que c’est l’une des meilleures décisions qu’il a prises ?

Lorsqu’il a formé son gouvernement constitué uniquement de quatre femmes, je faisais partie des personnes qui n’étaient pas allées contre le président Boni yayi. Je m’étais expliquée. Pour former un gouvernement, il consulte les forces politiques qui lui font des propositions de noms. Je vous assure que la majorité de ces partis ne font que proposer des hommes. Comme on lui dit de travailler avec eux à cause de l’ouverture politique, il ne peut nommer que des hommes dans ces conditions-là. Il lui arrive de nommer des femmes. Cela vient directement de lui, peut-être qu’il a son quota. Je ne sais pas comment ça se passe. Nous avons actuellement 30 ministres au gouvernement. Si c’est le même nombre de ministres ou comme les gens lui font la proposition de 25 ministres, cela veut dire que nous aurons 08 à 10 femmes dans l’exécutif. Dites-moi dans quel parti politique vous voyez des femmes monter au créneau, à moins que ces hommes politiques proposent soit leurs épouses, soit leurs maîtresses. Ce qui fait que nous voyons des femmes qui n’ont jamais milité quelque part apparaître au gouvernement. Je n’ai pas ma langue dans ma poche. Si on doit augmenter le nombre de femmes au gouvernement, et qu’elles ne soient pas des militantes, je suis complètement contre, parce qu’il faut qu’elles soient des femmes du terrain et qui font  quelque chose au moins. Si on doit augmenter le nombre de femmes au gouvernement pour la forme, je crois qu’il faut préconiser une politique qui va les encourager à militer et à être dans les organes de prises de décisions au niveau des partis politiques, parce que je crois que c’est eux qui animent la vie politique. Alors, il faut d’abord augmenter le nombre de femmes quand on veut proposer des candidats pour les élections législatives et communales et les mettre en bonne position. Déjà, on va les intéresser à la vie politique. Il faut mener bien la réflexion.

 Vous souhaitez les femmes militantes au gouvernement. Vous pensez qu’avec elles, il y aura un changement dans la gestion de la chose publique ?
Est-ce que c’est pour avoir un changement dans la gestion de la chose publique qu’on veut des femmes au gouvernement ? Les choses vont être gérées de la manière dont elles sont gérées. Mais c’est sûr que si les femmes sont aux affaires, c’est autre chose, parce qu’elles ne sont pas comme des hommes qui ont une  multitude de maîtresses.  Quand un homme est à un poste de responsabilité, le nombre de ses maîtresses augmente dans la plupart des cas. Ce qui doit l’obliger à les satisfaire toutes. Vous voyez  que la réflexion est autre, tandis qu’une femme mise dans les mêmes conditions  se préoccupe de son travail d’abord. Elle s’occupe prioritairement de ses fonctions. Au-delà de cela, c’est quand même bien qu’il y ait plus de femmes au gouvernement, parce que c’est effectivement choquant qu’il n’y ait seulement  quatre femmes dans l’équipe actuelle du président Boni Yayi. Je réaffirme que ce n’est pas la faute du chef de l’Etat.

Dans les partis politiques, il y a des conditions difficiles pour qu’une femme qui vit dans un foyer puisse assumer. Les réunions politiques commencent tard la soirée. Après sa sortie du boulot, il faut qu’elle aille à la réunion politique qui peut durer jusqu’à 22 heures et plus. Vous pensez que dans ces conditions, qu’elle peut militer dans un parti politique?

Je crois que la question est beaucoup plus profonde que cela. Il faudrait que les mentalités changent. L’homme et la femme doivent se faire confiance. Quand l’homme revient des réunions politiques tard dans la nuit, la femme ne lui fait pas d’histoire, parce qu’elle sait que son mari fait la politique. Il faudrait que les hommes acceptent que leurs femmes fassent aussi la politique  et qu’ils s’entendent pour gérer la maison. Le problème est beaucoup plus à ce niveau.

En tant femme  vous dirigez les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) à Sèmè-Podji. Vous contrôlez le terrain aujourd’hui. Est-ce que l’on peut mettre ses acquis à l’actif d’une femme militante et combattante qui a su mobiliser les forces autour d’elle ?

Je soutiens la vision du docteur Boni Yayi depuis les présidentielles. Je savais qu’il allait mettre en œuvre ses promesses politiques de campagne. Pendant les présidentielles, nous avons expliqué aux populations que c’est l’homme qu’il faut pour un Bénin nouveau. Le travail a commencé depuis 2006. Quand il est arrivé au pouvoir, il nous a favorisé le travail, parce qu’il a commencé par respecter ses engagements électoraux.  Nous sommes chargés de l’exécution de sa vision. Nous nous sommes battus pour que les  microcrédits entre 30000f et 50000f soient accordés  aux femmes de Sèmè-Podji à la base pour leurs petites affaires. Nous,  nous sommes restés à leurs côtés. Elles n’avaient rien du tout pour démarrer une activité commerciale. Elles vont spontanément soutenir la liste du président Boni Yayi aux élections, quand on va la leur présenter. Ce sont les femmes qui ont contribué à notre victoire à Sèmè-Podji.  Elles ont compris que le président de la République est venu  pour travailler pour elles. C’est aussi simple que cela.

Après cette victoire, il y a eu la réélection controversée du maire Mathias Gbèdan et la fermeture des carrières.

Pour ce qui est de la réélection du maire, la Fcbe a politiquement percé dans la commune de Sèmè-Podji. Dans un conseil communal, il faut avoir la majorité pour pouvoir diriger.  Après la proclamation définitive des résultats et la reprise des élections dans l’arrondissement d’Aholouyèmè, la Fcbe a eu 11 sièges, le Prd en a eu 11 également et les indépendants 03. Pour avoir la majorité, il faudrait que nous ayons 13. Donc, il fallait trouver les deux autres quelque part. Dieu a voulu que nous ayons 02 parmi les conseillers Prd. Vous pensez que vous allez jeter une manne que Dieu vous a donnée ?  Je suis très voyante. Nous n’avons pas été chercher le maire Gbèdan et l’actuel chef d’arrondissement d’Agblangandan. Ils sont venus vers nous depuis la proclamation des résultats par la Cena, parce que si vous militez pour une force politique, vous voulez des avantages, surtout si des promesses vous ont été faites. Vous allez vouloir qu’elles soient respectées.  Ils étaient plus de deux à venir vers nous. L’erreur qu’a commise le Prd est que les siens sont partis dans une maison pour mettre en place le  conseil communal, parce que les populations ont bloqué  son installation  suite aux résultats tronqués de la Cena. C’est cette erreur qui leur a été fatale, car les conseillers, à qui ils ont fait des promesses avant les élections, ne se sont plus retrouvés aux postes qu’on leur avait promis. La confiance a été donc rompue. C’est de là qu’ils sont venus tranquillement vers nous. Pendant les recours, ils voulaient que nous installions le conseil communal, parce que leur nombre qui était de cinq  nous était suffisant. Mais, nous avons dit non, pour montrer que la Cena n’a pas respecté les résultats du terrain. Les recours nous ont amenés jusqu’à la reprise des élections. Certains d’entre eux ne sont plus revenus.  Nous n’avions mis en place que le schéma qui existait avant l’épuisement de tous les recours par la Cour suprême.

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Pour la fermeture des carrières de sable, vous pensez qu’elles devraient être fermées depuis fort longtemps ? 
Mais, il ne faut pas que les gens pensent que c’est cela qui arrêtera l’érosion côtière. Mais, ça favorisera la réalisation des œuvres contre l’avancée de la mer. C’est la signification de la décision du gouvernement. Si le gouvernement n’a pas fait le forcing auparavant, c’était pour éviter qu’on lui prête l’intention de faire de la chasse aux sorcières contre le Prd qui dirigeait la mairie. Aujourd’hui, c’est la mouvance qui a Sèmè-Podji en main. C’est plus facile de faire appliquer les décisions du gouvernement.  D’accord, cela entraînera les problèmes, parce que ce n’est pas gai  pour les jeunes qui travaillaient dans ces carrières de se retrouver au chômage. Je pense que nous gérons notre pays, tout en sachant  qu’il fallait fermer les carrières de Sèmè-Podji. Nous devions  mettre en œuvre les solutions de rechange pour trouver du travail à ces jeunes en question. On ne peut pas dire de fermer d’abord et chercher des solutions après.  Je suis un peu déçue.

Au regard des problèmes sociaux engendrés par   la fermeture des carrières de sable, comment  la Fcbe sortir d’une telle situation ?

Je sais qu’il y a déjà des mécontents. Les jeunes de la Fcbe s’attendaient à des retombées de la mairie comme leurs amis d’en face, quand le Prd gérait Sèmè-Podji.  Ces jeunes sont déçus du fait que, ce soit deux ou trois semaines après la prise de la mairie par la Fcbe que la décision du gouvernement est rentrée en vigueur. Nous dirigeons des jeunes qui croient au président Boni Yayi. Nous leur avons expliqué que c’est pour le bien de Sèmè-Podji que cette décision a été prise. Pour leur trouver des emplois, ils n’ont qu’à compter sur nous et le président de la République. Ils ont compris notre message. Et, laissez-moi -vous dire que si vous voyez des mécontentements sur le terrain, ce ne sont pas des jeunes de la Fcbe. Ce sont ceux du Prd, parce que c’est eux qui géraient la chose. Donc, c’est eux qui ne sont pas contents sur le terrain, parce que nous sommes en train de trouver d’autres débouchés aux jeunes de Fcbe.

Par ailleurs, vous dirigez en tant femme aujourd’hui l’hôtel Plm Aledjo. Quel est l’état de santé actuel de ce centre hôtelier ?

L’hôtel Plm Aledjo est une structure de l’Etat, mais différente des autres sociétés hôtelières publiques. Si nous allons faire les choses normalement, un Etat ne peut gérer un hôtel. Une société d’Etat a forcément un monopole. Or, un hôtel ne peut avoir une activité qui constitue un monopole. C’est la concurrence avec les autres entreprises hôtelières de la place. L’Etat n’est pas là pour gérer la concurrence. Je pense que c’est cela que le gouvernement du président Boni Yayi a compris et notre nomination a été accompagnée d’un décret de transformation de l’hôtel  Aledjo en un guest-house. L’hôtel  Aledjo est un symbole pour le Bénin. Il est difficile à l’Etat de le céder, parce qu’il constitue un symbole pour notre démocratie. Donc, qu’est-ce qu’il faut faire ? C’est ainsi que le gouvernement a mûri des réflexions pour transformer cet hôtel en guest-house.

Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que c’est un endroit où l’Etat reçoit prioritairement ses invités de marque. Le guest- house permet à l’hôtel d’avoir une activité de monopole, parce que ses invités de marque doivent y rester prioritairement. C’est ce que le gouvernement a commencé, c’est la rénovation toutes les villas qui sont là. Aledjo est constitué de villas. Il ne porte que le nom d’hôtel. Quand on finira la transformation, on dira guest-house Aledjo. Un guest-house est d’un certain standing. Nous gérons la situation au quotidien, parce que nous avons des employés qui ont des familles. Souvent quand une restructuration de ce genre commence, on envoie tout le monde au chômage technique. Mais, nous nous sommes dit que nous allons essayer de tenir la route jusqu’à la fin du processus. Voilà l’état de l’hôtel Alejo.

Revenons encore à la politique. Comment entrevoyez-vous 2011 ?
Quand je parle de 2011, cela fâche certains de mes compatriotes qui ne sont pas du même bord que moi. Mon problème est que toutes les promesses du président Boni Yayi se réalisent. Pour moi, 2011 doit être juste une formalité, parce que si vraiment le chef de l’Etat met en œuvre sa vision, il n’y a pas de raison qu’il ne passe pas. Nous, nous œuvrons pour que Yayi passe au premier tour en 2011. Tout ce qui lui est reproché au président est le fait, disent-ils, de ne pas respecter les engagements, parce qu’il les a pris entre deux tours. Yayi n’est pas venu pour faire de la politique, mais c’est la situation politique du pays qui l’amène sur ce terrain.

La vision du chef de l’Etat est de mettre en œuvre sa politique avec ses technocrates. C’était cela, si vous regardez son premier gouvernement. Cela a amené des problèmes. Après les élections législatives, on n’a pas eu la majorité absolue au Parlement. Le fait d’avoir négocié à gauche et à droite, l’a obligé à changer les donnes.  Et, c’est au peuple de le juger. Donc si j’ai un appel à lancer, c’est de demander aux Béninois de laisser le président Yayi faire ses deux mandats. Il faut le laisser travailler, afin de lui permettre d’avoir le deuxième mandat et nous allons voir si notre pays ne va pas changer.

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Réalisation : Jules Maoussi

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