Le Ministre de l’Economie et des Finances a conduit une délégation aux réunions des Ministres des Finances de la Zone Franc (Ouagadougou, les 16 et 17 avril 2009) et aux réunions de Printemps de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) à Washington, du 24 au 27 avril 2009.
1. De la participation aux réunions des Ministres des Finances de la Zone Franc
Au cours de ces réunions consacrées à l’examen des grandes questions économiques et financières et de développement dans le monde et en particulier au niveau de la Zone Franc, notamment les impacts de la crise financière et économique internationale, les Ministres ont notamment pris acte de l’état de la convergence des politiques macroéconomiques au 31 décembre 2008 et ont constaté que cette dernière ne progresse pas suffisamment. En 2008, aucun pays de la Zone Franc n’a pu respecter l’ensemble des critères de convergence. Le Bénin, qui en 2007 a respecté les quatre critères de 1er rang, n’en a respecté que trois en 2008. Le non respect du critère relatif à l’inflation au Bénin est lié aux chocs sur les prix des produits alimentaires et pétroliers, ce qui ne dépend pas de la politique du Gouvernement mais plutôt de la conjoncture. Par ailleurs, les Ministres et les Présidents des Institutions régionales ont abordé plusieurs autres questions ou thèmes importants, notamment : i) La zone franc face aux effets de contagion de la crise financière internationale ; (ii) la question du développement de l’offre énergétique dans la Zone Franc ; iii) la préparation des assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, etc.
Les Ministres ont longuement débattu de l'impact de la crise internationale sur les perspectives économiques de la Zone franc. Des derniers éléments d'analyse, il ressort que l'ensemble des pays de la Zone seront affectés en 2009 à la fois par la baisse des recettes d'exportation et des flux de capitaux, qui impacteront négativement les finances publiques. En particulier les pays producteurs de pétrole seront touchés par le retournement des prix pétroliers, qui se traduira par un net ralentissement de la croissance et une dégradation des comptes publics et des comptes extérieurs.
En outre, les participants se sont engagés à mobiliser l'ensemble des instruments de politique économique disponibles, au niveau de chaque Etat et de chaque Union, afin de soutenir l'activité économique et préserver la situation sociale déjà fragilisée par la récente dégradation du pouvoir d'achat des ménages. Compte tenu de la faiblesse des marges de manœuvre budgétaires dans la plupart des Etats membres, en particulier les Etats les plus fragiles et/ou fortement dépendants des recettes d'exportation de produits de rente, la priorité devra aller à la mobilisation des ressources internes et au renforcement de l'efficacité de la dépense publique. A cet égard ils ont convenu de donner, dans toute la mesure du possible, la priorité aux dépenses sociales et aux dépenses d'investissement, notamment dans l'agriculture, dans la perspective de l'atteinte des Objectifs du Millénaire du Développement. Afin de préserver la compétitivité des économies, les dépenses de soutien à l'activité devront par ailleurs s'appuyer de préférence sur des mesures ciblées et temporaires.
En marge de la réunion des Ministres de la Zone Franc, deux réunions statuaires se sont tenues dans le domaine des assurances, le 16 avril 2009. Il s’agit de :
• la réunion ordinaire du Conseil des Ministres des Assurances de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA) ;
• la réunion extraordinaire de l’Assemblée Générale des Etats de la Compagnie Commune de Réassurance des Etats membres de la CICA (CICA-Ré) dont sont membres, uniquement, les Ministres en charge du secteur de l’Assurance dans les Etats membres de cette Institution.
2. De la participation aux réunions de Printemps de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI)
La délégation a participé aux séances plénières, aux réunions du Comité de développement, du Comité monétaire et financier international, du Groupe Intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement et au Forum Ministériel conjoint sur la viabilité de la dette.
Les réunions internationales se sont concentrées sur la question de la crise financière internationale, la question de réforme de voix et de représentation aux pays en développement dans les instances décisionnelles des institutions de Bretton Woods. Les participants ont noté que l’évolution de la crise financière et économique actuelle a des conséquences particulièrement graves dans les pays en développement où elle se transforme en catastrophe humaine et en désastre au plan du développement. De façon particulière, il a été relevé que les progrès réalisés ces dernières années dans les pays d’Afrique subsaharienne comme au Bénin, au prix de durs efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont maintenant compromis. Abordant la réaction des institutions financières internationales face à cette crise, les Ministres ont noté les efforts faits par le FMI et la Banque Mondiale pour aider les pays en développement à faire face à la situation. En conséquence, ils se sont félicités de la réforme des instruments entreprise au niveau du FMI et la Banque Mondiale pour leur permettre non seulement de satisfaire avec beaucoup plus de souplesse les multiples besoins de ressources concessionnelles et autres appuis financiers pour les pays en développement mais aussi de prévenir, à l’avenir de telle crise. Par ailleurs, les Ministres ont souligné la nécessité de remédier aux déficits de démocratie au sein des institutions de Bretton Woods et de donner plus de voix et de représentation aux pays en développement dans les instances décisionnelles.
En marge aux réunions internationales, la délégation béninoise a eu des rencontres bilatérales notamment avec la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, le Millenium Challenge Corporation (MCC) et la Société Financière Internationale (SFI). A ces occasions, le Ministre de l’Economie et des Finances, Chef de la délégation a d’abord rappelé les effets de la crise financière et économique actuelle sur l’économie béninoise en terme de pertes de recettes et souhaité que cette diminution des recettes soit compensée par les dons et prêts hautement concessionnels au risque que le Bénin soit obligé de reporter certaines dépenses. Il a insisté sur les moins perçus en terme d’aide publique au développement, de revenus d’exportations, de transferts des migrants et surtout en termes de recettes douanières et les menaces sur les efforts accomplis ces trois dernières années pour la consolidation du cadre macroéconomique. En outre, il a souhaité que le FMI et la Banque Mondiale accompagne le Bénin dans la recherche de dons et prêts supplémentaires hautement concessionnels afin d’éviter une diminution ou un report des dépenses moins prioritaires. Ensuite, il a fait le point de la coopération avec les partenaires rencontrés.
En réponse aux sollicitations du Ministre de l’Economie et des Finances, le FMI a décidé d’augmenter les ressources du Bénin au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) de 15% des quotes-parts, représentant 15 millions de dollars US (soit environ 7,5 milliards FCFA) pour aider le Gouvernement dans ses efforts de lutte contre la crise. De même, la Banque Mondiale, à travers la Vice-présidente Afrique, Mme Obiageli K. Ezekwesili, a indiqué que le Bénin ne sera pas oublié dans la répartition des fonds additionnels de la Banque Mondiale. Par ailleurs, elle a annoncé le décaissement rapide du 6ème Crédit d’Appui à la Réduction de la Pauvreté (PRSC 6) pour soutenir la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP).
La délégation béninoise a également eu l’opportunité de discuter avec les services du FMI des réformes essentielles devant soutenir le nouveau programme économique et financier avec le FMI. A cet effet, une mission du FMI séjournera au Bénin du 23 septembre au 06 octobre 2009 pour les négociations.
De façon spécifique, les réunions bilatérales avec la Banque Mondiale se sont consacrées à l’examen de l’état la Coopération entre la Banque mondiale et le Bénin à travers la revue du portefeuille ; l’appui aux secteurs des infrastructures (énergie, télécommunications et assainissement) et aux négociations additionnelles relatives au financement du Projet de Développement de l’Accès à l’Energie Moderne (DAEM).
En ce qui concerne le domaine des infrastructures, le Ministre de l’Economie et des Finances a rassuré l’équipe de la Banque de la volonté du Gouvernement d’effectuer les réformes structurelles indispensables et réaliser les infrastructures nécessaires pour libérer tout le potentiel de croissance nécessaire à l’émergence économique du Bénin. En réponse, la Banque Mondiale a annoncé la mise en place du financement additionnel de 25 millions de dollars US (soit environ 13 milliards FCFA) pour le Projet de Développement de l’Accès à l’Energie Moderne (DAEM). Par ailleurs, l’équipe de la Banque a apprécié les efforts du Gouvernement pour la réforme du secteur des télécommunications et, indiqué que dans le cadre de sa nouvelle Stratégie d’Assistance Pays, un appui est prévu pour ce secteur.
Concernant la revue du portefeuille de la Banque Mondiale au Bénin, l’attention a été portée sur l’accélération des délais dans la mise en vigueur des projets. A cet égard, le Ministre de l’Economie et des Finances a rassuré l’équipe de la Banque, de l’intérêt qu’accorde personnellement le Chef de l’Etat à la bonne mise en œuvre des projets de développement financés par cette institution. A cet égard, il a annoncé la mise en place, dans les meilleurs délais, d’un dispositif pour suivre rigoureusement toutes les questions administratives relatives à la mise en œuvre du portefeuille de la Banque Mondiale au Bénin.
Pour ce qui concerne le financement du Projet de Développement de l’Accès à l’Energie Moderne (DAEM), les négociations additionnelles ont permis au Ministre de l’Economie et des Finances de procéder le 27 avril 2009 avec le représentant de la Banque Mondiale, à la signature d’un addendum au procès verbal des négociations du 23 au 25 mars 2009. Cette signature consacre l’augmentation du crédit de ce projet de 25 millions de dollars US (soit environ 13 milliards FCFA).
Le Ministre de l’Economie et des Finances a été reçu par Mme Obiageli K. Ezekwesili, Vice-présidente Afrique de la Banque Mondiale et a sollicité l’accompagnement de son institution pour la mise en œuvre du Programme de Gratuité de la césarienne au Bénin, du Programme de Microfinance et du Projet de construction du barrage hydro-électrique d’Adjarala. Par ailleurs, le Ministre de l’Economie et des Finances a sollicité l’intervention de la Société Financière Internationale (SFI) dans plusieurs domaines au Bénin. En dehors du Port Autonome de Cotonou où la SFI intervient dans le cadre d’un appui conseil, le Chef de la délégation a sollicité son intervention pour l’amélioration du climat des affaires au Bénin, la participation au capital de la Banque Agricole (instrument important dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole) et la construction des logements économiques au Bénin.
Monsieur Bloom, Vice-président du Millenium Challenge Corporation (MCC) a reçu le Ministre. Au cours de cette séance, les discussions ont porté sur l’état de réalisation des préalables à la mise en œuvre de toutes les actions du Compact du Programme MCA Bénin dans les secteurs du Port et de la Justice. Le Ministre a rappelé l’importance du Programme MCA pour le Bénin et insisté sur la nécessité de l’exécution dans les meilleurs délais de tout le Compact.
Dans l’ensemble, la participation de la délégation béninoise à ces rencontres des institutions financières internationales a permis de partager avec les principaux partenaires multilatéraux, les effets de la crise financière et économique mondiale sur l’économie béninoise, mettant au péril les efforts réalisés ces dernières années dans la construction de l’émergence économique.
Au cours des séances de travail, l’occasion a été donnée à la délégation béninoise de passer en revue la coopération avec les Institutions de Bretton Woods et d’envisager les perspectives d’intensification de cette coopération dans la cadre de la mise en œuvre des Orientations Stratégiques de Développement (OSD) du Gouvernement.
Cette participation a été surtout une opportunité pour le Bénin, de solliciter des ressources financières supplémentaires pour atténuer les effets de la crise. Les réunions spécifiques avec les institutions de Bretton Woods ont permis de faire le point sur la coopération avec le Bénin. Ces institutions ont exprimé leur disponibilité à accompagner le Bénin dans ses choix et priorités.