Appui forcé aux œuvres sociales

Comment le gouvernement rackette les sociétés d’Etat

(Vers un autre scandale sous le Changement)
Le gouvernement du président Boni Yayi a mis la pression sur les sociétés d’Etat, afin qu’elles participent forcément aux œuvres sociales qu’il a engagées sans leur aval. Il y a beaucoup de questions autour de cette politique qui frise la rackette, la mauvaise gouvernance et autres tares de la société.

De jour en jour, les dessous du régime du Changement se découvrent. Le gouvernement du président Boni Yayi harcèle les sociétés d’Etat sous le prétexte de les amener à apporter leurs contributions à la gratuité de l’enseignement maternel et primaire, la construction de nouvelles salles de classes, la gratuité des soins de santé pour la première enfance, la création du fonds de la microfinance, la création des fonds de la santé et de l’éducation. Les entreprises d’Etat qui résistent à cette pratique sont mises sous pressions. C’est le cas de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) qui n’a pas encore libéré sa participation.
Par lettre n°0559/Mef/Dc/Sp en date du 23 février 2009, l’ancien ministre de l’Economie et des finances, Soulé Mana Lawani, avait même donné des instructions à son collègue du Travail et de la fonction publique pour que ce dernier fasse diligence  pour récupérer la part de la Cnss. De son côté, le ministre Pascal Koupaki a encore envoyé une correspondance n°0527/Mdef/Dc/And/Sp-C en date du 18 avril 2009 au directeur général de la Cnss, Gabriel Ousmane, pour que sa société vire sa part dans les comptes  trésor public à la Banque centrales des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bcao). Pris au collet par le gouvernement, le directeur général de la Cnss a commencé par sommer le conseil d’administration de la caisse pour la libération des fonds. Dans la communication n°046/09/Cnss/Dg/Sp-C adressée au président du conseil d’administration de la Cnss, le Dg Gabriel Ousmane Moussa a proposé une somme de cent millions au titre de l’année 2009.

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lettre de Koupaki

Inquiétudes

Cette pratique qui consiste à forcer la main aux sociétés d’Etat pose beaucoup de problèmes. Sur la base de quelle loi, le gouvernement du président Yayi exige des sociétés d’Etat leurs contributions aux œuvres dites sociales ? Seul le chef de l’Etat est capable de répondre à cette question. De même, quel montant chaque entreprise doit verser ? Aucune précision. Pour la Cnss, le directeur général propose 100 millions au conseil d’administration. Ensuite, les fonds collectés sont-ils budgétisés ? Là encore non.

La question fondamentale qui se pose est de savoir si la contribution des sociétés d’Etat sert réellement aux œuvres sociales de l’Etat béninois. Sans chercher loin, cette politique est l’expression concrète de la mauvaise gouvernance sous le Changement. Le contexte dans lequel cela se fait montre qu’il y a des risques de détournement de ladite participation de ces entreprises à la politique sociale du chef de l’Etat. Pour certains observateurs, c’est le pillage pur et simple des unités de production concernées. Lentement mais sûrement, on s’achève vers leur ruine, si cette politique se poursuit. Pendant la période révolutionnaire, c’est cette pratique peu orthodoxe qui a provoqué la faillite de la pluspart des sociétés d’état, parce que le gouvernement y prenait les fonds pour disait-on faire face à des dépenses de l’Etat, sans aucune disposition légale. Au finish, on s’est rendu compte les sociétés concernées ont disparu de la place avec un taux d’endettement inqualifiable.
A l’allure où vont les choses, on n’est pas loin de cette situation, si le pouvoir en place doit continuer cet harcèlement. Mais, le mal est presque inévitable à voir la situation économique morose actuelle. Selon les informations, les caisses de l’Etat sont presque vides et le gouvernement fait d’énormes acrobaties pour payer les salaires aux travailleurs. C’est comme si l’on retourne à la situation des années 80 où le Bénin a connu les plus graves difficultés économiques et financières de son histoire.

Qu’en est-il des autres sociétés

Si la Cnss est rappelée à l’ordre, cela veut dire que bien d’autres sociétés ont déjà libéré leur quote-part.  Dès lors, on se demande si le gouvernement a pensé à l’impact de cette ponction sur la santé financière de ces sociétés. A l’heure où la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) et la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) sont obligées de recourir à des augmentations des prix de leurs produits afin de pouvoir de tenir un tant soit peu la route, on ne peut s’empêcher de les soupçonner d’avoir peut-être contribué aussi à ce fonds de dépôt. Si c’était cela, on ne devrait plus chercher ailleurs les raisons qui justifient cette misère qu’on a décidé de faire au peuple. Il en découle également qu’on puisse penser que les sociétés telles que Bénin Télécom, Sobemap, Cncb, Loterie nationale du Bénin, le Port autonome de Cotonou et toutes les autres n’ont point manqué à l’appel du gouvernement. Le gouvernement gagnerait à publier la liste des sociétés contributrices ainsi que leur montant respectif. Une question demeure cependant : quelles sont ces actions sociales qui n’ont point été prévues au budget général et que ces prélèvements doivent servir à couvrir ?

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Pitié pour la Cnss

Le cas de la Cnss est plus pitoyable, car elle n’est pas une société comme les autres. Ce sont les pensions des travailleurs à la retraite qui constituent sa richesse. Elle paie les retraités. Si elle disparait, on aurait mis en difficulté les personnes du troisième âge. Alors, il lui faut éviter le pire, sinon le gouvernement les aurait précipités dans la tombe et créé des ennuis à leurs familles. Il va falloir que le chef de l’Etat revoie sa copie.

Jules Yaovi Maoussi

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