Impression de quelques béninois sur l’interdiction de la marche des C. Syndicales

Joël Aïvo, professeur de droit à l’Université d’Abomey-Calavi

« Le président ne se rend pas service »
Je condamne fermement la chose. C’est un mauvais signal pour notre démocratie. On assiste depuis peu, à la multiplication des signaux qui ne vont pas en faveur de la consolidation des libertés publiques.
Au fond, l’interdiction d’hier, est incomprise par les Béninois comme celle de la marche des femmes du parti Nep-Mixalodo samedi dernier. Remarquez qu’en moins de cinq jours, il y a eu deux interdictions de manifestation. Ce n’est pas le comportement d’un gouvernement démocratique. Ces genres d’entraves aux libertés publiques constituent des sources d’inquiétudes  et de préoccupations. On note que le gouvernement se radicalise, ce qui constitue un signe de frilosité de leur part. On ne peut concevoir qu’on autorise des marches de soutien au président Boni Yayi et quand il s’agit de manifestations de dénonciation de surcroît, pacifiques, qu’on s’y oppose. Le gouvernement doit plutôt travailler au renforcement des libertés publiques et acquis démocratiques au lieu de détruire tout ce qui était existait avant leur arrivée au pouvoir. Le président de la République ne se rend pas service.

Le député Louis Vlavonou

« De tels actes rappellent le Prpb »
Je suis déçu. J’ai été syndicaliste et en tant que tel, je ne saurais rester indifférent à de tels agissements. Je ne comprends pas qu’on puisse bâillonner les libertés. La vie des travailleurs n’est pas différente de celle des populations.  C’est le peuple qui est ainsi opprimé. Cela devrait interpeller le peuple tout entier face à la dérive totalitaire vers laquelle on tend. Je manque de mots pour qualifier l’acte. Déjà, samedi, c’est un ancien compagnon de lutte, Paul Gnimagnon qui a vu une marche organisée par les femmes de son parti, interdite. On n’a pas besoin de ça avant que le peuple ne réclame le changement. C’est à croire que nous sommes repartis au bon vieux temps du Mison. De tels actes rappellent les pratiques du Prpb dans un temps bien révolu.

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Eric Houndété, député

« Cela nous renvoie à 20 voire 30 ans en arrière »
C’est Dieu qui donne le pouvoir, c’est lui qui le reprend également lorsqu’on ne lui obéit pas. Ce qui se passe, c’est le signe que Dieu a pris sa décision irréversible d’ôter le pouvoir à l’actuel roi qu’il a fait. Si non comment comprendre que les syndicats, la masse des travailleurs, ceux qui produisent les richesses dilapidées ou volées, veuillent dénoncer cela, et qu’on les en empêche. Quand on un gouvernement qui a marché contre la corruption interdit d’autres marches contre la corruption, il faut y aller comprendre quelque chose. Comme on le dit vulgairement, « les cuisses d’une femme qui n’a rien fait, ne tremblent point ». Autrement dit, c’est celui qui se sent morveux qui se mouche. Cela nous renvoie à 20 voire 30 ans en arrière. La seule richesse que nous avons au Bénin, c’est notre démocratie, nos sous-sols étant vides. Quand on va la gâcher, on se demande bien ce qu’on peut encore vendre. Que les Béninois prient beaucoup pour les dirigeants actuels afin que Dieu les éclaire. Même si ce dernier a pris sa décision de leur ôter son chapeau. Cette affaire, ne mérite pas trop de commentaire. Il faut tout simplement se rendre compte qu’ils veulent qu’on les laisse bouffer en silence.

M. Godjo, consultant en gestion de projets

«  C’est vilain »
Je suis attristé en apprenant que  la marche des syndicalistes a été empêchée. On a l’impression que nous sommes retournés à un passé révolu. Cela ne fait pas honneur à notre pays. C’est toiut simplement vilain. Et peut-être que le chef de l’Etat lui-même pouvait avoir intérêt à les écouter. On ne peut empêcher les syndicalistes de s’exprimer sur une question qui concerne tous les Béninois. Il faut que les autorités actuelles revoient leur copie.

Joseph Gnonlonfoun, ancien ministre et ancien conseiller à la Haac, proche du régime actuel

Il n’a pas voulu se prononcer. Car, affirme-t-il n’ayant pas les dessous des motifs d’interdiction.
Réalisation : Benoît Mètonou

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