Le Bénin décrété en état d’urgence face aux inondations

La comédie du ministre Zinzindohoué et de tout le gouvernement

En décrétant  le Bénin en état d’urgence  depuis le lundi 6 juillet dernier, le gouvernement  veut sans doute alerter l’opinion internationale sur  les dégâts que causent depuis peu, les pluies diluviennes sur son territoire. La fameuse décision a été rendue publique par le ministre Armand Zinzindohoué, qui est  descendu quelques heures après sur le terrain, donnant ainsi l’impression qu’il y avait vraiment péril en la demeure. Mais au fond, tout a l’air d’une grosse comédie et d’une fuite de responsabilité devant une situation que le Bénin pouvait bien maîtriser.

« Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces dernières semaines  sur l’ensemble du territoire national et plus particulièrement dans sa partie  méridionale, ont provoqué  d’importants dégâts matériels  et continuent de perturber le vécu quotidien des populations de nos villes et campagnes ».  Brossant   le  constat alarmant des inondations qui sévissent  depuis quelques semaines dans  plusieurs zones du pays, notamment Cotonou et  les localités limitrophes, le ministre  de l’intérieur Armand Zinzindohoué,  a rendu,  publique lundi dernier,   la toute dernière décision du gouvernement sur cette situation.   Le Bénin est désormais déclaré en état d’urgence face aux inondations. L’alerte est ainsi lancée à l’endroit de  la communauté  internationale que le gouvernement, selon  le ministre, sollicite de façon pressante aux fins de prévenir les maladies hydriques telles que le paludisme et le choléra, atténuer  la souffrance des populations sinistrées et rétablir sans délai. Un message, on ne peut plus clair, qui met à nu la panique qui a gagné  le rang des gouvernants devant  l’ampleur des inondations. Il n’en fallait pas davantage, pour que le ministre Zinzindohoué, à la suite de cette déclaration hypermédiatisée,  descende  les heures qui suivent sur le terrain. Accompagné d’autres autorités pas des moindres, il se rend dans l’un des quartiers toujours gorgés d’eau depuis les dernières pluies, pour s’imprégner de la triste situation. Chaussé de botte, comme tous les autres accompagnateurs de prestige, il n’hésitera pas à plonger ses pieds dans  l’eau, même à des endroits où la profondeur fait peur.

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Seulement voilà.  Il y a danger, il est vrai.  Mais pas au point de  décréter le Bénin en état d’urgence devant un phénomène qui ne lui est plus nouveau. Il est devenu cyclique depuis plusieurs années. Et s’il s’intensifie, c’est parce que personne ne le prend au sérieux. Tout le reste n’est que théâtralité. Il paraît d’ailleurs curieux que le ministre de l’intérieur, au nom du gouvernement, se précipite pour faire une telle déclaration au moment même où les inondations commencent  pas baisser d’ampleur.  Mieux ,  les dégâts  enregistrés ne sont   pas encore au dessus des capacités du gouvernement. Il devrait plutôt prendre ses responsabilités en s’investissant  dans  l’acquisition  des moyens  de sauvetage qu’il réclame  tant à la communauté internationale. La souveraineté  nationale passe aussi par là. Nous devons souvent apprendre à assumer nos responsabilités face à des situations  que nous contribuons à pérenniser. Oui, c’est  le vrai problème. Les inondations se manifestent davantage à Cotonou, par exemple, parce que beaucoup  d’actes favorables sont posés autant du côté de la municipalité que du pouvoir central. Les parcelles continuent d’être vendues dans des zones marécageuses qui servaient jadis de réceptacles d’eaux découlement ;  des infrastructures importantes sont érigées sur des sites inappropriés sans  le moindre ouvrage d’assainissement et d’écoulement de l’eau. Ici, les cas  du passage supérieur de Houéyiho et des nouvelles voies construites dans les environs des Villas Cen-sad, sont édifiants. 

Conséquence, les populations riveraines sont aujourd’hui plus inondées qu’avant. Les exemples  du genre sont nombreux dans  la ville de Cotonou. Même  les collecteurs  d’eau construits à coup de milliards  ne jouent plus  le rôle qui leur est dévolu, faute d’entretien. Certains ont été transformés en dépotoirs d’ordures au vu et au su des autorités municipales qui s’en indignent très peu.  Au demeurant, décréter aujourd’hui que le Bénin  est en état d’urgence  face à un phénomène que nous contribuons tous à entretenir et à perpétuer ressemble à une fuite de responsabilité et à une grosse comédie.

Christian Tchanou

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