Yayi enterre la démocratie béninoise

Y. BoniLe chef de l’Etat a franchi le rubicond. Il l’a dit et il l’a fait. Cette interdiction de la marche pacifique des centrales syndicales hier par le gouvernement du président Boni Yayi est un précédent grave pour les libertés publiques, base de la démocratie béninoise.

C’est dire que le Changement a détruit déjà les substances de l’Etat de droit au Bénin. Donc, les résolutions de la conférence nationale de février 1990 partent en fumée à cause des dérives de ceux qui dirigent le pays aujourd’hui. Feu Monseigneur Isidore de Souza, dans sa tombe, serait en train de se retourner mille fois contre ce qui se passe actuellement dans son Bénin, pays qu’il a laissé à ses descendants. Si le président Boni était à a conférence nationale, il n’aurait pas ses attitudes dictatoriales.

Publicité

Au départ, personne ne pouvait penser un instant que le régime en place pouvait venir jusqu’à cette extrémité. Dès sa prise de fonction, le président Boni Yayi montrait quelques pas de danse de la dictature. Il commence par déclarer publiquement que son pouvoir est d’essence divine et que quiconque qui veut s’opposer à cela aurait péché contre la nature. C’était au centre de conférences de Cotonou, quelques mois après son arrivée au pouvoir, lors de ses prises de contacts avec les syndicalistes. Un douanier présent dans la salle, choqué par les propos de son président, s’est levé et s’écria : « Non, monsieur le président, vous êtes un dictateur ». Le chef de l’Etat, énervé, cria : « Tais-toi, là-bas ! Sortez-le ! ». Beaucoup avaient pris ce douanier pour un malade mental. De jour en jour, les propos de ce dernier se confirment. Quelques semaines plus tard, à la présidence de la République, le chef de l’Etat déclara à un groupe de travailleurs qui menaçait d'aller en grève ceci : « Après Dieu, c’est moi au Bénin ». Cette déclaration avait fait beaucoup de bruits à l’époque. Le gouvernement a trouvé la formule qu’il faut pour apaiser les cœurs. On pensait que le pouvoir en place allait tirer leçons de cette situation pour se corriger. Erreur ! Certains Béninois, membres des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), organisent des marches de soutien, un peu partout dans le pays, pour montrer que l’actuel locataire de la Marina est venu du ciel pour sauver le peuple béninois.

En chantant ses louanges tous les jours, ils ont fini par le pousser plus sur le terrain de la dictature, parce qu’il croit certainement que ses actions sont soutenues par le peuple. L’histoire du monde contemporain a montré que les dictateurs ne sont pas ce qu’ils sont du jour au lendemain. Hitler, Moussolini, Staline, Eyadéma, Mobutu et consorts, au départ, étaient appréciés. Les expressions comme « père de la nation », « le grand timonier » rendent dictateurs les chefs d’Etat. Devenus plus forts, ils se retournent contre le peuple après. Ensuite, ils marchent sur les lois, la classe politique. Ainsi, ils prennent goût au pouvoir et s’y accrochent. Dès lors, le président Boni Yayi est sur la droite ligne de la dictature contraire aux principes démocratiques. Ainsi, l’Etat de droit a pris un coup. L’heure d'un "sauve-qui-peut" qui a sonné maintenant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité