Affaire Cen-Sad

La bonne foi de Boni Yayi reste à prouver

Le gouvernement du président Boni Yayi cafouille dans la gestion transparente et équitable de l’affaire Cen-Sad. A l’allure où vont les choses, la manifestation de la vérité risque d’être étouffée, car l’on veut brouiller les pistes.
« L’affaire est dans les mains de la justice. Il faut la laisser faire son travail ». C’est ce qu’on risque d’entendre dans les mois ou années à venir, suite à l’annonce de la transmission de l’affaire Cen-Sad à la justice par le gouvernement du président Boni Yayi. Actuellement, la bonne foi du chef de l’Etat pour faire la lumière sur ce dossier reste à prouver. En conseil des ministres, il a été demandé au ministre de la Justice de prendre les dispositions nécessaires pour saisir les juridictions compétentes contre les mis en cause. Quand est-ce que le garde des sceaux, Victor Topanou, fera t-il cet exercice ? Il est difficile de le dire. C’est dire que le pouvoir en place peut se limiter à ce niveau dans l’examen de cette affaire. Dès lors, il faut que la Société civile, les partis politiques et le peuple béninois tout entier veillent au grain, afin de contraindre le président Boni Yayi à poursuivre effectivement les personnes impliquées, si vraiment la lutte contre la corruption et les malversations financières constituent son crédo.
De même, il ne suffit pas que l’affaire soit devant la justice pour commencer par se frotter les mains. Même devant les tribunaux, il peut avoir des pressions dans le but d’empêcher les juges de faire leur travail convenablement. Le Procureur de la République et plusieurs hauts responsables de la justice sont nommés par le gouvernement. Ces derniers peuvent-ils ne pas faire la volonté du pouvoir ? Il est difficile de répondre à cette question. A cette allure, il ne sera pas étonnant de voir ce dossier dans les tiroirs de la justice. Cet état de chose permettra au gouvernement béninois de se dédouaner devant le peuple. « Non, l’affaire est devant les tribunaux ». Cette phrase sera abondamment répétée au moment opportun. Ainsi avec le temps, le dossier sera enterré.

Quel sort pour Lawani ?

Le gouvernement, en parlant de la justice, fait-il double jeu avec la conscience des Béninois ? Dans le dossier du Palais des congrès et du Centre international des conférences, il y a deux catégories de personnes mises en cause. Il y a ceux qui répondent du droit commun et pourront être traduits devant les tribunaux ordinaires. Et il ya ceux qui ne peuvent être jugés que par la Haute cour de justice. C’est le cas du ministre Soulé Mana Lawani ?  Pour y arriver, il y a des procédures à suivre. On doit saisir l’Assemblée nationale pour voter sa mise en accusation. Et, il faut 2/3 des députés pour le faire. Après cette étape, M Lawani pourra être jugé par la Haute cour de justice. Or, jusqu’à l’heure actuelle, aucune démarche n’est entreprise dans ce sens.

Et même si la procédure est enclenchée alors que les députés sont en congé, il faut attendre la première session ordinaire de l’année prochaine pour que le cas soit soumis à l’Assemblée nationale, puisqu’à partir d’octobre, c’est le budget de l’Etat qui sera à l’étude. Or dès l’année prochaine, nous entrons de plain pied dans les campagnes présidentielle et législative. Il est donc fort probable que le ministre Lawani ne soit pas inquiété. Il est tant que le pouvoir en place cesse de jouer avec la conscience du peuple. Ces manigances sont de petits jeux auxquels les Béninois sont habitués. Et il faut que le chef de l’Etat donne la preuve de  sa bonne foi.

Jules Yaovi Maoussi

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