Sortie du président du Prd

A. HoungbédjiMe Adrien Houngbédji crucifie Boni Yayi

Dans un entretien accordé à la télévision Canal 3 à son domicile à Porto-Novo, le président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji, a mis à nu les tares de la politique du chef de l’Etat. Ce qui a permis aux uns et aux autres de comprendre les graves erreurs du régime du Changement. (Lire quelques extraits de sa déclarations) 

Quelques extraits de l’entretien du président Houngbédji à Canal 3

Le président YAYI a fait, pêle-mêle, l’inventaire des actions de son gouvernement : la Césarienne, « la gratuité de l’enseignement primaire », la crise énergétique, la mécanisation de l’agriculture, l’Etat de notre administration ;

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Et à conclure que n’eut été la crise, le Bénin aurait pris son envol ;
A ce stade, la journaliste, avec une malice dont les femmes ont seules le secret, lui demande : « Monsieur le Président, avez-vous le sentiment que tout ce que vous énumérez a eu un impact positif sur les Béninois, même sans la crise ? »

C’était la vraie question. Et c’est le Président YAYI lui-même qui répond

• Il dit est-ce que, en 2007, on a créé de la richesse ? Et il répond, en 2007, on a fait 4,8% de taux de croissance. En 2008 on a fait 5%. En 2009, on ne dépassera pas 4%. Alors, je pose la question, qu’a-t-il fait de mieux que ces prédécesseurs qu’il dénigre ou qu’il humilie. Sous Kérékou, le taux de croissance a toujours été légèrement supérieur de 5% et sous SOGLO il atteint une fois 6%.
• L’agriculture. YAYI BONI répond : pour accroitre la production agricole, je suis passée à la mécanisation en achetant pour dix milliards de matériels agricole et des essoucheuses ; c’est la révolution verte. Je dis non, vous avez mis la charrue avant les bœufs. Avez-vous déjà identifié les terres ? Avez-vous étudié l’adéquation entre les machines et les sols à cultiver ? Entre les sols et les essoucheuses ? Avez-vous fait des études agro-pédologiques garantissant l’efficacité des méthodes culturales ? et les producteurs dans tout ça ? car c’est eux le centre de toute politique de développement agricole.
Tel que vous avez procédé, nous aurons bientôt un autre scandale, si ce n’est qu’un cimetière de ferrailles qui aura couté dix milliards aux Béninois.
• la politique énergétique. Le président YAYI dit : j’ai affecté 70 milliards à la SBEE pour qu’elle paie ses dettes et j’ai augmenté les tarifs. D’accord, ce sont des mesures d’urgence, encore qu’il faille des mesures d’accompagnement pour les plus pauvres. Mais est-ce que c’est cela une politique énergétique ? Une vision ? NON !
• Il nous aurait dit que notre connexion avec le Nigeria s’était la « coprospérité partagée » à quoi, je lui avais répondu que c’est de la pénurie partagée car le Nigéria n’avait pas assez d’électricité pour sa propre population et ne peut donc pas durablement fournir ce qu’il n’a pas et qu’au mieux, c’était la politique de la « pénurie partagée ».
•Il avait décidé en Conseil des Ministres d’acheter et fait livrer dans un délai de 3 mois des turbines à gaz. Et c’est après avoir rendu public ses décisions, qu’il s’est rendu compte qu’il fallait au moins 18 mois pour l’acquisition et deux ans pour le montage. Improvisation et navigation à vue. Qu’est devenu ce projet ? Energie thermique coûte plus chère que l’énergie hydroélectrique. Où en est-il du projet de construction de barrage hydroélectrique qui, seul nous sortira à moindre coût de la dépendance.
• Notre administration. Il dit qu’elle doit être une administration au service du développement, et si elle continue telle qu’elle est « nous sommes morts ». Mais depuis 3 ans et demie l est au pouvoir, qu’a-t-il fait pour la redresser ?
Ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que des cadres sans réelles compétences occupent des postes de responsabilité et commandent des cadres plus compétents qu’eux.

Les catégories B commandent les catégories A.
Le président YAYI ne peut donc pas s’étonner de l’inefficacité et de la corruption dans notre administration publique.

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Sa pratique fondée sur le clientélisme, la chapelle (au sens propre et au sens figuré), le régionalisme contribue à saper, les fondations, les valeurs, et les règles de l’Administration. C’est désastreux. S’il conteste, ce que j’énonce, qu’il publie les CV des cadres occupants des fonctions techniques.
Une Administrations ainsi conçue, ne peut pas être performante.

– Nous avions dit que nous avons un Président sans vision, qui navigue à vue, dans l’improvisation et la précipitation : c’était en septembre 2006.
– Trois ans après, ce que nous constatons c’est que le président n’a toujours pas de vision, qu’il gouverne toujours de la même façon, obsédé qu’il est par le 2ème mandat, mais que c’est en outre un Président absent, fantôme, absorbé par sa campagne électorale précoce, qui ne contrôle rien, ne sait rien, ne décide de rien….
– C’est tragique parce que les béninois commencent à payer le prix de ces calamités et à payer le prix fort.
– Parlons du dossier CEN-SAD et regardez vous-même ce qu’il dit à ce  propos :

1. que lui, le Président de la République ne va pas au Conseil des Ministres, sauf s’il a un point particulier et un dossier particulier, et que ce dossier n’étant pas assez important pour qu’il y aille

2. qu’il avait même oublié qu’une communication est passée en Conseil des Ministres sur le dossier CIC Palais des Congrès et que c’est le Secrétaire Général du Gouvernement qui le lui a fait découvrir
3. que c’est en lisant ce document qu’il a découvert qu’il n’y avait pas de dossier d’appel d’offre, pas de marché public, pas d’adjudicataire : 7 milliards !!!

4. qu’il pensait que le dossier a été géré par le Ministre de l’Urbanisme, et que c’est en lisant le rapport de l’IGE qu’il a su que c’est le Ministre des Finances qui l’a géré

5. mais que lorsqu’il a interpelé le Ministre des Finances, ce dernier lui à répondu « Mr le Président j’ai agi dans le cadre de la délégation que vous n’aviez donnée », c’est-à-dire sur vos instructions.
Si ce n’était pas du Bénin qu’il s’agissait et de 7 milliards de nos francs dilapidés dans un contexte de pauvreté, on conclurait seulement qu’il s’agit de la Cour du Roi URU,  on en rirait et on passerait à autre chose.

6. Mais tout de même ! il est PR, Chef de Gouvernement, Chef de l’Etat, dans un régime présidentiel, et en tant que tel, c’est lui qui préside le Conseil des Ministres, et lorsqu’on a été Ministre une foi dans sa vie, on sait que le Conseil des Ministres non présidé par le PR ne peut prendre aucune décision et l’exécuter sans qu’il en ait été d’abord informé et sans qu’il  l’ait avalisée

7. plus grave, il avoue avoir pris une ordonnance pour mettre en exécution un collectif budgétaire de 197 milliards sans en connaitre le contenu

8. non, ce n’est pas ubuesque ; c’est tragique. A quoi sert-il alors ? Que dirige t-il alors ? Que contrôle t-il donc ? De quoi est-il informé alors, s’il ne sait rien, s’il ne suit rien. Comment convaincre les Béninois que le Président ne sait pas qui fait quoi dans son propre Gouvernement ?

9. En réalité, il savait bien ce qui se passait et la réponse de LAWANI est claire : « j’ai agi dans le cadre de la délégation que vous m’avez donnée.» Cela signifie dans le cadre des instructions que vous m’avez données. YAYI BONI savait.

10. Ce qui est comique par contre, c’est la ligne de défense qu’il a adoptée lorsque l’affaire a commencé à sentir mauvais. Au lieu d’agir, il a voulu gagner du temps, camoufler, dissimuler sa responsabilité personnelle.

• Si non, comment comprendre que lorsque les bruits de surfacturation arrivent à ses oreilles, il déclare qu’il attendait les députés, qu’ils mettent sur pied une commission d’enquête parlementaire, … et il les a attendus 3 mois.

Vous croyez-ça vous ? Surtout des députés qui sont majoritairement de son bord ?
Ce n’est pas le rôle des députés, car ils ont tiré sur la sonnette d’alarme, ils l’ont alerté.
• après 3 mois, il a saisi l’IGE. Mais vous savez au Bénin, les choses de ce genre ne restent pas cachées longtemps. Nous étions déjà tous au courant de ce qui s’est passé à la CEN-SAD. Mais l’IGE a déposé son rapport en avril. Il lui a fallu encore 3 mois pour l’introduire en Conseil des Ministres. Pour gagner du temps !
• Comme si ça ne suffisait pas, il crée un Comité ministériel pour approfondir le rapport de l’IGE.
• Et comme il lui faut encore gagner du temps, il crée la Commission KPOGNON.
11. Oui, tout cela  est comique, car sa complicité et sa culpabilité sont évidentes : c’est lui qui a pris l’ordonnance envers et contre tous ; et c’est lui qui a instruit le Ministre des Finances.
12. Alors par respect pour le peuple béninois, il faut que cette comédie s’arrête. Le Bénin est un état de droit. C’est pourquoi :
• Comme dans un Etat de droit, que le Rapport de l’IGE ne peut pas être soumis à une commission administrative.

C’EST POURQUOI, JE PROPOSE QUE :
• Le Rapport de l’IGE et le dossier qui l’accompagne soient immédiatement transmis tels que à la Justice : c’est à elle de faire des investigations complémentaires.
• La liste exhaustive des bénéficiaires des malversations soit rendu publique.
• Les volets du dossier non encore étudiés par l’IGE (notamment le volet sécurité) soient examinés par cette institution
• Les audits commandités à son arrivée au pouvoir en 2006 soient enfin publiés.
Par ses temps de crise économique et de difficultés de
trésorerie,

JE PROPOSE QUE
• Le Président YAYI BONI réduise le train de vie de l’Etat :
o 30 Ministres c’est beaucoup trop
o Son cabinet est pléthorique, car il y a nommé tous ceux qu’il a révoqués de leurs fonctions
o Il doit se séparer des Collaborateurs dont les actes de mauvaise gestion et de malversation sont avérés (je pense au Ministre FAGNON dont le dossier de gestion de la SONAPRA circule de main en main.
o Le Gouvernement ne doit être ni un refigium peccatorum, ni une caverne d’Ali Baba ;

L’opposition se réveille enfin !

Voilà  ce qu’on attendait d’une opposition responsable.  La réaction hier de Me Adrien Houngbédji, à la récente intervention de Boni Yayi,  même  si elle vient un peu tard,  comble enfin  un grand vide. Car,  on ne s’oppose pas à un régime en jouant au spectateur et  en restant  assis à  le regarder  danser lui seul  sur la piste. Et cette sortie du président du Parti de renouveau démocratique (Prd) devrait appeler d’autres, pour que le  chef de l’Etat et les siens ne continuent  pas à être les seuls à  occuper tous les espaces médiatiques. Ainsi, en fait de réplique à la sortie médiatique de Boni Yayi, l’intervention de Me Adrien Adrien Houngbédji  hier sur la chaîne de télévision Canal 3 en est une. Point par point et sujet par sujet,  ce denier est revenu amplement sur tous les dossiers  précédemment abordés par le chef de l’Etat, en y relevant avec force détails les insuffisances et les contrevérités. Il en a profité pour faire le procès du régime du changement  tout entier qui, comme on le sait,  est, ces derniers temps, accablé par des  scandales de malversations et autres mécontentements des centrales syndicales. On espère donc que l’opposition ne s’arrêtera pas en si bon chemin et qu’elle jouera désormais,  avec beaucoup plus de spontanéité, et pleinement,  le rôle qui est le sien, celui  de pouvoir marquer à la culotte le pouvoir  en place. Ce serait tant mieux pour la vivacité de la démocratie béninoise.

En effet, et selon des indiscrétions, une autre personnalité de l’opposition pourrait bientôt emboîter le pas à Adrien Houngbé dji.  Madame Célestine Zanou devrait revenir à la charge, dans les prochains jours,  pour apporter sa touche d’indignation et de dénonciation de  la gestion sous le changement. Déjà, lors d’une présente sortie elle avait étalé au grand jour  les incohérences du régime, en passant au peigne fin les scandales  engendrés  par le changement, dont celui de la Cen-sad. Une sortie politique de madame Zanou, qui a sans doute fait son  effet, puisqu’elle n’a pas laissé le chef de l’Etat indifférent, lors de son entretien avec les médias.

Outre cela, on pourrait également assister, très prochainement, à un grand meeting des G et F avec le Nep Mixalodo. Voilà donc qui consacre le réveil effectif de l’opposition et  qui pourrait être le prélude à la rude bataille en perspective,  à l’occasion des échéances électorales de 2011. Pourvu que la démocratie béninoise, qui certes a déjà traversé bien des turbulences, en sorte  gagnante.

Alain C. Assogba

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