Manifestation contre la junte guinéenne

Des dizaines de morts

La répression d'une manifestations d'opposants en Guinée a fait au moins cinquante-huit morts lundi 28 septembre, selon un médecin de l'hôpital universitaire de Conakry.

Deux anciens premiers ministres guinéens, dirigeants de partis d'opposition, ont été blessés au cours de ces violences.

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Les manifestants entendaient dénoncer une éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l'élection présidentielle de janvier en Guinée. Des jeunes avaient commencé à se rassembler, avec des pancartes où on pouvait lire "non à Dadis" et "à bas l'armée au pouvoir". Ils s'étaient rassemblés devant le plus grand stade de la ville. La junte avait interdit, dimanche, ce rassemblement pour ne pas troubler l'ordre public avant la fête de l'indépendance le 2 octobre, mais les "forces vives" (partis politiques, syndicats et société civile) avaient maintenu le mot d'ordre.

Dès les premières heures de la matinée, un important dispositif de sécurité avait été déployé dans tous les grands carrefours de la capitale, avec des voitures de police et des véhicules militaires. En milieu de matinée, les forces de l'ordre ont violemment dispersé les opposants à l'aide de matraques et de grenades lacrymogènes près du stade de la capitale. Une trentaine de personnes ont été arrêtées et emmenées dans des fourgons vers une destination inconnue.

Après la dispersion violente du rassemblement par les forces de l'ordre, cinquante-huit cadavres ont été apportés à la morgue du Centre hospitalier universitaire de Donka, à Conakry, a affirmé un médecin, sous couvert de l'anonymat. "C'est la boucherie! Un carnage", a-t-il lancé. Dans un autre établissement sanitaire de Conakry, l'hôpital Ignace Deen, une source médicale a assuré au correspondant de l'AFP qu'un camion militaire était venu pour ramasser des "dizaines de corps", emmenés vers "une destination inconnue".

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PRESSIONS INTERNATIONALES

En fin de matinée, des échauffourées ont par ailleurs éclaté entre les forces de l'ordre et des manifestants, au niveau de l'université de Conakry. Dans le quartier populaire de Belle-vue, toujours à Conakry, des manifestants ont incendié un commissariat ainsi qu'une voiture de police, selon des témoignages d'habitants.

Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes, au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre 2008, pour qu'il respecte ses engagements de ne pas se présenter au scrutin et laisser ainsi le pouvoir aux civils.

Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, ONG basée à Dakar, a dénoncé "le régime de la terreur" dans le pays. "C'est un tournant grave et significatif, qui exprime la volonté du capitaine de rester au pouvoir par tous les moyens : la terreur, la dictature et la répression", a-t-il affirmé."Depuis sa prise de pouvoir en décembre, il y a un désir profond du capitaine Dadis Camara de rester au pouvoir. Or il y a aussi, face à cela, une très forte détermination des 'forces vives', des jeunes et des syndicats, de faire face au capitaine."

Samedi, le chef de la junte s'était rendu à l'intérieur du pays pour la première fois depuis le coup d'Etat l'ayant porté au pouvoir. Il avait défié ses "détracteurs" en se rendant par la route à Labé, deuxième ville du pays et fief de l'opposition, déclarée "ville morte" par les partis politiques et les syndicats. Cette visite intervenait dans un climat tendu, quelque 20 000 personnes ayant manifesté jeudi à Labé contre sa venue et son éventuelle candidature à l'élection présidentielle.
(le monde)

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