Rencontre Yayi et Kérékou

La main invisible de Kadhafi

La rencontre entre le président Boni Yayi et son prédécesseur, Mathieu Kérékou, mercredi dernier au palais de la République, est annoncé comme  un exploit du guide libyen, Mouammar Kadhafi, au regard des rapports que ce dernier entretient avec les deux hommes d’Etat béninois. Enfin ! Le président Boni Yayi a pu serrer la main du général Mathieu Kérékou. C’était important pour le chef de l’Etat de pouvoir discuter avec son prédécesseur.  Après avoir connu des échecs à l’interne, il a dû recourir aux bons offices du président libyen, Mouammar Kadhafi, pour atteindre son objectif. Il suffit d’analyser les circonstances de cette rencontre pour s’en convaincre. Ils étaient tous deux au 40e anniversaire de la révolution libyenne. Selon les indiscrétions, ils devraient saisir cette occasion pour se parler franchement. Mais, compte tenu des programmes des manifestations, les présidents Yayi et Kérékou n’ont pas pu se rencontrer. Sur intervention  du guide libyen, l’ancien président de la République a joint l’acte à la parole. Même au sortir de l’audience, il a déclaré qu’il devrait avoir un tête-à-tête entre lui et son successeur à Tripoli pour justifier son arrivée au palais de la Marina.  Il   en  ressort donc, comme le laissent croire plusieurs sources, que le guide libyen a joué un rôle très important dans ce qui s’est passé ce mercredi.

   Ce dernier aurait certainement mis son poids dans la balance pour que les hommes d’Etat se rencontrent pour discuter des problèmes de leur pays. Au pouvoir depuis quarante ans, Mouammar Kadhafi a une influence sur plusieurs chefs d’Etat africains. Ce qui fait que la plupart d’entre eux cherchent à avoir de très bonnes relations avec lui. En dehors de son poids politique, il a également une surface financière impressionnante qui lui permet de venir en aide à plusieurs pays africains. Dans ces conditions, il lui est facile d’amener le président Kérékou, qui était aussi un révolutionnaire comme lui, à revoir sa position pour discuter avec le président Boni Yayi. Surtout que celui-ci, précisent les mêmes sources, n’est pas resté sans solliciter l’appui du guide libyen.   

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Forces du général

Pourquoi l’actuel locataire du palais de la Marina cherche par tous les moyens à négocier avec le général Kérékou ? Après 27 ans d’exercice du pouvoir d’Etat, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il demeure le seul homme politique qui connaît véritablement les Béninois et la classe politique de son pays dans ses moindres détails. A cet effet, il a eu à pratiquer Me Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Séfou Fagbohoun, Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto, Issa Salifou et consorts qui sont aujourd’hui les principaux adversaires du président Yayi. Il doit alors connaître leurs forces et faiblesses. Par rapport à cela, quand bien même il est tranquille dans ses filaos, le Caméléon est toujours influent. Pour preuve, il demeure l’homme le plus populaire bien qu’il ne soit plus aux affaires depuis plus de trois ans. A tout moment, il peut faire changer les donnes en faveur de tel ou tel. Et c’est pourquoi, chaque camp voudrait  l’avoir à ses côtés. C’est une donne qui se révèle déterminant dans les tractations pour 2011. Donc, le président Yayi, en recourant au soutien de son prédécesseur, est à la recherche permanente d’un soutien de taille pour les prochaines échéances électorales.

Toutefois, la rencontre d’hier entre les deux hommes ne doit pas être automatiquement considérée comme une fin en soi. Le général, étant un caméléon, il peut changer de couleurs à tout moment, car il y a beaucoup de schémas dans l’ombre. Avant 2011, il y aura sûrement de grands bouleversements.q Jules Yaovi Maoussi

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