Retrait de l’Ige de la bourse du travail

Accord secret entre Yayi et les syndicalistes

Le retrait de l’Inspection générale de l’Etat (Ige) paraît suspect aux yeux des Béninois. Tout le monde se demande par quel deal le chef de l’Etat et les responsables syndicaux en sont arrivés là. C’est comme s’il y avait un complot contre le peuple. Contre toute attente, le chef de l’Etat a décidé du retrait de l’Inspection générale de l’Etat (Ige) des bureaux de la bourse du travail. Apparemment, on est tenté de dire qu’il a cédé aux pressions des responsables syndicaux qui ont menacé de lui rendre la vie dure dans les jours à venir. Mais dans le fond, cela paraît bien suspect. Dans la mesure où cela ressemble fort bien à un complot contre le peuple et les travailleurs, quand on sait les conditions dans lesquelles ces genres de décisions se prennent. Quel deal y-a-t-il vraiment eu entre les deux parties pour qu’on en arrive-là ? Toujours, est-il que les uns et les autres ont leurs intérêts dans le retrait de l’Ige de la maison commune des travailleurs béninois. Le président Boni Yayi sait pourquoi il est revenu sur sa décision. Au départ, il a affiché une volonté de contrôler comment sont gérés les fonds du contribuable béninois donnés aux syndicalistes sous forme d’aide. Si tant est qu’il voulait voir clair dans ce dossier, il devrait laisser l’institution de l’expert-comptable aller jusqu’au bout de ses investigations. S’il rebrousse chemin aujourd’hui, c’est qu’il a donné l’occasion aux Béninois de constater avec amertume qu’il fait de la lutte contre la corruption un système d’acharnement gratuit contre ses contradicteurs.

Mais, dans le cas d’espèce, il y a des inquiétudes au-delà de l’aspect choquant du retrait de l’Ige de la bourse du travail. Le gouvernement a-t-il décidé de laisser les travailleurs faire de ce qu’ils veulent de cette aide de l’Etat, afin de les avoir dans son sac ? Les syndicalistes ont-ils exigé cela pour abandonner la lutte syndicale ? Les travailleurs ont-ils obtenu cela pour permettre au gouvernement de bien préparer les élections de 2011 ? Sur quelles bases les parties se sont-elles entendues ? D’une manière ou d’une autre, il y a de sérieux problèmes qui se posent, parce que c’est trop facile de prendre une telle position, alors que la décision de l’envoi de l’Inspection générale de l’Etat dans les locaux a été prise solennellement par le chef de l’Etat dans un entretien qu’il a accordé à la presse à la veille de la fête du 1e août. Tout s’est passé comme si le gouvernement et les syndicats étaient en train de tramer quelque chose contre les travailleurs.

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Explications

Pour comprendre les contours de cette affaire, les syndicalistes doivent monter au créneau pour expliquer à leurs différentes bases les raisons avancées par le chef de l’Etat pour suspendre les travaux de l’Ige à la bourse. Par exemple, le premier responsable de la Fédération des syndicats du ministère des Fiances, Laurent Mètognon, avait fait cet exercice au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat, parce que ce dernier l’avait menacé. Que la situation soit bonne ou pas, il faut faire un compte rendu détaillé à la base. Tout le monde les attend sur ce terrain. De même, le gouvernement doit également révéler les raisons de sa volte-face. Dans le cas contraire, c’est un deal qu’ils ont monté contre le peuple béninois et les travailleurs de ce pays.

Jules Yaovi Maoussi

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