Le célèbre philosophe français Jean-Paul SARTRE nous a laissé cet aphorisme célèbre : « Quand je délibère, les jeux sont faits ! » En effet, les enjeux pour 2011 deviennent de plus en plus clairs : tout se jouera, au premier tour s’il vous plaît, entre le candidat unique de l’Union fait la Nation et le Président de la République actuel qui voudra certainement rempiler. Le problème presque insoluble est comment se fera la désignation de ce candidat unique ? Le point 6 du protocole d’accord signé le mardi 1er septembre 2009 stipule que les signataires s’engagent à « choisir en leur sein, selon un mode démocratique approprié convenu entre les signataires du présent protocole, un candidat unique aux élections présidentielles de 2011 et aux échéances présidentielles à venir…. » Quel est ce mode démocratique devant le résultat duquel s’inclineront tous les protagonistes de cet accord ? Est-il possible de recourir à d’hypothétiques primaires dont les modalités pratiques d’organisation sont déjà difficiles au sein du même parti, mais qui constituent un véritable casse-tête chinois lorsqu’il s’agit d’une alliance de plusieurs formations politiques ? Foin du galimatias et cessons de nous voiler la face ! Pour beaucoup d’observateurs et surtout de militants et sympathisants de l’homme d’Adjina, la cause est entendue dès la signature de cet accord. Déjà a commencé une bataille insidieuse pour savoir qui sera le porte-étendard de l’Alliance après la présidentielle de 2011 quelle qu’en soit l’issue. Celui qui a démarré sur les chapeaux de roue avec le dynamisme habituel qu’on lui connaît, c’est Lazare SEHOUETO. On vante déjà sa triple maturité politique dans plusieurs journaux. Il était le week-end dernier sur un plateau de télévision, lui qui n’est pas très friand de ce genre d’exercice. Mais Léhady Vinagnon SOGLO n’a pas dit son dernier mot. Que nous réserve-t-il ? Acceptera-t-il de se saborder au profit du leader du PRD ? Est-il en train de nous goupiller un coup de boutoir, un bluff du genre « Yes, we can » quelque fois payant à l’heure où le « story telling » domine actuellement toutes stratégies politiques dans les démocraties du Nord ? Quid de l’étonnante position du couple SOGLO et quel sens donner à ses dernières tournées politiques ? A-t-il fini par jeter son dévolu sur Maître HOUNGBEDJI et non sur le fils aîné ? L’écrivain James BALDWIN dans La prochaine fois, le feu, avait dit qu’il n’y a jamais eu aux Etats-Unis un problème noir, mais un problème blanc face auquel réagissent les Noirs ! Pour paraphraser, nous dirions que le seul problème de LVS se situe au niveau de ses parents. Quelle est leur attitude face à ses ambitions d’être derechef le candidat de la Renaissance du Bénin pour 2011 ? On dirait que « eux aussi, ne croyaient pas en lui », comme nous le relate l’évangéliste Saint Jean parlant de la défiance des siens à l’égard du Christ.
Quant à la candidature de Abdoulaye BIO TCHANE, j’avais écrit que j’attends de voir si pour la première fois de notre histoire politique, les cadres et les populations de ce Nord plus mythique que réel, toléreront qu’un des leurs s’invite dans un jeu de quilles dangereux dont l’une des conséquences est de faire enlever la présidence de la République des mains d’un fils du "Nord" au profit d’un leader du "Sud". Malheureusement, la configuration socio-anthropologique actuelle de l’alliance « l’Union fait la Nation » qui n’a pas encore réussi à intégrer quelques jeunes hommes politiques du Septentrion, apporte de l’eau au moulin de ceux qui, à l’affût de toute coïncidence de ce genre, voient déjà cette Union comme une conjuration du "Sud" pour arracher le pouvoir au "Nord" !
Si jamais l’actuel Directeur Général de la BOAD a une quelconque ambition présidentielle, c’est maintenant ou jamais pour lui d’entrer dans la danse. Nous serions alors en présence de ces scenarii :
– Le Président de la République rempile en 2011. Abdoulaye BIO TCHANE peut être sûr d’une chose : ses chances seront presque nulles en 2016 ; car les gens seront vraiment fatigués de la longue domination du "Nord" !
– Il ramasse la mise et aura encore la chance de rempiler en 2011.
– C’est le candidat unique de l’alliance « l’Union fait la Nation » qui l’emporte. ABT aura toutes les chances de devenir Président de la République en 2016 après le mandat du candidat unique en question.
Mais, comme il se murmure de plus en plus, si l’UPR rejoint la mouvance présidentielle avec des ministres dans le prochain gouvernement, c’est cuit pour Abdoulaye BIO TCHANE. Et pour toujours ; car dans cette perspective, le Président Boni YAYI l’emportera haut la main !
Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC
Laisser un commentaire