Le gouvernement dément
Le gouvernement ne reconnait pas avoir rejeté le projet de budget de l’Assemblée nationale. Au contraire, il affirme en avoir pris acte.
Le bras de fer n’aura finalement pas lieu entre le gouvernement et les députés à propos du budget du Parlement. Suite aux informations selon lesquelles, le gouvernement, via le ministre de l’Economie et de Finances a retourné à l’Assemblée nationale son budget, sur le motif que ce dernier n’a pas respecté la lettre de cadre à elle fixé, qui est de 3%, l’exécutif a régit et a dit s’inscrire en faux contre cette information. En effet, le secrétariat général du gouvernement a tenu à préciser que le document portant le budget de l’Assemblée n’a jamais été renvoyé et qu’il n’a pas non plus été l’objet de la moindre polémique entre les deux instituions. Ce faisant, le gouvernement de Boni Yayi a choisi de prendre acte du budget 2010 du Parlement, dont le montant, plus de huit milliards de francs Cfa, dépasse sensiblement le précédent. Les députés, dans l’élaboration de leur budget de 2010, ont largement passé outre la lettre de cadre fixé par le gouvernement, qui était de 3%, en l’augmentant de plus de 8%, par rapport à celui de 2009. En décident d’en prendre acte et de l’accepter comme tel, en dépit de ses difficultés financières actuelles et celles qui profilent à l’horizon, le gouvernement de Yayi reste dans une logique assez simple. D’abord, il entend prendre ainsi le peuple à témoin, ensuite, il espère que les députés pourront lui retourner l’ascenseur lorsqu’il sera bientôt question pour eux de voter le budget général de l’Etat. Ce vote a toujours été craint par l’exécutif, surtout lorsqu’il ne jouit pas d’une majorité stable au sein du Parlement. L’année passé, il a fallu le soutien de la Renaissance du Bénin, qui s’est, à la surprise générale, désolidarisée de ses alliés du G4, pour que le budget puisse être adopté sans grande difficulté.
Un an après, la situation politique au Parlement reste toujours confuse. Malgré les débauchages et autres déclarations d’allégeances au pouvoir, le gouvernement ne peut encore se vanter de jouir avec certitude d’une majorité sérieuse et stable.Or, la session budgétaire s’ouvre dans quelques semaines environ et le gouvernement du changement a plus que jamais besoin de ce budget, qui reste l’avant-dernier du mandat de Yayi, pour « préparer » les échéances de 2011. Point donc n’est besoin de créer la moindre tension, autant faire profile bas ; ou plutôt autant faire le foin pour avoir l’âne !
Alain C. Assogba