Le Fmi somme Yayi
La lettre du chef de mission du Fonds monétaire international (Fmi) pour le Bénin, au ministre de l’Economie et des Finances est on ne plus péremptoire. En effet, dans sa correspondance, monsieur Johannes Mongardini conditionne la révision de la lettre de cadre à la clarification par les services du ministère en charge des Finances « d’un montant d’environ 68 milliards dépensés pendant le premier semestre de 2009 sous ordres de paiement(Op) hors de la chaîne des dépenses … ».
Cette sommation, qui ne dit pas son nom, n’a pas laissé le gouvernement indifférent, bien au contraire. Voyant les conséquences qui pourraient en découler pour l’économie béninoise, actuellement au creux de la vague, il s’est dépêché de prendre les mesures qui s’imposaient à lui. La décision prise en conseil des ministres, sommant les opérateurs économiques créanciers de l’Etat de venir justifier leurs créances, sonne donc comme une réponse appropriée et exécutoire à l’interpellation du Fmi.
Tout laisse croire alors que le gouvernement de Boni Yayi a le feu aux fesses. Confronté à des difficultés financières cruciales, consécutives à la gestion hasardeuse et laxiste dont il a fait montre ces deux dernières années, il se trouve contraint de se soumettre sans condition aux mesures d’assainissement et de redressement que lui imposent ses partenaires et autres bailleurs de fonds pour le sortir du gouffre.
Il y a lieu d’avouer que c’est une bonne leçon au régime du changement, qui a péché par son incapacité à gérer et entretenir l’euphorie financière qui a semblé se dessiner au début du mandat de Boni Yayi. A un peu plus d’une année des prochaines échéances électorales, qui s’annoncent cruciales pour le pouvoir en place, la présente situation d’incertitude économique ne saurait être de bonne augure pour lui, alors que l’on est à une période où il a besoin de maintenir dans le pays un climat de sérénité. Une aubaine pour l’opposition ?
Alain C. Assogba