Duel à distance entre Yayi et Tchané
La guerre froide entre le chef de l’Etat et l’actuel président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Abdoulaye Bio Tchané, a eu ses effets sur le lancement de la route Djougou-N’Dali. Ce qui confirme de plus en plus le duel à distance entre les deux hommes, potentiels candidats, à la prochaine élection présidentielle de 2011.
Une œuvre sociale est devenue un terrain d’intrigues politiciennes entre deux hommes qui se livrent une guerre d’usure pour la prochaine élection présidentielle. Le lancement de la route Djougou-N’Dali avec l’absence de l’institution, en l’occurrence la Banque ouest-africaine de développement (Boad), qui l’a financée à plus de 65%, en est une illustration. Le chef de l’Etat, et l’actuel de la Boad, Abdoulaye Bio Tchané, ont saisi cette occasion, chacun à sa manière, pour se mettre en scène politiquement à travers ce lancement, parce qu’ils se disputent la Donga. Pour y arriver, il y a eu des jeux politico-administratifs. Certainement pour empêcher M. Bio Tchané de participer à cette cérémonie, tout a été mis en branle. Et c’est à la veille de l’événement que le ministre des Travaux publics, Nicaise Fagnon, a envoyé une lettre d’invitation à la Boad, alors que le déroulement des activités officielles est pour 11 heures. Ne fonctionnant pas dans la précipitation, l’institution financière a décliné l’offre. Ceci a permis au gouvernement de s’offrir en spectacle devant les populations de la localité.
Mais, ce jeu politique autour du lancement de la voie Djougou-N’Dali n’étonne pas les personnes averties. Le principal adversaire du président Boni Yayi en 2011 dans le Nord est bel et bien Abdoulaye Bio Tchané, si l’on regarde les réalités socio-politiques du pays depuis les indépendances à nos jours. Ainsi, le chef de l’Etat ne rate aucune occasion pour lui créer des ennuis. Conscient de l’enjeu des élections de 2011, M. Bio Tchané descend régulièrement sur le terrain pour provoquer le Changement.
Dans le cas d’espèce, la présence de l’actuel président de la Boad aux côtés du chef de l’Etat risquait de créer d’énormes préjudices au pouvoir en place, car son rival est natif de la région et il y travaille quotidiennement pour la conquérir. On rappelle qu’au sommet de la Soaga à Cotonou, à cause de Bio Tchané, des conducteurs de taxi-motos, communément appelés Zémidjan, s’étaient mobilisés pour chanter ‘’Yayi Boni, dix ans !’’. Mais, les ‘’Tchanéistes’’ n’ont pas manqué de répliquer à leurs adversaires en se faisant victimiser auprès des populations. Il y ressort clairement que Bio Tchané fait sérieusement peur au régime du Changement. L’essentiel est que leur rivalité n’amène pas les Béninois sur le champ de la violence, puisqu’aucun d’eux n’était à la conférence nationale de février 1990.
Jules Yaovi Maoussi