Le G13 au bord de la cassure ?
Les dernières nouvelles venant du G13 ne sont pas de nature à rassurer sur la survie de ce regroupement. Les récentes déclamations des députés Sacca Kikara et de Léon Ahossi laissent croire que le G13 traverse un malaise qui ne dit pas son nom. Intervenant dimanche dernier dans une émission sur la radio Capp fm, le député Sacca Fikara n’a pas ménagé ses collègues du G13. Il leur a surtout reproché de ne l’avoir pas soutenu dans son combat contre le pouvoir à propos de l’arrestation du maire de Dangbo. Il s’en est notamment pris au coordonnateur du G13, Arifari Bako, qu’il accuse de flirter avec le régime en place pour aller au gouvernement. Hier dimanche, sur la chaîne de télévision canal3, l’honorable Léon Ahossi, réagissant aux propos de son collègue la veille, tente de justifier les dysfonctionnements qui, selon lui, ont été à l’origine des flottements observés ces derniers temps au sein du groupe.
A y regarder de près, on a des raisons de craindre que ce groupe politique, naguère si tant redouté par le pouvoir en place, connaisse une mort prématurée, si ses membres ne se ressaisissent rapidement. L’absence des leaders du G13 lors des différentes marches organisées par l’opposition dans le cadre de la fronde politique contre l’incarcération du maire de Dangbo n’est pas passée inaperçue. Sur la dizaine de membres dont le groupe est encore composé, aucun d’eux n’a pu se rendre disponible pour soutenir Sacca Fikara. Le paradoxe était donc apparu trop frappant. Alors qu’un maire G13 est en difficulté, dans le fief électoral d’un député G13, c’est curieusement des alliés politiques, le G4 et Forcé clé, qui viennent à leur rescousse, en animant des meetings et des marches en leur faveur. Les explications de Léon Ahossi sur Canal-3, selon lesquelles il était à Athiémè avec le coordonnateur pour assister les sinistrés laissent songeurs. Selon ce dernier, c’est la veille que les députés Fikara les informés qu’il, organisait une marche le lendemain. Soit ! Mais où étaient passés les autres membres ?
On observe donc que si Sacca Fikara en est venu à tenir des propos allant jusqu’à accuser le coordonnateur du regroupement de se préparer à entrer au gouvernement, c’est le que le malaise est assez profond. Il l’est d’autan plus que le groupe ne s’est pas entendu pour soutenir le même candidat en 2011, et que depuis plusieurs mois, il ne s’est plus réuni pour se prononcer sur l’actualité politique nationale. On ne note pas en son sein une unicité d’action qui pourrait permettre de préjuger de sa stabilité. Le groupe donne donc l’impression d’être en rang dispersé, au point qu’on se demande qui pourrait réussir à le reconstituer et à en refaire un regroupement soudé et craint, comme on l’a connu naguère. Le départ surprenant de Rachidi Gbadamassi serait- il à l’origine de cet effritement ?
Le spectre de la cassure ?
Ce qui est certain, la main du pouvoir n’est forcément pas étrangère à la situation actuelle au sein du G13. En réussissant à débaucher l’ancien maire de Parakou, Boni Yayi avait déjà coupé l’un des principaux bras armés de l’alliance. Le duo que Rachidi Gbadamassi formait avec Issa Salifou était l’une des garanties de la survie du groupe. En outre, il y avait des députés au sein de l’alliance qui ne rassuraient aucunement quant à leur capacité à résister aux promesses renouvelées du pouvoir. Et puis, l’absence du G13 du protocole d’accord conclu entre le G4 et Forcé clé constituait un élément déterminant qui en rajoutait aux appréhensions sur la stabilité du groupe.
Que reste-t-il à présent du G13 ? Réussira-il à survivre à l’éclatement qui le guette ces derniers temps ? qu’entend-il devenir si effectivement ses membres allaient en rangs dispersés, à l’occasion de la présidentielle de 2011 et que les uns se retrouvent dans le camp du gagnant, les autres du côté du perdant ? Ce sont là autant de questions qui méritent des réponses, aussi bien à l’opinion qu’aux nombreux militants qui ne savent plus à quels saints se vouer ? En entendant d’être édifié sur le sort du G13 qui a fait trembler le régime du changement, les germes de l’éclatement sont encore tous présents, et le groupe pourrait partir en fumée du jour au lendemain.
Alain C. Assogba