Augustin Loada, fondateur de l’Institut pour la gouvernance et le développement

« Il y a un refus démocratique qui se constate par de plus en plus de coups d’Etat »

Du 03 au 05 novembre dernier, il s’est tenu au Centre international de Cotonou (Cic) une formation des cadres des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Le Professeur Augustin Loada, fondateur dudit Centre nous livre ici la mission réelle de son institut. Il donne également son avis sur la situation politique en Guinée. Soulignons qu’il était également présent au Bénin dans le cadre du 14ème concours d’agrégation. Le Professeur Loada est Burkinabé.

M. le Professeur, veuillez-vous présenter à nos lecteurs ainsi que l’institut que vous dirigez.

Je suis Augustin Louada. Je suis professeur de Droit public et de Science politique à l’Université de Ouagadougou. Je suis aussi le responsable de l’Institut pour la gouvernance et le développement (Igd) qui est un institut qui vise au renforcement des capacités des acteurs de la gouvernance dans le domaine de la démocratie mais aussi dans le domaine du développement. Dans le cadre de ses programmes, l’institut abrite une école des cadres des partis politiques (Ecp) qui a été mise en place en vue de contribuer au renforcement des capacités des partis politiques en partenariat avec une fondation suédoise qui s’appelle Fondation international centre parti. C’est un projet en réalité qui existe depuis plusieurs années qui est en train de se construire tout doucement. Nous avons démarré par des consultations avec des partis politiques de la sous-région en particulier au Bénin, au Mali, au Burkina et au Niger. Au Bénin ici, nous avons eu une consultation avec les partis politiques en décembre 2007. Par la suite, nous avons eu une rencontre également qui s’est déroulée en février 2009. Dans le cadre de cette école, nous avons dans un premier temps élaboré un manuel de renforcement des capacités des partis politiques.  Elaboration qui a été faite par une équipe composée d’experts provenant des quatre pays que j’ai cités plus haut. Une deuxième étape a été la formation de formateurs issus des quatre pays. L’étape qui a suivi, est l’organisation d’ateliers de formation dans chacun des pays. Et c’est ce qui s’est passé au Bénin la semaine passée. Pendant trois jours, des représentants de partis politiques ont pris part à une formation qui s’est déroulée sur le fonctionnement des partis politiques. Comme je l’ai dit, le but c’est de renforcer les capacités des partis politiques mais aussi de renforcer les capacités des partis politiques à dialoguer entre eux et à dialoguer au-delà des frontières également. Parce que l’étape qui devra suivre logiquement, c’est l’organisation d’une rencontre qui verra la participation des représentants des  partis politiques des quatre pays mais aussi des représentants des partis politiques de la Suède de sorte qu’il y ait un  partage d’expérience entre africains mais aussi entre Suédois et Africains. Parce que pour nous, le dialogue démocratique entre partis politique, c’est une voie royale aussi pour renforcer la démocratie en Afrique. Aussi devrons-nous savoir que les partis politiques sont des acteurs incontournables de la démocratie et si les partis politiques sont malades, c’est la démocratie qui est malade. Nous avons constaté que dans beaucoup de partis politiques de la sous-région, derrière la pléthore de partis politiques, derrière cette façade, se place en réalité des déficits de capacité. C’est pour cela que nous sommes en train de construire cet instrument qui est à la disposition des responsables de partis politiques en vue de contribuer au renforcement de leurs capacités.

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Actuellement le projet couvre quatre pays seulement. Mais pourquoi ne pas aller au-delà  afin de donner un coup d’accélérateur réellement la démocratie dans la sous-région ?

C’est une démarche progressive que nous avons retenue. Nous avons pour ambition bien attendue de couvrir les pays de la sous-région mais nous estimons qu’il faut aller progressivement. C’est   pour cela que nous avons choisi quatre pays qui sont assez proches en thème de système de partis politiques pour favoriser l’échange en vue de consolider progressivement l’institution. Donc c’est une démarche que nous voulons dans le temps progressive.

Quel est l’apport de ces Etats en matière d’appui à l’Igd?

Pour le moment, c’est une institution qui est soutenue exclusivement par la Fondation internationale que j’ai mentionnée tout à l’heure. Une fondation internationale suédoise. Mais l’un des défis, l’une de nos ambitions, c’est aussi d’élargir progressivement le cercle de nos amis de façon à diversifier notre partenariat.

Au-delà de couverture d’autres pays de la sous-région, l’Igd a-t-il d’autres perspectives à court terme ?

Je pense qu’avec les partis politiques nous pouvons renforcer cet instrument. Par exemple, je pense que les partis politiques peuvent échanger sur les moyens de renforcer les directions de partis politiques. Nous constatons que les structures, dans les diagnostics que nous avons faits, sont plus souvent faibles. Elles fonctionnent de manière intermittente et nous pensons qu’il est possible avec cet instrument-là, de diriger le renforcement des capacités en direction des partis politiques au niveau de leur siège, au niveau de leur structure locale. Cela est une question de moyen. Si nous arrivons à mobiliser les moyens, nous pensons que le renforcement des directions des partis politiques de façon à ce qu’il y ait des administrations dignes de ce nom, est aussi un moyen de renforcer les capacités des partis et partant renforcer la démocratie. Et donc je dirais, c’est un instrument que nous allons construire avec les suggestions des partis politiques. Nous voyons déjà quelques pistes dans lesquelles nous pourrons nous lancer pour renforcer les capacités des partis politiques mais c’est une question aussi de mobilisation de moyen pour financer toutes ces activités qui sont prévues.

Quelle appréciation fait l’Igd de la situation en Guinée, au Niger ?

Je dirais c’est une appréciation que je ferai comme citoyen de mon pays mais aussi citoyen de la sous-région à savoir que ce n’est pas seulement en Guinée mais aussi ailleurs. Nous constatons qu’un peu partout dans la sous-région, en Afrique de manière générale, il y a un refus démocratique qui se traduit de plus en plus par des coups d’Etat et même là où nous avons des régimes constitutionnels, nous constatons de plus en plus une crispation des pouvoirs que nous avons élus. C’est un défi qui est lancé à tous les démocrates de la sous-région pour qu’ils se mobilisent, pour qu’ils se battent également pour que la démocratie puisse se consolider dans notre sous-région.

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Réalisation : Benoît Mètonou 

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