« Je ne serai pas le fossoyeur du G4 »
Le premier adjoint au maire de Cotonou et candidat de la Renaissance du Bénin à la dernière élection présidentielle, Léhady Soglo est intervenu jeudi dernier sur la Chaîne de télévision « Africa 24 ». Au cours de l’émission, il n’a pas caché sa volonté de remporter l’adhésion des autres membres du G4 afin d’être ce candidat unique tant souhaité. Toutefois, il se dit prêt à se soumettre à la décision du groupe au cas il ne serait pas l’heureux désigné. (Lire l’intégralité de l’entretien.
Africa 24 : Depuis que votre équipe a pris la tête de la Mairie de Cotonou, qu’est ce qui a pu changer et comment est ce que vous avez amélioré le quotidien des cotonois ?
Léhady SOGLO : Je voudrais d’abord vous remercier de nous accueillir sur le plateau prestigieux de Africa 24, qui permet aux Africains comme moi, de parler effectivement de ce que nous sommes en train de faire et d’informer tous ceux et celles qui aujourd’hui, vous suivent avec beaucoup d’intérêt. Ceci étant dit, lorsque nous sommes arrivés à la tête de la Ville de Cotonou, nous avions en face de nous, un immense défit à relever. Une administration malheureusement qui était plus une administration de commandement qu’une administration axée vers le développement, une dette importante qui nous avait été Léguée par la Circonscription d’alors et nous nous sommes employé progressivement à l’éponger. Pour lutter contre l’insalubrité dans la Ville de Cotonou, nous avons mécanisé l’enlèvement des ordures ménagers et le nettoyage des artères en faisant appel à des prestataires qui ont désormais des équipements modernes pour pouvoir nettoyer valablement et correctement.
Donc ça, c’est sur le plan de la salubrité !
En ce qui a trait à la lutte contre les pollutions, nous avons voulu d’abord régler les problèmes liés aux espaces verts. Nous avons comme ambition de créer un poumon vert dans la ville de Cotonou pour pouvoir oxygéner ses habitants. Nous avons bien entendu travaillé avec les partenaires au développement pour voir la meilleure façon de fluidifier la circulation dans la ville de Cotonou. Force est de contacter qu’il y a beaucoup de réalisations qui ont été faites au plan infrastructurel. Je veux parler des travaux de pavage et d’assainissement dans les 13 arrondissements de la ville de Cotonou.
Monsieur SOGLO, à vous entendre parler, beaucoup de choses sont faites apparemment. Mais les cotonois continuent de râler parce qu’ils estiment que leur quotidien n’a vraiment pas changé. Dites nous, par exemple, Cotonou est une grande ville d’inondation. Qu’est ce qui se fait dans ce sens pour que ce phénomène là, l’année prochaine, n’accable plus les habitants de Cotonou ?
Nous avons initié une série de mesures d’urgence, Cotonou en Campagne Contre les Inondations. Avant que les inondations ne se développent dans la ville, nous procédons au curage des caniveaux, au reprofilage et au rechargement d’un certain nombre de voies.
Apparemment ça n’a pas porté ces fruits, puisque l’inondation est arrivée et tout le monde s’est retrouvé dans l’eau !
Non, le problème de l’inondation ne peut pas se régler de façon instantanée.
Il nous est revenu que vous êtes l’initiateur ou l’un des initiateurs d’un grand regroupement de partis politiques pour combattre les actions du Président en place ?
Nous avons décidé de nous mettre ensemble parce que celui que nous avons soutenu pour conduire aujourd’hui la destinée de notre pays, nous a donné le sentiment par ses actions, par son comportement qu’il voulait mettre à mal les acquis de la conférence nationale. C’est ça qui nous a conduit le 12 mars 2008 à Kouhounou pour dire que pour un prétendu bonheur qui serait donné à nos populations, nous ne voulons pas mettre entre parenthèse, quelque chose qui est fondamental pour nous. Nous avons mis en commun nos énergies, notre savoir faire et nous avons proposé une alternative crédible pour dire que, plus jamais des divergences, des différentes ne pourront nous opposer, et ce qui nous a amené à être ensemble est beaucoup plus grand, est beaucoup plus important que tout ce qui nous a opposé par le passé ; parce que nous avons tous à cœur, notre pays et nous aimons tous notre Bénin.
Mais beaucoup de béninois quand même sont très septiques par rapport à l’issue de ce regroupement parce qu’ils estiment qu’il y a beaucoup de divergences au sein des groupements politiques qui composent ce bloc là !
Ce qui a mon avis caractérise aujourd’hui ce que nous sommes en train de faire, c’est le fait d’avoir chacun à son niveau fait l’analyse des limites de nos possibilités dans nos formations politiques respectives et nous avons compris que les populations du Bénin veulent par-dessus tout, désormais que les acteurs politiques se mettent ensemble parce qu’il y a rien de fondamentale qui nous oppose, que ce soit au plan programmatique et même idéologique. Et donc, c’est normal que face à quelque chose qui est fondamentalement voulu et souhaité par les populations, il y ait des inquiétudes. Je les rassure, nous irons jusqu’au bout.
Monsieur SOGLO, je vais vous surprendre, on sent beaucoup de détermination à travers votre discours et toute l’énergie que vous dépensez pour expliquer certaines choses. Mais beaucoup de béninois et pas des moindres estiment que le danger de ce bloc, c’est vous-même Léhady SOGLO puisque votre position, disent-ils, n’est pas toujours claire !
Babylas BOTON, je veux pouvoir vous dire que je ne serai pas le fossoyeur d’une initiative dont je suis l’initiateur. Ce que nous sommes, en train de faire et de réaliser, c’est ce qui est voulu et souhaité par la majorité de nos compatriotes.
Ces béninois qui se sont confiés à moi bien entendu ont été précis parce qu’ils estiment qu’à un moment donné du bloc, il fallait désigner un candidat unique pour les prochaines échéances électorales et qu’apparemment, votre appartenance entière à ce bloc serait conditionnée par le fait qu’on devrait vous désigner comme le candidat unique de ce bloc. Au cas où le choix ne se porterait pas sur vous, qu’allez-vous faire ?
Nous avons décidé, c’est aussi une innovation, de désigner le candidat unique du bloc, soit par un processus qui se veut consensuel, soit, à travers un processus qui pourrait s’apparenter à des élections primaires. Dans tous les cas de figure, nous serons amené à accepter les conclusions qui sortiront de ces assises. Léhady SOGLO, Adrien HOUNGBEDJI, Idji KOLAWOLE, Lazare SEHOUETO et Emmanuel GOLOU et j’en passe, sont tenus de se plier aux résultats qui sortiront de ces consultations. Bien entendu, je suis candidat à la candidature. Mais, il n’en reste pas moins que s’il advenait que je ne sois pas retenu, et c’est possible, je ne mettrais pas à mal cet édifice auquel je crois, mais surtout auquel des milliers de béninois croient et veulent voir aboutir aujourd’hui.
Monsieur SOGLO, je disais tout à l’heure que certains béninois estiment que votre position n’est pas tout a fait claire, parfois vous êtes à tort ou à raison de connivence avec le pouvoir en place. Quelles sont vos réelles relations aujourd’hui avec le Président YAYI BONI ?
Non, il n’y a pas de connivence avec qui que ce soit. Il y a simplement la volonté de travailler avec l’Etat central. On ne peut pas imaginer qu’une municipalité comme la notre ne puisse pas avoir des relations avec le pouvoir central. C’est peut être ceci qui a amené certains à voir autre chose que la volonté manifeste de travailler au développement et à la construction d’un Cotonou que nous voulons prospère, propre et attrayant.
Que de discours ! Monsieur SOGLO,
Ce n’est pas des discours, c’est la réalité, c’est notre volonté.
L’autre procès qui vous est fait, c’est par rapport à votre formation politique, la Renaissance du Bénin. La Renaissance du Bénin, serait un parti d’opposition à la date d’aujourd’hui, mais apparemment un de ses membres et pas des moindres serait dans le gouvernement. Vous trouvez ça normal ?
La présence au gouvernement du Ministre Ganiou SOGLO, n’a strictement rien à voir avec un quelconque accord passé avec Léhady SOGLO, candidat à la présidentielle de 2006 ou avec notre parti, la Renaissance du Bénin.
Est-ce que Ganiou SOGLO est toujours membre de la Renaissance du Bénin ?
Oui, Ganiou SOGLO est toujours membre de la Renaissance du Bénin.
Ca ne vous choque pas du tout ?
Ecoutez, nous sommes en train de voir les meilleures façons pour pouvoir régler cette situation.
Le parti a quand même des règles ?
Le parti s’est prononcé, le parti a plusieurs fois rappelé notre encrage au sein du G4 qui est devenu l’Union.
ça fait très longtemps que Monsieur Ganiou SOGLO est dans le gouvernement. Les règles s’appliqueront quand alors ?
Les règles s’appliqueront incessamment.
Surtout que le sujet apparemment, divise la famille ?
Non le sujet n’a jamais divisé la famille.
Parce que selon nos informations, le père est d’accord pour l’exclusion, la mère ne l’est pas !
C’est un problème politique, il sera réglé politiquement.
Lors du vote du budget exercice 2009, apparemment, votre parti a soutenu le gouvernement. Lors de la désignation d’un des responsables de la liste électorale permanente informatisée, la mouvance au pouvoir aurait souhaité un membre de votre parti. Qu’est ce que vous leur avez promis en contrepartie ?
Le budget exercice 2009 a été voté à l’unanimité des députés présents dans l’hémicycle. Donc, ce n’est pas le fait de la Renaissance du Bénin.
Ah bon ! Mais la Renaissance du Bénin a soutenu quand même !
Comme les autres députés présents dans l’hémicycle.
Pas tous les députés !
L’unanimité des députés présents dans l’hémicycle.
Hormis les députés de l’opposition pure, dure
Je vous dis que tous les députés, toutes tendances confondues ont voté le budget exercice 2009.
S’agissant de la LEPI, l’honorable Epiphane QUENUM a été porté à la tête de cette institution pas pour des raisons de politique politicienne. Il a été porté à la tête de cette institution pour ses compétences techniques.
Nous avons parlé tout à l’heure du Ministre de la Culture, Monsieur Ganiou SOGLO qui se fait être votre frère, qui apparemment se préparerait à se porter candidat à la présidentielle de 2011, vous avez la nouvelle ?
Monsieur Babylas BOTON, le Ministre Ganiou SOGLO est un citoyen béninois comme vous et moi. Il a été candidat au cours de la dernière élection présidentielle. Il jouit de ses prérogatives.
Mais ce qui est étonnant dans ce jeu, Monsieur Ganiou SOGLO est membre de votre parti politique. Quel est votre point de vue personnel sur la question, parce que ça fait deux affaires.
S’il décidait de nouveau d’être candidat, rien ne s’oppose à ça.
Dernière question de l’émission, quelle appréciation portez-vous sur la politique globale du Président BONI YAYI ?
Pour moi, c’est d’abord et avant tout, une immense déception et un formidable gâchis. Ce qui caractérise la gestion du Président BONI YAYI depuis les trois dernières années, c’est la caporalisation des institutions de la République et l’échec économique.
Au titre de la caporalisation des institutions, je voudrais dire que nous avons aujourd’hui une cour constitutionnelle monocolore, une cour suprême qui façonne des majorités dans les conseils municipaux, communaux, locaux, au profit du pouvoir. Nous avons une presse qui est de plus en plus muselée, dont la liberté est de plus en plus mise à mal. Ce que nous voulons, c’est une planification plus rigoureuse du développement économique et social et enfin la paix, la stabilité dans un dialogue permanent avec les forces vives de notre pays.
La stabilité, c’est le maître mot que nous retenons de cette émission, c’est votre souhait pour le Bénin, votre pays. Nous arrivons au terme de cette émission, Monsieur SOGLO, merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
C’est moi qui vous remercie.
Source: Africa 24
Transcription : Mairie de Cotonou
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