/food/makpenon.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » » /> « Les bases d’une Lépi crédible sont déjà faussées »
Interdit de plateau sur la chaîne de télévision nationale, alors qu’il a été régulièrement invité, Michel Makpénon, spécialiste de la Lépi et membre de la Renaissance du Bénin, raconte ici comment la scène s’est passée. Il apporte aussi des détails techniques sur la réalisation de la Lépi et démontre comment la démarche pour avoir une Lépi crédible et consensuelle est déjà bancale.
M. Michel Makpénon, vous devriez être sur une émission dimanche dernier sur la télévision nationale pour parler de la Lépi. Dites-nous ce qui s’est passé pour que vous n’y soyiez plus admis.
Merci beaucoup, vous savez le sujet qu’on devait débattre c’est la Lépi, la réalisation de la liste électoral permanente informatisée. Donc l’Union fait la nation a été invitée pour donner sa part de vérité par rapport a cet instrument efficace du processus électoral transparent sur la base de l’outil informatique. L’Union fait la Nation m’a désigné. En principe le vendredi, je devrais faire face au ministre chargé des relations avec les institutions, Baba Bodi. Mais l’émission a été reportée au dimanche à 21 heures, et madame Balley me l’a confirmé. Maintenant le dimanche à 21 heures, moi je me présente, j’ai vu les honorables Epiphane Quenum et Chabi Sika. Ils sont entrés dans le bureau du directeur de la télévision, Stéphane Todomé. Ils ont discuté pendant quelques minutes et après ils ont dit non, ils ne veulent pas d’un débat contradictoire, qu’ils veulent plutôt lancer la Lépi.
Cela veut concrètement quoi ?
Ça veut dire qu’on ne veut pas d’une Lépi consensuelle. On veut d’une Lépi monocolore permettant au Chef de l’Etat de gagner les élections au premier tour en 2011. Pourquoi ? Parce que, lorsqu’on prend les conditions de réalisation de la Lépi, en l’occurrence les conditions politiques, le premier élément est une volonté politique portée concrétiser par l’obtention d’un consensus entre l’opposition et la mouvance. Ca veut dire que la mouvance et l’opposition doivent s’entendre pour mettre en place cet outil efficace. Parce que la Lépi, ce n’est pas seulement pour faire les élections mais pour aussi sécuriser le pays. Et le Chef de l’Etat, dans sa déclaration, dans son message à la Nation a dit « nous devons réaliser cet outil selon les méthodes universellement reconnues ». Ça veut dire que la Lépi est un instrument politique, mise à la disposition de la classe politique par les techniciens qui ont une expérience avérée dans le domaine. Or, nous devons rappeler quand même que la Lépi a été demandée par l’Union fait la Nation. Parce que les trois parties tels que la Rb, le Psd et le Madep ont signé un protocole avec le Chef de l’Etat, le 17 mars 2006 et en première position, « c’est de mettre en chantier la liste électorale permanente informatisée ». Donc, contrairement à ce qui s’est passé et certaines personnes pensent que, ce sont les partis de l’Union fait la Nation qui ont demandé ça avant la prise du service du Chef de l’Etat. Donc, le Chef de l’Etat avait 60 mois pour mettre en chantier cet outil puissant. Mais il ne l’a pas fait. Or, c’est un outil qu’on ne réalise pas la veille d’une élection.
En tant que spécialiste de la Lépi, le chef de l’Etat a parlé de trois phases essentielles dans son allocution, pensez-vous que elles sont abordées dans les conditions légales ?
Par rapport au trois phases et ce que le Chef de l’Etat lui-même a énoncé, à savoir le fichier géographique, le fichier des électeurs et l’enregistrement. Ça se réalise selon les méthodes précises. Par exemple le premier fichier, le fichier géographique n’est rien d’autre que la cartographie censitaire, c’est-à-dire le découpage de tout le territoire national en de petites unités que nous appelons zones de dénombrement pour permettre à l’agent recenseur de bien faire son travail. Et dans la loi 2009-10, la loi que les députés ont voté, en son article 47, il a été bien dit, « pour réaliser cette cartographie, il faut prendre en compte les données existants ». Les données existantes, ce sont les cartes. Or, c’est l’Institut national géographique qui doit nous fournir les ortho photos plans Après ça c’est l’Insae qui doit nous donner les éléments de comparaison, parce que au cours de la cartographie censitaire qu’on ne va pas faire seulement le découpage, on va faire ce qu’on appelle l’énumération, la densité démographique. Ou bien il faut associer le Centre national de télédétection (Cenatel).. Aucune de ces structures-là ne sont pas prise en compte. L’Union fait la Nation dit que compte tenu des violations répétées des dispositions de la loi, nous ne sommes pas d’accord. La première réaction du chef de l’Etat, c’est d’inviter les responsables de l’UN autour d’une table pour dire : qu’est ce que vous reprochez à ce qu’ils sont entrain de faire Et lorsqu’on parle de la violation des dispositions de la loi, prenez la loi 99-014 du 12 avril 2000 portant organisation et fonctionnement du Conseil national de la statistique. Il a été bien écrit à l’article 4, « toute enquête statistique, économique ou socio-économique des services publics ou des organismes internationaux doit être soumise au visa préalable de la commission statistique dont le secrétariat est Insae ». On n’a pas reçu ce visa. Et on a dit de même pour toute enquête étude statistique socio économique, des organismes de personnes ou privés pouvant fournir des éléments qui sont les indicateurs visibles et dont le champ couvre au moins une commune ou un département du Bénin doit être soumise au visa préalable du conseil national de la statistique. Voilà que ces choses-là ne sont pas associées. Où est-ce qu’ils vont avoir les ortho photos plans, les cartes là. Même pour nous, ici à Cotonou, avant de faire la carte scolaire, on a d’abord réalisé les ortho photos plans. Si on tient à former les cartographes, cette formation qui doit durer trois semaines, vous devez leur donner des exercices pratiques, par exemple, vous prenez Mifongou, je vous donne seulement un élément et il doit aller dessiner ça. C’est à partir de là qu’on va savoir qui peut être cartographe ou non. Puisque parmi eux, on doit avoir des cartographes et des numérateurs. Donc qui peut être cartographe et numérateur. On n’a pas fait ça et on dit au Gps d’avoir une vue globale. C’est une vue globale du territoire, mais ce que nous voulons, c’est le découpage. Un exemple précis, en 1992 par exemple à Togoudo, nous on a vu des zones de dénombrement au processus, c’est une petite partie qui a été occupée. Nous, on a eu que 175 personnes, alors qu’une zone de dénombrement doit comporter 800 à 1500 personnes. Mais en 2002 nous sommes revenus tout est déjà occupé, ils sont plus de quatre milles, là ce n’est plus une zone de dénombrement , c’est un secteur de dénombrement qui doit comporter au moins trois zones de dénombrement .Maintenant lorsqu’on prend le troisième pied, le Kit pour pouvoir faire l’enregistrement. cela comporte un micro portable,une application de section de la base de donnée, une imprimante, un appareil photo numérique vide, un capteur d’empreinte digitale etc.…Pourquoi ça ? Parce que lorsque vous avez toute la base dans votre kit, vous commencez par faire l’enregistrement. Lorsque quelqu’un vient devant pour être enregistré, nous spécialistes, nous développons ce qu’on appelle une application de comparaison phonétique et comparaison d’empreinte digitale. C’est là ou on évite les doubles emplois. On dit monsieur comment on vous appelle ? Il dit je m’appelle Henri Cakpo. Votre Cakpo s’écrit avec C ou avec K. Il le dit. S’il a été recensé on le saura, c’est là où on réussit le taux de couverture de recensement .Si beaucoup de personnes n’ont pas été recensées, on ne va pas les voir. Supposons que quelqu’un a été recensé. On voit toute les informations .Toute ses informations sont bonnes .On dit mettez vos deux pouces et il met les deux pouces, mettez vos huit doigts, il met les huit doigts, on dit bon demain vous venez chercher votre carte. Comme lui, il pense qu’il est intelligent, il pense dribler, il va dans une autre localité, il ne se nomme plus Cakpo Henri, il se dit qu’il est Mamadou Tidjani. C’est parce qu’il veut avoir cette carte pour voter doublement. On dit Ok Mamadou, vous n’avez pas recensé. Supposons qu’il n’a pas été recensé dans cette localité sous ce nom là, on comprend. Lorsqu’il met les deux pouces n’ont pas les mêmes applications, on dit Tidjani et Cakpo, c’est la même personne, mettez la main sur ce monsieur. Donc, ça veut dire que si les trois éléments sont à jour, on met ça à la disposition de la police. Donc, ce n’est pas seulement un outil d’organisations d’élection transparente mais de la sécurisation .C’est pourquoi les gens nous demande est-ce qu’on peut organiser cette Lépi pour les élections de 2011. Déjà, ils ont faussé la base, ils n’ont pas associé ceux qui doivent leur donner les éléments fondamentaux pour le faire. Ca veut dire que c’est une Lépi tronquée, c’est une Lépi qu’on veut mettre à la disposition d’une seule personne pour gagner au premier tour.
Que proposez-vous ?
Je fais des propositions concrètes suivantes. Si nous voulons la paix et le pain, la première des choses, ce que nous demandons au Chef de l’Etat, c’est de convoquer en urgence les responsables politiques de l’Union fait la Nation, les responsables de la Cps Lépi, les partenaires qui sont entrain de mettre de l’argent dans la réalisation de cette opérationpour qu’autour d’une table ils évaluent les différentes violations. Deuxième élément, il faut un collège des experts qui ont des expériences avérées à la réalisation de la Lépi. Ces experts vont aller voir ce que ceux qui sont en charge de cette opération font. Ils pourront alors dire s’il y a dérapage ou pas. Troisième élément, c’est un clin d’oeil aux partenaires techniques financiers qui veulent mettre de l’argent dans une opération ou les gens sont entrain de la tronquer. Ce n’est pas bon de mettre de l’argent dans une opération aussi délicate. Il faut que ces partenaires s’impliquent pour que cette opération soit bien conduite pour le bonheur de tout le peuple Béninois.
Mais à la tête de Cps Lépi, on retrouve un des votres, Epiphane Quenum.
Nous ne sommes pas entrain de personnaliser le débat. Et comme l’a dit le Chef de l’Etat, « réalisons cette étude selon les méthodes universellement reconnues ». Qu’il s’agisse de Epiphaqne Quenum, Makpénon Michel ou d’autre, est-ce que cette personne est entrain de faire ce qu’on doit faire pour avoir un instrument de travail fiable. Si la personne ne fait pas ça, quelque soit sa couleur, on lui dit la vérité. Et c’est ça que les gens ont évité dimanche dernier en me renvoyant du plateau de l’Ortb. Peut-être que le directeur a peur pour son poste. Au Bénin ici, les 80% des gens qui sont des cadres aux compétences avérées dans leur domaine ont été écartés et ils font semblant de travailler. L’Etat aussi fait semblant de les payer. Et le clientélisme est vogue.
Ce n’est pas un peu tard la réaction de la coalition UN ?
Vous devriez vous rappeler que les propres collègues de Epiphane Quenum ont réagi contre ce qui se passait. L’Union fait la Nation aussi a réagit. Bien de recours sont à la Cour constitutionnelle sans réponses. A la dernière sortie de l’UN, ses membres ont dénoncé les violations et faire des propositions. Mais en retour, le jour même le gouvernement fait un Conseil des ministres extraordinaire. Deux jours plus tard, il dit : continuer dans les erreurs que l’Un dénonce.
Un dernier mot
Si on veut d’une Lépi consensuelle, il faut écouter tout le monde et prendre en compte leurs propositions. Nous n’avons qu’une seule Nation : le Bénin. Ce qui est encore grave, nous n’avons pas ni or, ni pétrole. La seule marchandise que nous vendons, c’est la démocratie. Et le socle de cette démocratie, c’est l’organisation des élections à bonne date avec un taux de participation élevée. Vous avez vu le seul produit qui nous rapporte des devises a été écrasé, c’est le coton. De 350 milles tonnes, je n’ai pas si on peut avoir 100 milles tonnes aujourd’hui. Ce n’est pas bien.
Réalisation : Benoît Mètonou
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