« L’objectif est d’attirer les investisseurs » dixit le ministre Barthélemy Kassa
En prélude au symposium international sur le secteur des mines et de l’Hydrocarbure qui se tient du 17 au 19 novembre 2009, le ministre Barthélémy Kassa en charge du secteur nous livre à travers l’interview ci-après les tenants et les aboutissants de ce rendez-vous.
Parlez-nous du symposium international sur le secteur des mines et de l’hydrocarbure
L’objectif global visé par ce symposium est essentiellement d’impulser le développement du secteur minier et pétrolier. A cet objectif global sont attachés trois objectifs spécifiques. Le tout premier objectif, c’est d’enrichir nos propres pratiques en matière de recherche à partir des expériences des grands pays miniers et des compétences internationales en matière de recherche pétrolière et minière. Le deuxième objectif est d’attirer les investisseurs et les partenaires techniques et financiers dans le domaine des mines et du pétrole. Enfin le troisième objectif est de promouvoir la coopération sous régionale et pourquoi pas internationale avec le Bénin dans les activités de recherche pétrolière et minière du moment où nous savons tous que ce sont ces ressources qui permettent à chaque pays d’atteindre une certaine prospérité.
Monsieur le ministre, puisque c’est un symposium international, est-ce que nous pouvons avoir une idée des pays participants ?
Pour ce symposium, nous attendons environ 13 pays qui vont participer. Des pays africains et même au-delà du continent africain. Parmi ces pays, nous pouvons citer les grands producteurs actuels de pétrole et de des mines notamment l’Angola, vous savez que c’est actuellement le deuxième pays africain. La Guinée équatoriale, le Congo, le Niger, le Gabon, que sais-je encore ? En dehors de ces pays africains, nous avons la participation de nombreuses compagnies de recherche telles que les compagnies russes ; vous savez, les Russes détiennent actuellement le record mondial en matière de réserve pétrolière évaluée à 24 milliards de barils. Il y a également la grande compagnie pétrolière brésilienne Pétrogras dont l’arrivée est annoncée ici au Bénin. En dehors de ces grosses compagnies, nous avons également des compagnies qui opèrent déjà sur notre territoire notamment South african petroleum ( Sapetro), la compagnie béninoise Anadarco, il y a aussi beaucoup d?autres compagnies comme la compagnie Total et les grandes références en matière de recherche notamment Ihs, Pgs etc. Bref, ce serait vraiment un rendez-vous de grandes compétences pointues dans le domaine des recherches pétrolières et minières.
Qu’est-ce que le Bénin peut attendre de ce symposium ?
Je crois que c’est tout à fait évident. Comme je le disais déjà, les objectifs spécifiques, c’est d’abord le grand échange. Vous savez que ça fait près de 50 ans que le Bénin est engagé dans la recherche du pétrole et des mines. Mais si jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas accédé à la pleine jouissance de ces ressources, c’est parce que quelque part, nous avons besoin d’un complément de technique, d’un complément de connaissance. Et cela ne peut s’acquérir qu’à travers des échanges. Je crois que c’est le plus grand intérêt. Le 2ème intérêt, c’est qu’avec ce symposium, le Bénin est mis sur orbite et cela va attirer beaucoup d’investisseurs. Vous savez très bien que le Bénin dans sa politique de recherche pétrolière et minière ne fait qu’encourager les investisseurs à faire la recherche au niveau du territoire national. Nous-mêmes, nous n’avons pas d’investissement direct à placer dans ce domaine.
Quels sont les temps forts de ce symposium ?
Les temps forts, vous les connaissez. C’est d’abord la grande cérémonie d’ouverture qui sera présidée par le chef de l’Etat ou à la limite le ministre d’Etat chargé de la coordination de l’action gouvernementale. L’ouverture est prévue pour le mardi 17 novembre à 10 heures et suivie de grands moments de communications scientifiques et techniques. Je pense que c’est l’essentiel de ce symposium.
Vous venez de dire que le Bénin va beaucoup apprendre à ce rendez-vous. cela veut-il dire que le Bénin va à ce symposium uniquement dans une position d’élève ? Qu’est-ce que le Bénin a à proposer aux autres participants ?
Je ne comprends pas trop bien votre préoccupation. Je n’ai jamais dit que le Bénin va en tant qu’élève. On parle d’échange, c’est donc un rendez-vous de donnant-donnant. En matière de technologie, vous savez qu’on n’est pas vides. Non seulement, on n’est pas vide en connaissance, on va donc échanger les connaissances mais nous allons exposer nos potentialités. Vous savez qu’aujourd’hui, nous disposons dans le domaine du pétrole de 17 blocs pétroliers en Offshore et de 2 blocs pétroliers On shore et beaucoup d’autres bassins sédimentaires qui ne sont pas encore morcelés et nous sommes en train de voir quelles sont les technologies qui nous permettront de réaliser un minimum de données qui faciliteront le morcellement des différents bassins notamment le bassin sédimentaire de Kandi et celui de la Penjari. Dans le domaine des mines, nous disposons d’un grand nombre de périmètres. A titre illustratif, sur peu plus de 112600 km2 seulement 12000 Km2 sont objet de construction minière. Cela veut dire que nous avons encore un peu plus de 100 Km2 à explorer Mm2 par Km2. Avec la présence d’indices de certaines substances, nous pensons que le Bénin a encore à explorer.
Puisque le Bénin n’est pas producteur de pétrole, quels sont les critères qui ont poussé à son choix ?
Non, ce n’est pas un symposium qu’on est allé négocier sur le marché international. C’est de notre propre initiative. Cela a été l’initiative du ministère des recherches pétrolières et minières pour s’ouvrir au monde de la connaissance en matière de recherche pétrolière et minière étant donné que c’est pour la première fois qu’un tel département ministériel est créé au Bénin. Il faut à tout prix le mettre sur les rails.
Le peuple béninois vous a vu remettre au chef de l’Etat, il y a quelques mois de cela, un bocal contenant l’or noir. Est-ce que nous pouvons continuer à espérer que nous avons du pétrole dans notre sous-sol ?
C’est une question qui est quand même la bienvenue. C’est le directeur résident de la société Sapétro qui a fait son puits et qui nous a prouvés l’existence du pétrole sur le champ pétrolifère de Sèmè. Je pense que tout Béninois doit être conscient que nous avons du pétrole au Bénin. Ça c’est clair. J’ai l’habitude de le dire. Le champ pétrolifère de Sèmè a été fermé dans les années 90 non pas par épuisement de la ressource. Non, mais simplement à cause de certaines difficultés de gestion et notamment à cause de la baisse du coût du baril du pétrole. Et nous savons très bien qu’il y a du pétrole mais c’est où le localiser, on n’aurait pas eu besoin de ces compagnies-là. La société qui a la concession de ce bloc a fait son forage et nous a prouvé l’existence du pétrole à cette étape. Nous avions prouvé que c’était des puits de meilleures caractéristiques par rapport aux puits qu’on a connus pendant qu’on était en phase de production de 1982 à 1988. La complexité de la recherche pétrolifère fait qu’il faut être très sérieux dans les études. Après avoir prouvé l’existence de la ressource, il faut bien évaluer la réserve. Et actuellement, cette compagnie est sous notre contrôle et est en train d’évaluer ces réserves. D’après le chronogramme qui nous est soumis, c’est qu’ici 2010, ils pourront dire exactement la quantité à laquelle nous pouvons accéder sur ce bloc et commercialiser. C’est pour cela que je demande à tous les Béninois d’être patients mais de croire effectivement que nous allons produire du pétrole. Le Ghana qui va entrer en production dès 2011 a fait des découvertes depuis 2006. Ça fait combien d’années ? Pourtant aucun Ghanéen n’est jamais venu contester l’existence du pétrole.
Quelle sera la durée du symposium et quel intérêt accordez-vous aux autres produits miniers du Bénin ?
Le symposium va durer du 17 au 19 novembre. Le 19 au soir, beaucoup de participants vont commencer à partir. Quant à l’intérêt que le ministère accorde au secteur minier, je pense que si vous avez l’impression qu’on accorde de l’importance aux hydrocarbures, c’est parce que c’est un produit stratégique à tout moment. Lorsqu’il y a pénurie d’or, vous ne sentez pas mais quand il y a pénurie du pétrole, tout de suite, vous le ressentez. C’est parce que c’est un produit stratégique que vous avez l’impression qu’on s’en occupe plus que les autres secteurs, non ? la preuve, nous avons plus le permis de recherches et d’exploitations de mine que le permis de recherche et d’exploitation du pétrole. Si je dois citer les titres miniers en possession de certaines compagnies, ça fait à peu près une cinquantaine qui s’active et que nous poussons tout le temps pour nous dire où sont les différents filons de miniers précieux.
Réalisation : Benoît Mètonou
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